Chapitre 30

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 Je me traîne du mieux que je peux jusqu'à un arbre pour m'y adosser. Finalement, l'arrière de mon corps est la seule partie qui n'a pas été entaillée et qui a été épargnée par la veine de Vénus et l'aconit tue-loup. Tout le reste y a eu droit, mais ce qui me fait le plus souffrir quand je bouge c'est mes jambes et mon ventre. Même si mes vêtements ont été coupés ou déchirés en même temps que ma peau, le frottement de ceux-ci sur mes plaies est juste insupportable.

J'essaie de respirer plus doucement pour souffrir un peu moins de la gorge mais ça ne change pas grand chose. Je n'ai même plus l'impression d'être un hybride, c'est comme si je n'étais qu'une humaine et qu'il allait me falloir des jours voire des semaines pour me remettre de mes blessures. Je ferme les yeux et essaie de me vider l'esprit. J'ai aussi mal à la tête, la sorcière, bien que d'apparence mignonne et inoffensive, sait y faire pour faire souffrir les créatures surnaturelles. Elle m'a fait exploser tellement de neurones, je sous-estimais vraiment cette souffrance quand je regardais Vampire Diaries.

Perdue dans mes pensées, je suis surprise par des bruits de pas qui viennent à toute vitesse vers moi, accompagnés par une respiration saccadée. Quelqu'un est en train de courir vers moi, essoufflé. C'est peut-être Elijah, qui revient avec du sang pour me requinquer un peu, mais ça peut être aussi la loup-garou qui a orchestré ma séance de torture et mon meurtre. Entre le vent et mon mal de tête, je n'arrive même pas à savoir de quel côté ça vient.

Quand enfin la personne en question arrive devant moi, un immense soulagement me traverse toute entière. J'oublie que c'est plus ou moins sa faute tout ça, j'oublie tout le mal qu'il a pu faire. Je suis juste heureuse de le revoir.

— Klaus... sangloté-je.

— Où sont-ils? demande-t-il toujours debout en face de moi.

Son visage est déformé par la colère, la rage, mais j'ai l'impression que c'est différent de d'habitude. Il a aussi l'air tellement ému, soulagé, triste, tout un mélange d'émotions peut se lire à travers ses yeux humides tout comme ses joues.

— Où sont ceux qui t'ont fait ça? répète-t-il. Ils sont tous morts? Je vais les envoyer directement en enfer.

— Il-Il en reste une... Elle est partie mais...

— Je vais la... commence-t-il en se détournant de moi.

— Nan! Je t'en supplie, ne me laisse pas seule, pleuré-je.

Il s'arrête un moment et finit par céder. Il se retourne vers moi et vient s'agenouiller près de moi pour me serrer contre lui. Même si ça me fait mal, j'inspire à plein poumon pour sentir à fond son odeur et j'embrasse la peau douce de son cou.

— J'ai eu si peur pour toi, avoué-je.

— Pourquoi pour moi? m'interroge-t-il.

Il tient délicatement mon visage, me fait un bisou sur le front qui veut dire tellement pour moi, et me regarde intensément de ses yeux bleus.

— C'est toi qui avais des problèmes, pas moi, dit-il.

— Je sais mais... Hum hum, me raclé-je doucement la gorge pour arriver à parler clairement. J'ai eu peur que tu pètes les plombs en voyant les photos.

Il caresse doucement ma joue avec son pouce et me regarde si profondément. J'ai l'impression qu'en ce moment il peut lire en moi et que je peux lire en lui également. C'est comme si on était liés, comme si on ne faisait plus qu'un.

— Tu es vraiment exceptionnelle, finit-il par dire.

— Je sais, tu me l'as déjà dit, rigolé-je.

Le journal de AiméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant