L'Académie Des Mages

Chapitre 38

- Maintenant que les renforts peuvent passer la frontière, la vraie guerre va enfin pouvoir commencer, leur dit Elio.

Il dut malheureusement les laisser pour rejoindre son nouveau régiment, le numéro trois, tandis qu'Ali, Ambroise et Tina restaient avec Quinto. Encore une fois, Ali sentit des yeux se tourner sur son passage. Tina tenta de dédramatiser la situation.

- Ne fais pas attention à ces arriérés. Ils n'ont surement jamais vu de femmes guerrières avant.

Et encore moins de femmes guerrières avec la même tête que l'ennemi pensa Ali. Elle marcha fièrement entre les tentes, refusant de se laisser abattre pour ça. Ils se séparèrent, Ambroise ayant une tente à part. On leur expliqua que chaque « quartier » du camp correspondait à un régiment. Dans leur cas, on leur indiqua le numéro sept, dirigé par Quinto.

- Pourquoi ce ne sont pas des mages à la tête des régiments ? questionna Ali.

- Tu n'as qu'à le demander au Conseil, répondit un peu brusquement Tina.

Elle soupira, se rendant compte de sa réaction.

- Excuse-moi, c'est juste que ça me lasse, se justifia-t-elle. Effectivement, beaucoup de mages doués en stratégie pourraient diriger des régiments mais comme toujours, le Conseil préfère nous séparer de tout ce qui peut se rapprocher des postes de commande.

- Mais les généraux alors ?

- Ils sont les seuls à en avoir le droit. Nous sommes trop peu pour avoir un poids dans la balance. Tant que le Conseil ne l'a pas décidé, les généraux devront rester à la Citadelle.

- Ils sont stupides, s'indigna Ali. S'ils sont les plus forts, ils devraient les mobiliser !

- Ils ont peur. Ils veulent qu'ils restent près d'eux au cas où.

Le son d'un cor se fit entendre.

- Je pense que c'est l'heure du repas, signala Tina. Allez.

Elles allèrent faire la queue et furent rejoint par Ambroise.

- Tu cherches Elio ? demanda-t-il après avoir remarqué qu'Ali tournait sa tête dans toutes les directions.

- Oui mais je me doute bien qu'il doit être dans le quartier de son régiment. C'est frustrant, je l'ai à peine vu qu'il part déjà.

- Tu le connais depuis longtemps ?

- Depuis mes douze ans. Avec Louise, il était mon seul soutien à l'Académie.

- Tu oublies de compter Vitali.

Ali rougit en repensant au représentant. La sensation du contact de ses lèvres sur sa joue faisait encore battre son cœur violemment. Ce qu'elle pouvait être faible pensa Ali. 

Une fois son ventre rempli, la jeune guerrière décida de se promener dans le camp. Tina insista pour qu'Ambroise l'accompagne. Ali souffla. Elle n'avait pas besoin d'un chaperon.

- Tu devrais écouter Tina, lui dit son ami une fois éloignés. Une jeune fille seule, tu risques de te faire embêter

- Ambroise, tu te souviens quand je t'ai battu aux sélections ? Ou encore du fait que je sois mage et guerrière ? Alors tu peux te taire s'il te plait.

- Tu me fais penser à Louise quand tu parles comme ça, rigola-t-il.

Ils firent le tour de leur quartier en discutant tranquillement. Alors qu'ils passaient devant une tente, une voix s'éleva.

- Eh ma jolie, tu veux bien laisser ton copain et venir dans ma tente ?

Les trois hommes derrières lui rigolèrent grassement. Ambroise regarda Ali avec un air de je te l'avais bien dit. Ali n'en fut qu'encore plus énervée. Ces idiots lui rappelaient Damien et sa bande d'imbéciles. Elle ne pouvait pas laisser passer ça, sinon jamais ils ne la respecteraient.

- Pousse-toi Ambroise, ordonna-t-elle.

- Oh non Ali, qu'est-ce que tu vas encore faire ? se lamenta-t-il.

Les hommes s'esclaffèrent encore plus fort. Le premier à avoir fait la remarque se retrouva subitement la tête dans la boue et fut rapidement suivi par les trois autres. Toujours en colère, Ali continua d'utiliser sa magie pour les garder cloués au sol. Puis elle la relâcha cinq minutes pour leur laisser le temps de se relever. Ils sortirent leur épée de concert. Mal leur en pris car elle fit usage de la technique de Tina et les quatre armes se retrouvèrent en sa possession. Des soldats aux alentours, ayant entendu leur vacarme, regardaient la scène avec hilarité. Ali jubilait. Sa magie s'en donnait à cœur joie.

- Ça suffit !

Tout le monde se mis au garde à vous devant l'homme qui venait d'apparaitre. Ali ne put que suivre le mouvement.

- Vous, avec moi, lança-t-il à Ali.

Oh non. Elle allait avoir des ennuis le premier jour de son arrivée. Mais elle ne regrettait aucunement son action. Ils l'avaient mérité. Elle observa mieux le haut gradé qui était intervenu. Son visage de marbre ne laissait transparaitre aucune émotion. Elle remarqua un insigne de capitaine. Il l'emmena dans ce qu'elle supposa être la tente de commandement.

- Expliquez-moi comment vous vous êtes retrouvée à faire usage de la magie sur nos propres soldats ? commença-t-il brusquement.

- Oui capitaine. Ils m'ont manqué de respect en insinuant que je devais les rejoindre dans leur tente pour ... certaines faveurs. Je leur ai alors montré que je n'étais pas là pour ça.

L'homme se laissa aller contre le dossier d'une chaise avec un air mi-sérieux mi-blasé.

- Il est vrai qu'ils n'ont pas l'habitude de voir des femmes dans le camp pour ... hum ... autre chose. Mais cela n'excuse pas leur comportement. Et le vôtre non plus. Comment vous appelez-vous ?

- Ali Dalma capitaine. Je suis une nouvelle recrue.

- Je ne doute pas que vous souhaitez faire vos preuves. Mais que cela reste sur le champ de bataille. Je vous mets seulement un avertissement. L'événement sera cependant rapporté au commandant. Que cela ne se reproduise pas.

- Oui capitaine.

Elle sortit de la tente soulagée. Cela aurait pu être pire. Qu'allait-elle dire à Tina ? Elle retrouva Ambroise qui l'attendait juste à côté.

- Je t'aurais prévenu, lui dit-il.

- J'aimerai bien que tu sois à ma place pour voir. Ce n'est pas facile de se contrôler quand on est tout le temps rabaissé.

- Mais tu es tout le temps en colère Ali ! Tu ne t'en rends pas compte mais tu dégaines ta magie plus vite que n'importe qui.

Ali le regarda avec des grands yeux. Elle n'y avait pas prêté attention mais plus elle y pensait plus elle voyait de la vérité dans les propos d'Ambroise. A chaque fois qu'une émotion forte la prenait, sa magie réagissait d'elle-même. La laisser sortir la soulageait. Elle avait l'impression que sa magie prenait petit à petit le contrôle de sa vie.