Chapitre 9

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La grisaille de la nuit avait perduré au matin, tout aussi bien dans le ciel que dans l'humeur générale. Il n'y avait toujours aucun signe de Mirio. Les cours reprirent normalement. 

Ali décida de sauter sa pause du midi pour aller voir le directeur. Elle se rendit dans l'aile gauche en espérant le trouver dans son bureau. En arrivant à quelques pas de la porte, elle entendit des éclats de voix. Sa curiosité prit le dessus et la poussa à tendre discrètement l'oreille. Elle reconnut facilement la voix d'Erwin Jostein et d'Oscar Vitali. Elle identifia également celle de Léon Bost, le représentant de la spécialisation de l'élève disparu. La quatrième voix, quant à elle, lui était inconnue.

- Vous n'avez aucun droit dans ce lieu ! s'époumonait Bost.

- C'est pourtant tout le contraire. Le Conseil estime qu'il peut tout à fait agir sur les affaires de l'Académie, surtout quand cela le met en danger.

La voix avait parlé d'un ton doucereux presque condescendant.

- Cette histoire de disparition ne nous plait pas. L'idée qu'un apprenti mage n'ayant pas encore signé son contrat court dans les rues pose problème.

- Ah ! La vieille peur du Conseil, les mages libres. Sachez qu'ils n'existent plus depuis longtemps.

C'était Vitali qui avait pris la parole de son ton posé et sûr de lui.

- Mais c'est parce que vous êtes encore jeune, cher mage guerrier. Comment un homme de vingt-deux ans peut-il prétendre connaitre le monde ? Le danger vient surtout d'ailleurs. Notre puissance magique est très convoitée par nos voisins.

- Cela suffit, il n'y aucune preuve que Mirio ait été enlevé par un autre pays, coupa Jostein. Nous continuerons l'enquête et nous attendons toute l'aide possible de la part du Conseil.

- Bien évidemment, répondit l'inconnu. Je vous laisse réfléchir à notre conversation. Je vais profiter de ma présence ici pour rendre visite à mon neveu.

Ali entendit des bruits de chaises et de mouvements à travers la porte. Elle se décala et fit comme si elle venait à peine d'arriver. 

L'homme du Conseil sortit en premier et ce fut avec choc qu'Ali remarqua la ressemblance frappante entre cet individu et Elio. Ils avaient le même visage aux yeux bleu brillant ainsi que des cheveux ondulés tombant sur le visage. La seule différence résidait dans les quelques ridules présentes sur son front, signe de son âge plus avancé. En l'apercevant, il lui fit le même sourire de travers qu'Elio mais dépourvu de toute chaleur. Ali étouffa l'exclamation qui allait sortir de sa gorge et lui sourit faussement en retour. 

Bost et Vitali sortirent à leur tour et ne firent même pas attention à sa présence tant ils avaient l'air contrarié. Ali hésita à rentrer. Ce n'était peut-être pas le bon moment. Mais Jostein apparut sur le pas de la porte. Il ne parut pas étonné de la présence d'Ali et l'invita à entrer.

- Excuse-moi de mon absence de ces derniers jours, Ali. Comme tu as pu le voir, l'Académie est dans une passe assez exceptionnelle.

- Ce n'est pas grave monsieur. Je suis venue m'excuser pour la dernière fois. Je n'aurai pas dû m'emporter comme ça.

- Et moi je me rends compte que je ne peux pas non plus t'obliger de nouveau à faire quelque chose contre ta volonté. Il vaut mieux que tu restes discrète en ce moment. Je ne sais pas si tu l'as remarqué lorsqu'il est sorti de mon bureau mais Ignacio Pandore, un des plus proche du Haut Conseiller, est présent. Or, le Conseil ignore tout de ta magie et j'aimerai qu'il en reste ainsi.

L'Académie Des MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant