HUIT - Le jardin secret

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Musique : Far Caspian - Between days


Alors qu'un silence apaisant venait de s'installer dans le groupe, Zélie l'interrompit :

— Cet été, annonça-t-elle en bombant fièrement sa poitrine quasiment inexistante, je vous inviterai chez moi et on ira faire des bonds dans la rivière grâce à la grosse corde que mon père a accrochée à notre beau noyer.

Dax se demanda si la jeune fille l'intégrait dans le projet mais lorsque cette dernière lui accorda un sourire, il comprit qu'il faisait partie de la bande. Jamais de toute sa vie il n'avait fait un truc pareil. Pourtant, s'il s'en tenait aux films, c'était une occupation pas si rare que ça... Et d'après les séries qu'il avait pu regarder, c'était une activité plutôt fun, même si ça devait aussi foutre la trouille, de voyager dans les airs, uniquement tenu par une corde.

— C'est trop cool chez toi en fait !

Maël qui était parti quelques secondes pour aller éteindre sa voiture, revint en tournoyant sur lui-même pour observer chaque recoin. La végétation, beaucoup plus dense sur la propriété, n'était pas la même que celle que l'on pouvait percevoir dans la région. Il n'y avait aucun doute, les propriétaires du jardin avaient fait venir des arbres, des plantes et bien plus encore, d'autres endroits. C'était comme un voyage géographique sauf qu'il n'avait pas besoin de rouler pour découvrir toutes ces choses. C'étaient ces dernières qui venaient à lui, ou presque.

— Et encore, tu n'as pas vu l'intérieur ! renchérit Zélie avec fierté.

Il était rare que ses parents aient des invités ou que des personnes découvrent leur antre tout simplement. La famille Caron était plutôt discrète et secrète en temps normal. Mais le peu de fois où cette dernière acceptait de faire part de leur plus beau et gros trésor, les yeux des gens s'illuminaient. Parce que cette maison n'était pas comme les autres car en plus d'être en bord de rivière, elle n'était pas faite de banalités. Elle avait une histoire, comme chaque logement, mais contrairement à ces derniers, c'étaient les mémoires de ces trois vies qui avaient fait de cet endroit ce qu'il était désormais.

— Vous êtes les premières personnes que je fais venir ici. Durant toute ma scolarité, je me suis arrangée pour tenir les autres éloignés de ma maison.

Dax ravala sa salive. Il se sentait comme un intrus. Lui qui n'était pas véritablement son ami car il ne la connaissait que très peu, avait l'impression de violer son intimité en s'apprêtant à mettre les pieds dans la demeure des Caron.

« Je vais appeler ma mère. Elle doit s'inquiéter. Je n'avais pas prévu de partir si longtemps. Est-ce que tu peux me donner ton adresse pour qu'un de mes parents vienne me récupérer ? », ces phrases toutes faîtes refusèrent de passer la barrière de ses lèvres.

Le lycéen sentit sa gorge se resserrer en songeant à ses paternels qui allaient certainement s'inquiéter. Il n'était pas son habitude de découcher. Il n'avait jamais véritablement fait partie d'un groupe d'amis, il n'avait jamais dormi chez un de ses camarades.

Différent, c'était ainsi que sa mère aimait le résumer. Mais pour une fois, il venait de découvrir plus décalé que lui. Qui invitait un quasi-inconnu dans sa maison si ce n'était quelqu'un ayant peu conscience du danger qu'un tel acte pouvait entraîner ? Apparemment, la réponse était Zélie...

— Mais, je comprends pas. Pourquoi nous amener ici alors que tu viens juste de dire que tu avais toujours gardé les autres à distance ? Puis pourquoi le faire à un mois du bac ? Si ça se trouve, on se perdra tous de vue par la suite.

— Oh tu fais chier avec tes questions Guyot ! rouspéta Maël en lui donnant une tape derrière le crâne.

Alors que le brun soupirait à l'idée que Zélie arrête de se confier à eux, chose qu'il avait espéré durant quasiment trois longues années, Dax était d'accord avec Hugo. Il avait du mal à comprendre le raisonnement de la jeune fille. Certes, comme il était nouveau la troupe, il avait encore pas mal de choses à découvrir la concernant, mais il avait tout de même remarqué que la plupart de ses raisonnements se suivaient. Sauf celui-ci.

— Parce que j'avais envie de changer mes habitudes pour une fois, de prendre le risque de partager une part de mon jardin secret avec des personnes que j'apprécie. Vous savez, quand j'ai parlé de fuir d'éventuels remords, eh bien je crois que j'en éradique un actuellement. Alors même si je ne sais pas ce que ça promet à l'avenir, je tente l'aventure et tant pis si je me casse la gueule. J'aurais essayé quelque chose de nouveau au moins !

Le nouveau silence qui s'installa fut si troublant que la jeune fille tapa dans les mains pour que tout le monde se reprenne. Ce fut Hugo qui osa prendre la parole et briser ainsi l'atmosphère étrange :

— Tu n'es pas malade ou un truc du genre, hein ?

Le visage de Maël se figea car il n'avait pas pensé à l'éventualité que cette soudaine révélation soit due à un mauvais état de santé. Il sentit sa gorge rétrécir et ses tripes se tordre. Le garçon pouvait accepter de ne pouvoir avoir Zélie autrement qu'en tant qu'amie. Mais l'imaginer malade... C'était au-dessus de ses forces. Il ne voulait pas la perdre.

— God, ne dis pas de connerie voyons ! C'est pas parce que je parle un peu de moi que ça veut dire que je suis mourante, rigola Zélie.

Les trois garçons l'imitèrent, bien que leur rire ne fut pas aussi détendu que celui de la jeune fille. OK, ils étaient rassurés, mais encore intrigués. Et quelque peu perdus aussi.

— Bon, maintenant si vous voulez bien me suivre, je vais vous faire faire un tour des lieux !

Encore chamboulé par les fortes émotions qu'il venait de ressentir, Maël suivit sans rien dire. Il avait toujours dit qu'il était attaché à la jeune fille et n'avait jamais caché le fait qu'elle lui plaisait, mais c'était la première fois qu'il réalisait qu'une potentielle disparition de sa part le briserait tout entier.

— Heureusement que j'ai dit que je dormais chez toi ce soir, sinon je n'ose pas imaginer le nombre d'appels que ma mère aurait passé, soupira Hugo en donnant un coup d'épaule dans le bras de son ami.

Si le bouclé avait prévu le coup, ce n'était pas le cas de Maël. Son inquiétude précédente s'envola pour laisser place à une nouvelle. Sa famille allait se poser des questions. Et sa mère n'allait pas le rater à son retour. Car en tant que fils qui faisait le maximum pour elle, il était aussi celui qui était le plus jugé et surveillé.

— Il faut que je passe un coup de fil, déclara-t-il soudainement.

— Tu ne préfères pas être à l'intérieur pour le faire ? Il commence à faire frais, lança Zélie.

— Je dois rentrer chez moi, déclara une nouvelle voix.

- - -

NDA : Zélie fait découvrir aux garçons une partie de son jardin secret... Qui aurait envie de vivre là où elle vit ? L'endroit a l'air plutôt beau, n'est-ce pas ? Ayant passé mon enfance en Dordogne, je peux certifier que les paysages là-bas, sont vraiment magnifiques !

Zélie (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant