Chapitre 44

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Vitali vint chercher Ali dans la matinée. Elle était restée auprès d'Elio durant tout ce temps. L'effet du somnifère avait cessé quelques heures plus tôt. Ali le trouvait en meilleure forme. 

Elle lui avait raconté son entrevue avec le directeur. Il n'avait rien répondu mais cela se voyait qu'il s'inquiétait. Son oncle allait être présent et aucun des deux ne le portaient dans son cœur.

Alors que Vitali et Ali s'apprêtaient à quitter l'infirmerie, Elio interpela le représentant.

- J'aurai quelque chose à vous demander.

Les épaules de Vitali se contractèrent. Son visage se crispa davantage.

- Je répondrai à tes questions mais je ne suis pas sûr que tu y trouves du réconfort, finit par lui lâcher le représentant.

Ali n'avait aucune idée de ce dont ils pouvaient parler. Elle fut quelque peu vexée qu'Elio lui cache des choses et que Vitali y soit mêlé. Cependant, elle n'avait pas le temps d'approfondir cela car le représentant s'était déjà éloigné. 

Ils sortirent de l'enceinte de l'Académie pour se rendre sur le pont d'embarquement du canal.

- Nous ne nous rendons pas à la Citadelle mais au siège du Conseil, précisa Vitali. Le directeur sera déjà présent.

Ce serait la première fois qu'Ali se rendrait là-bas. Comme pour la Citadelle, le siège du Conseil n'était accessible que par le réseau de canaux. En effet, en arrivant devant le bâtiment, Ali fut surprise de voir qu'il se situait sur une ile au milieu d'un des canaux. Aucun pont ne semblait relier le reste de la ville au bâtiment de pierres noires. En y regardant de plus près, elle remarqua que la pierre miroitait légèrement. Quatre hautes tours entouraient le bâtiment principal avec une végétation assez luxuriante qui entourait le tout.

La grille bloquant l'entrée se leva pour les laisser passer. Ali ressentait de plus en plus une sensation d'oppression tandis qu'ils passaient dans un tunnel. Des flammes vertes brulaient et se reflétaient dans la roche noire. Très peu de lumière réussissait à passer aux travers de fines ouvertures. Le canal s'arrêtait au sein d'une immense cour dans laquelle des gardes vinrent à leur rencontre pour les mener dans une sorte de salon d'attente.

- Les conseillers vont bientôt vous recevoir. Veuillez patienter ici.

Vitali se laissa tomber sur un fauteuil à l'allure confortable. Ali, quant à elle, était trop tendue pour s'assoir. Elle passa machinalement la main dans ses cheveux, regrettant sa tresse qu'elle avait l'habitude de triturer pour se calmer.

- Comment faites-vous pour paraitre aussi calme ? se désola Ali en s'adressant à Vitali.

- Je n'ai aucun contrôle sur cette situation, ni assez d'information. Le mieux pour l'instant est d'analyser et ensuite d'agir en fonction. Tout dépendra de cette entrevue.

Il réfléchissait vraiment comme un mage guerrier. Il l'impressionnait toujours autant. Elle avait beau imaginer les différents scénarios, aucun ne finissait comme elle l'aurait voulu.

On vint enfin leur annoncer que le Conseil allait les recevoir. Ali et le représentant pénétrèrent dans une salle qui devait servir de lieu de grand rassemblement. Si leur but était de la faire se sentir toute petite, c'était réussi. Le haut plafond en voute d'obsidienne paraissait comme infini. Elle devait être la seule salle à contenir des vitraux qui laissaient passer quelques rayons de lumière rouge, jaune et verte qui se reflétaient sur le marbre du sol.

Tout au fond se dressaient les sept conseillers. Ali reconnut sans mal Ignacio Pandore ainsi que le haut conseiller Arthur Ostrate. Sept sièges se trouvaient disposés sur une estrade en face. Cela ressemblait étrangement à une salle du trône. Ali put les voir s'assoir sur chacun des sièges. Était également présent le directeur qui resta debout sur l'estrade. Ali croisa le regard de Jostein et sentit son anxiété diminuer. Au lieu de le rejoindre sur l'estrade, Vitali resta aux côtés de la jeune fille qui lui en fut reconnaissante.

- Bien, la séance peut commencer.

La voix grave du haut conseiller résonna dans toute la salle. Un conseiller se leva et se racla la gorge.

- Je vais vous rappeler les raisons de votre présence ici. Jeune recrue Ali Dalma, vous avez été appelé à comparaitre devant nous aux vues de vos étranges capacités. Il nous a été rapporté que votre magie ne semblait pas vous atteindre comme nos mages habituellement. De plus votre mère serait originaire d'un peuple aux mêmes capacités que les alliés de nos ennemis. L'Académie se retrouve coupable d'avoir caché votre pouvoir au Conseil. Niez-vous cela mademoiselle Dalma ?

- Je ne nie pas monsieur. Mais ...

- Et lors de la dernière bataille, vous avez perdu le contrôle de votre magie ?

- Pas volontairement mais je ...

Ignacio Pandore se tourna vers Ostrate.

- Nous avons la preuve que l'Académie nous cache des choses et pas des moindres, entre cette histoire et celles des élèves disparus.

Ali lui lança un regard noir.

- Je ne peux plus fermer les yeux Erwin, intervint le haut conseiller.

- Attendez ! Vous vous trompez !

Ali s'était avancée pour parler. Tout le monde la dévisagea.

- C'est ce que j'essayais de vous dire depuis le début. Le directeur ainsi que les représentants n'étaient au courant de rien. C'est moi qui leur ai caché mes capacités.

Jostein eut l'air de vouloir stopper Ali mais Vitali l'en empêcha. Elle l'entendit murmurer.

- Elle a pris sa décision.

Ali continua.

- Lors du Test, j'ai remarqué que la mage avait des difficultés alors j'ai tout simplement mimé une énorme fatigue. Pour tout le monde j'étais juste une élève douée. Je suis la seule coupable de n'avoir rien dit.

La jeune fille espérait que cela passerait. Elle avait préparé son mensonge depuis son arrivée. Elle ne pouvait pas laisser tomber Jostein et les représentants comme cela.

- Erwin, vous confirmez ? demanda Ostrate.

- Oui je confirme.

Ali savait bien qu'il avait dit cela à contre-cœur. Mais il était trop tard, elle avait gagné. Enfin pas pour longtemps ...

- Très bien. Par conséquent, nous avons décidé de suspendre temporairement l'autorisation de combattre d'Ali Dalma. Vous resterez à la Citadelle jusqu'à ce que nous décidions si vous constituez une menace pour l'Ismanie ou non.

Ali était atterrée.

- Mais je suis sous contrat ! Il m'est impossible de faire quelque chose allant contre le bien de l'Ismanie.

- Oui volontairement, mais votre magie vous échappe, vous ne la contrôlez pas. Dorénavant vous resterez sous bonne garde.

Et voilà qu'Ali se retrouvait loin des combats. Elle comprenait maintenant la frustration de Vitali. Mais peut-être que cette pause allait être bénéfique pour elle et sa magie.

Le représentant et Ali se dirigèrent pour rejoindre le directeur tandis que les autres conseillers quittaient la salle. Ils eurent à peine l'occasion de l'approcher que Jostein fut pris à part par Ignacio Pandore. L'oncle d'Elio ne devait rien avoir à cacher car ce fut d'une voix bien intelligible qu'il lui parla.

- Sachez qu'Arthur ne vous protègera plus désormais. Il a passé l'éponge cette fois encore mais votre temps est compté Jostein.

Le directeur garda son aplomb.

- L'Académie gardera toujours son indépendance. Certes, elle dépend du Conseil sur certains sujets mais vous ne me dicterez pas comment la diriger. Sur-ce, je vous laisse.

Les relations entre l'Académie et le Conseil semblaient plus que houleuse. Ali s'en voulut mais elle croyait toujours que sa décision restait la bonne.


L'Académie Des MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant