Chapitre 22

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Nora

« Tu as l'air encore plus perdu dans tes pensées ».

Je me massa le ventre et me leva en vacillant. Morgan me tînt le bras.

« Tu es sûr que ça va ? ».

Je commençais à avoir la tête qui tourne et des nausées, je n'aurai peut-être pas dû me forcer à boire autre chose que du sang, mes crampes d'estomac s'intensifiaient.

« Je crois que je vais vomir ».

Les quelques prochaines minutes, Morgan m'avait ramené dans ma chambre et je m'étais précipitée aux toilettes où j'avais vomi. C'était foutrement douloureux tout ce liquide que j'avais bu, pas étonnant qu'on ne boive du sang quand on rejetait tout le reste de notre organisme. Morgan me tînt les cheveux au dessus de ma tête mais quelques minutes plus tard, j'entendis des pas et des portes se claquer. Je me leva difficilement, j'avais l'impression de ne pas pouvoir tenir sur mes jambes, quelqu'un me souleva et je me laissa faire, on m'allongea sur mon lit et je ferma les yeux, heureuse d'être enfin allongée tranquillement. Seigneur ce que c'était apaisant d'être ici, je n'avais plus envie de bouger. J'entendis des voix qui semblaient déjà lointaines et cette fois-ci je m'endormis vraiment.

J'ouvris les yeux face à une pièce qui s'était teintée de sang écarlate, l'odeur m'inondait les narines, je n'étais plus dans l'hotel mais dans ma chambre, ma vraie chambre, je me leva doucement, repoussant les draps blancs immaculés de taches rouges, je posa mes pieds nus sur le parquet qui gonflait déjà à cause de ce liquide dont je ne pouvais plus voir la couleur. Mes rideaux étaient ouverts et pourtant il faisait sombre. Je me leva, anxieuse, effrayée et quitta ma chambre avec précipitation. Peut-être que tout ça n'était qu'un rêve, je sentis une odeur de fumée et dévala les escaliers pour trouver mon père en train de siroter sa tasse de sang et de lire le journal comme chaque matin, tandis que maman préparait le petit déjeunée pour Alice, je me demandais toujours ce qu'elle allait faire de ses matinées quand elle n'aurait plus besoin de le faire, mais je ne m'inquiétais pas de ses occupations, elle adorait un tas d'autres choses, je suis sûr que sa prochaine activité serait le jardinage.

J'ouvris la bouche mais aucun son ne sortit, j'observa la vitre qui était en train de se fissurer petit à petit, je voulus interpeller mon père mais il ne bougeait plus, il était toujours assit, il arborait toujours son air à moitié mécontent de me voir me lever aussi tard, maman était en train de laisser cramer les œufs sur la poêle. J'essayais de les appeler, mais au lieu de ma voix, il n'y avait que des rires qui sortaient, ce n'était pas les miens, le sol se mit à cramer et à devenir noir, comme le ciel à travers la vitre. Le journal de papa se mit à brûler et alors que maman me souriait, son visage se remplissait de larme et sa gorge commençait à saigner, j'accouru vers eux, mais il y eu comme une fumée noire, je toussa plusieurs fois, et je vis mon père débout, larmoyants. Je ne l'avais jamais vu pleurer, je ne l'avais jamais vu aussi vulnérable, j'esquissa un pas dans sa direction alors que tout autour de nous, l'obscurité nous engloutissait. Mais il ouvrit la bouche avant de la refermer, du sang coulait de tous les orifices de son visage, et d'un mouvement sa tête quitta son corps. J'avais beau essayer de l'atteindre, je n'avançais pas. J'étais horrifiée, je me tîns la tête et me boucha les oreilles et ferma les yeux, je ne voulais plus rien voir ni entendre, ce que je venais de voir était irréel.

Je m'arrêta, cherchant une issue de tous les côtés, mais il n'y avait rien, tout était si noir, j'étais enfermée, je ne pouvais plus respirer. J'entendis une petite voix, je la reconnaitrais entre mille, je courus vers celle-ci, mon seul espoir. Je me retrouva à l'extérieur de la maison et je m'arrêta devant le spectacle macabre de ma maison en flamme. J'entendais toujours les rires derrière moi et je voulus me percer les tympans, je n'arrivais pas à les faire taire.

Crocs contre crocsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant