L'Académie Des Mages

Chapitre 21

On pouvait sentir comme une excitation parmi les élèves. Enfin surtout chez les plus âgés remarqua Ali. En effet, aujourd'hui se tenaient les fameuses sélections pour la spécialisation guerrière. 

Elio lui en avait un peu expliqué le principe. Il y avait évidemment des épreuves écrites comme pour toutes les spécialisations mais seule la filière martiale requérait une épreuve physique. Elle se découpait en deux parties : un combat à l'épée qui laissait place à un combat magique. Ceux qui échouaient pouvaient choisir de se réorienter dans une autre spécialisation ou bien de redoubler leur année pour retenter les sélections. 

C'était un véritable évènement à l'Académie car les élèves avaient le droit d'assister aux fameuses épreuves. Ali avait elle aussi hâte de voir ces combats qui devaient être bien différents de ceux qu'elle avait pu voir aux entrainements.

Louise et elle se dirigèrent vers l'arène. Cela faisait deux mois qu'ils avaient fermé le tunnel. Plus aucune tentative de pénétrer au sein de l'école n'avait eu lieu. Les kidnappeurs de novice semblaient avoir disparu de la circulation, les enlèvements en ville s'étant stoppés d'un coup. Tout était revenu à la normale.

Enfin, presque. Ali avait toujours ses cours avec les représentants, même s'ils se faisaient rares. Elle pouffa en se remémorant celui qu'elle avait eu avec Léon Bost. Il avait voulu tester ses connaissances en architecture magique, et voyant qu'elle en ignorait tout, s'était mis à lui faire un cours magistral sur comment élever une tour qui n'aurait jamais tenue debout sans magie. Ali s'était endormie au bout de dix minutes de son charabia. Bost ne l'avait pas remarqué et ce n'est que grâce à la cloche des vingt-et-une heures qu'elle s'était réveillée, beaucoup trop contente de pourvoir partir.

Elle avait aussi revu Vitali qui lui donnait des exercices pour tenter de mieux contrôler sa magie, ce qui n'était pas encore gagné.

La seule qui ne lui avait pas encore fait de cours était Alma Luisa, la représentante des guérisseurs. Elle paraissait beaucoup plus discrète et effacée que ces collègues alors Ali ne savait pas si elle devait être enthousiaste ou non.

La salle ronde dédiée aux combats magiques était pleine de monde. Un joyeux brouhaha y régnait. Les deux jeunes filles trouvèrent une place le plus près possible du cercle central, prêtes à encourager Elio.

- Je ne l'ai jamais vu se battre, dit Louise. Tu penses qu'il va réussir ?

- Je n'ai pas le moindre doute ! répondit Ali. Si j'ai bien compris, il ne suffit pas de gagner le combat. Il faut aussi faire preuve d'ingéniosité et de stratégie. Je ne m'inquiète pas pour lui.

Ali vit qu'une partie des gradins était réservée pour ce qu'elle supposa être le jury. Elle repéra Vitali et Jostein bien évidemment mais aussi d'autres mages guerriers dont Mercutio. Une fois l'arène bien remplie, Vitali se leva.

- Je rappelle à nos participants qu'ils ne sont pas là pour divertir mais bien pour montrer leurs capacités à se battre, à anticiper et à gérer leur magie. Aucune blessure volontaire ne sera tolérée. Le but est de désarmer l'adversaire ou de lui faire déclarer forfait. La magie est interdite lors de la première épreuve.

Les élèves regroupés au centre de l'arène acquiescèrent tous. Ali entraperçut Elio. Il avait un air confiant, une épée accrochée à la taille. Elle tiqua à la vue d'un médaillon autour de son cou. Elle crut y voir les armoiries des Pandore, chose étonnante vu le peu d'estime qu'il avait pour sa famille. Peut-être était-ce son porte-bonheur.

Tout le monde se mit à les applaudir comme des champions. Vitali avait beau dire, cela restait tout de même un spectacle.

La première partie de l'épreuve n'était pas la plus impressionnante. La plupart des combats se déroulèrent rapidement sauf pour deux élèves dont aucun ne sembla vouloir prendre l'avantage. Le jury dut y mettre fin lui-même, faute de vainqueur.

Ce fut enfin au tour d'Elio. Son adversaire se prénommait Mathias. Ali se rappela que c'était lui qui avait mis le feu à une corbeille de papier. Elle se dit qu'il devait être assez stupide. Il lui rappelait fortement Thomas. A ne jamais tenir en place, toujours une idée derrière la tête. Il avait d'ailleurs la même carrure que lui, comme s'il portait des sacs de farine tous les jours. Il avait peut-être la force mais il en fallait plus pour vaincre Elio, Ali en était sûre.

Les deux jeunes hommes prirent place l'un en face de l'autre. Le début du combat sonna.

Alors que personne ne s'y attendait, Mathias attaqua en premier. Il n'était pas si stupide que ça finalement. Cela prit Elio par surprise qui para comme il put. Mais la force qu'avait mis son adversaire le fit trébucher. Cela commençait mal. Elio dut sentir qu'il n'était pas en position pour riposter. Il fit un saut en arrière pour retrouver sa position de défense.

Après s'être pris plusieurs coups de la part de Mathias, il commença enfin à contre-attaquer. Ses mouvements étaient fluides, comme si son épée ne pesait rien dans ses mains. Même si les assauts de l'autre combattant le faisaient toujours vaciller, il ne perdait plus de terrain.

Petit à petit, il réussit à briser sa défense. Sentant la menace arriver, Mathias recula à son tour. Le moindre pas en arrière de sa part, Elio en faisait un en avant.

Voyant qu'il avait l'avantage, Elio en profita pour tenter une manœuvre de désarmement. Mais Mathias devait être très bien entrainé lui aussi et il riposta de façon appropriée.

Cela ne découragea pas le jeune Pandore qui d'un coup fit tourner son épée à terre, soulevant un voile de poussière. L'adversaire tenta encore une fois sauter. Elio fut plus rapide et profita du mouvement pour asséner un coup de pommeau sur son torse. Trop lent pour retrouver son équilibre, Mathias tomba, l'épée d'Elio sous le menton.

Tout le monde retenait son souffle dont Ali. Puis des applaudissements retentirent dans toutes l'arène. Elio était vainqueur. On voyait bien qu'il n'arrivait pas à se retenir de sourire alors qu'il aidait Mathias à se relever. Ses yeux bleus brillaient de joie.

Ils laissèrent leur place aux combattants suivant.

- Il faut qu'on aille le féliciter, proposa Louise.

- Je ne suis pas sûre qu'ils nous laissent entrer.

- Oh allez, au moins l'encourager pour le deuxième combat.

- D'accord, mais si on se fait rabrouer, je dirai que c'est ta faute, la taquina Ali.

- Aucun problème.

Elles se frayèrent un chemin entre les gradins bondés pour rejoindre la salle principale où les élèves se préparaient. Personne ne leur accorda un regard, tous étant très concentrés. Elio était en train d'enlever son plastron de cuir quand il les aperçut.

- Tu m'as vraiment impressionnée ! s'exclama Louise. Ton combat était le plus beau à voir !

Elio rougit sous le compliment.

- On va dire que mes années d'entrainement ont porté leurs fruits.

- Tu aurais pu gagner plus vite si tu avais attaqué en premier, remarqua Ali.

- Ce n'est justement en n'attaquant pas en premier que j'ai pu analyser comment se battait mon adversaire. A t'entendre, tu foncerais toujours dans le tas.

- Je suis sûre que ça a des avantages aussi, bougonna Ali.

Un surveillant qu'ils n'avaient pas vu jusqu'alors se racla la gorge, signe qu'il était temps pour les filles de partir.

- Bon courage pour la suite ! lui souhaita Louise.

Il leur fit un signe de la main et retourna se préparer. C'était furtif mais Ali vit bien que son air était inquiet. Il avait donc moins confiance en ses capacités magiques ? C'était pourtant le major de sa promotion. Ce fut donc avec plus d'appréhension qu'elle entendit Elio et son prochain adversaire se faire appeler dans l'arène.