Zélie (Terminée)

TREIZE - L'heure des confidences

Musique : Nicole Atkins - The way It is

Il était aux alentours des deux heures trente du matin lorsque Zélie se laissa tomber sur son canapé. Elle avait tellement dansé et rigolé que son ventre semblait être fait de béton désormais. Mais elle n'était nullement fatiguée. Au contraire, ses déhanchements l'avaient revigorée ! Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante qu'en ce moment, entourée de ses amis.

La jeune fille aurait volontiers proposé une promenade à vélo ou un petit tour sur la falaise en face de chez elle. Car le parcours était fabuleux et valait vraiment la peine. Malheureusement il faisait nuit, ils avaient un blessé et elle n'avait pas assez de lampe frontale pour que tout le monde puisse voir dans cet océan de noirceur.

En vérité, l'unique raison qui la poussait à garder sa proposition de sortie silencieuse était que cela aurait été bien trop dangereux de s'aventurer sur le vieux chemin menant au point de vue de plusieurs dizaines de mètres à cette heure-ci. Ce n'était pas le moment d'avoir un accident. Et avec Hugo dans les parages justement, c'était obligé qu'une catastrophe arrive. Alors il valait mieux être raisonnable.

Après un soupir, elle remua sa frange du bout des doigts et fixa un tableau au-dessus du meuble TV. En soi, Zélie ne s'ennuyait pas, même si elle n'avait plus rien à faire. Parce que le calme qui venait de rentrer dans la pièce était apaisant. Ceci dit, la jeune fille avait l'habitude de tout le temps bouger, alors c'était une sensation étrange. Pas désagréable, mais nouvelle.

— Au fait, c'est ton père ou ta mère qui est de nationalité japonaise ? osa demander Dax en lui accordant un regard.

Cela faisait bien cinq minutes qu'il voulait lui poser la question mais comme bien souvent, sa bouche avait refusé de coopérer, jusqu'à maintenant du moins...

— Sérieux mec, non mais t'es con ou quoi ? C'est évident que c'est sa mère sinon elle ne porterait pas un nom français mais plutôt un truc du genre : Suzuki, Ito ou Takahashi !

— Hum... c'est très cliché et raciste ça Maël ! ne put s'empêcher de relever la concernée.

Sa phrase fut cependant ignorée.

Maël et Dax rejoignirent Hugo qui était le premier à s'être échoué sur le sofa. Les garçons semblaient aller vraiment bien, et ce fut pour cette raison que Zélie trouva le courage de se dévoiler une nouvelle fois :

— Dans ma famille, on a toujours bossé dans le monde artistique. Mon père est sculpteur. Ma mère est prof de danse moderne. Mon frère étudie l'histoire des arts. Mon grand-père paternel était métallier. Ma grand-mère maternelle était comédienne. Et franchement, des fois même si c'est plutôt rare, il m'arrive de penser que je ne serai pas à la hauteur.

Les garçons tournèrent la tête vers la jeune fille.

— OK, tu blagues et je ne saisis pas l'ironie, c'est ça ? lança Hugo en fronçant les sourcils.

Il avait du mal à reprendre suite aux efforts qu'il avait faits. Sa cheville lui faisait encore légèrement mal si bien qu'il avait compensé la raideur dans ses jambes par des mouvements plus poussés avec le haut de son corps. Ses bras et son dos lui donnaient l'impression d'avoir fait des heures de crawl. Est-ce que cela lui donnait envie de se mettre au sport ? Absolument pas !

Maël fut le premier à répondre :

— Tu sais, le monde artistique n'est pas facile de nos jours. Alors c'est normal que tu angoisses. Mais tu as un talent de fou Zélie. Donc ne doute pas de toi !