PROLOGUE

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Musique : Keala Settle & The Greatest Showman - This is me


Avril 2021

Le jeune homme leva la tête vers l'écriteau du bâtiment puis regarda son ami, quelque peu perdu.

— Tu es vraiment sûr que c'est là ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

Alors que Maël était sur le point de faire demi-tour, Hugo hocha la tête.

— C'est ici oui, répondit ce dernier en regardant malgré lui pour la quatrième fois les coordonnées sur son petit bout de papier.

— Je ne sais pas, j'aurais pensé à quelque chose de plus...

Hugo rigola avant de poser son coude sur l'épaule du plus foncé.

— Impressionnant ? compléta son ami.

Maël rit à son tour puis après avoir pris une bonne inspiration, s'approcha de la porte. Tout en poussant cette dernière, il fit un pas en avant et l'expression de son visage changea soudainement. À mi-chemin entre l'émerveillement et l'incompréhension, il promena son regard sur le couloir à des lieux de l'aspect délabré de l'extérieur.

En effet, l'intérieur était chaleureux, classe et épuré.

— Oh bah ça alors !

— Alors, elle t'en bouche un coin hein ? sourit Hugo en tapotant l'épaule du jeune homme.

Le mot était faible. C'était tellement surprenant et inattendu que Maël eut envie de se frotter les yeux.

— Fais chier, vous m'avez bien eu Zélie et toi, lâcha-t-il en secouant légèrement la tête.

— Et attends de voir son exposition, mec ! Zélie a réussi. Elle a enfin atteint son objectif. La chenille qui a toujours été un papillon s'est transformée en septième merveille du monde.

Avec une assurance que Maël ne lui connaissait pas, son ami se dirigea vers le fond du couloir.

Tous deux s'étaient habillés pour l'événement. Le plus âgé portait comme toujours une tenue légèrement rock tandis que Hugo avait opté pour un style plus dandy cassé par une casquette gavroche.

Tout en allongeant ses pas pour rejoindre son camarade, le brun passa à son tour le pas de porte principal et son souffle lui fut aussitôt ôté en même temps que la lumière s'éteignit, car en face de lui se trouvaient trois portraits fluorescents qui trônaient fièrement sur un mur gigantesque.

Il y avait tout d'abord un garçon aux cheveux quasiment frisés, le visage recouvert de tâches de rousseurs, qui souriait comme si on venait de lui annoncer la plus grande nouvelle de sa vie.

Il y avait ensuite une jeune fille brune à l'allure d'un garçon manqué qui faisait un clin d'œil et tirait la langue en même temps. Son assurance, plus qu'impressionnante, la rendait tout simplement sublime.

Puis à gauche de l'œuvre d'art géante se trouvait un garçon aux cheveux sombres et au regard bleu azur. Avec une touche de rébellion dans ses iris parfaitement travaillées, il semblait fixer l'objectif comme pour lui dire : ouais c'est moi, l'inimitable Maël Weber, celui pour qui toutes les filles craquent.

Soudainement pris d'un rire de joie, Maël porta la main à ses lèvres. Ses yeux venaient de se poser sur l'unique phrase du tableau, une dédicace en quelque sorte aux deux hommes qui n'avaient jamais abandonné la jeune artiste : « Mes plus fidèles amis, ceux qui ont toujours cru en moi et font la personne que je suis désormais ».

— Joyeux anniversaire, souffla Hugo toujours à ses côtés.

Ça, pour un cadeau, c'en était un très gros, peut-être même le plus beau qu'il n'eut jamais eu.

La lumière, réapparue subitement, l'éblouit et il grimaça en portant la main à son front en guise de protection.

— Je voudrais que l'on applaudisse bien fort mes deux plus grandes inspirations dans la vie !

Cette voix, Maël la connaissait par cœur. Elle avait fait battre son cœur autrefois, une dizaine d'années plus tôt et encore aujourd'hui, elle le remplissait de bonheur.

Cela faisait plus de deux ans qu'il n'avait pas revu Zélie, car il était malheureusement trop occupé par son travail et ses voyages professionnels à répétition. Mais tout ce qu'il pouvait dire à cette heure, c'était que Zélie n'était plus la jeune fille au carré long et à la casquette qui se trouvait devant lui en ce moment.

Désormais, elle était une femme, accomplie, florissante, dans un ravissant smoking noir à rayures blanches verticales et à la chevelure toujours aussi sombre bien que plus longue. La classe était l'adjectif qui résumait le mieux son allure générale. Elle était resplendissante.

Cette dernière sourit et son visage fin s'illumina en même temps que ses yeux sombres s'étirèrent. Automatiquement, le jeune homme l'imita et les gens qui les observaient s'effacèrent. Seuls Zélie, lui et Hugo restèrent présents dans la pièce d'exposition.

Tout à coup, Maël n'avait plus vingt-six ans mais à nouveau dix-huit ans. Il n'était plus dans cette salle somptueuse, il était au lycée. Il était à nouveau un gosse, plein de rêves. Il ne faisait plus jour et tandis que les souvenirs remontaient dans son esprit, il ressentit soudainement la fraîcheur de cette fameuse nuit de mai 2013.

Ce soir-là, il avait parlé de son plus grand souhait. Ce soir-là, Zélie avait dit vouloir que ses œuvres soient exposées dans une galerie. Ce soir-là, Hugo avait avoué espérer pouvoir vivre avec celle qu'il aimait.

À mi-chemin entre le passé et le présent, Maël se dit soudainement que la vie, bien que parfois traître, leur avait offert beaucoup de belles choses. Et c'est sur cette dernière pensée qu'il remonta le temps pour revivre en accéléré la première fois où Zélie leur avait permis d'apercevoir quelques couleurs de son monde fabuleux...

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NDA : C'est un prologue assez court, mais il permet de balancer entre deux époques. Que pensez-vous de Hugo et Maël pour le moment (même si on ne sait pas grand-chose d'eux encore) ?

Zélie (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant