QUATORZE - Quand l'anglais ouvre sa bouche

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Musique : Sleeping At Last - Saturn


Alors que Zélie, souriante et silencieuse, laissait ses deux amis se rendre compte de l'ampleur de leur amitié, une voix rompit l'instant :

— Je n'ai toujours pas contacté mes parents pour leur dire que je n'étais pas à la maison et bien que j'appréhende le moment où ils découvriront que j'ai fait le mur, je l'attends aussi avec impatience car ça voudra dire qu'ils auront enfin eu une pensée pour moi.

La jeune fille, qui avait pratiquement oublié Dax avec cette scène forte en émotions, tourna la tête vers l'anglais et haussa un sourcil.

— Chez moi, j'ai parfois l'impression d'être un fantôme, soupira Dax.

Les regards surpris de Hugo, Maël et Zélie se croisèrent.

— Ma mère résume la situation à une simple phrase : « tu es différent des autres », continua l'anglais. Mais après avoir lâché cette réplique généralement, elle repart à son occupation ou change de sujet.

Zélie se dit que cette situation était plutôt surprenante, étant donné l'intérêt qu'il avait déclenché à son arrivée au lycée. Celui qui était regardé de la tête aux pieds et causait de nombreuses rumeurs était invisible chez lui ?

— La dernière fois que l'on a vraiment parlé tous ensemble, c'était il y a deux ans, quand j'étais dans la voiture avec eux et que l'on rentrait des urgences. Au final je ne sais même pas si je peux appeler ça une conversation puisqu'ils n'ont fait que me réprimander d'avoir essayé la moto de Jordan, notre voisin. Ils étaient vraiment furax de devoir rembourser la bécane. A croire qu'il faut que je fasse des conneries pour qu'ils se rappellent qu'ils ont un fils, murmura-t-il entre ses dents d'une voix pleine de souffrance.

Dans le salon, personne ne bronchait, tout le monde laissait le garçon s'exprimer. Car Zélie, Hugo et Maël avaient bien compris que celui-ci était enfin prêt à se livrer. Il était en confiance et allait peut-être même offrir à la jeune fille le paragraphe qu'elle attendait tant concernant sa propre analyse.

— Il m'arrive parfois d'avoir envie d'aller vers les gens. Mais je me dis qu'ils vont me trouver taciturne et bizarre ou transparent. Puis je ne sais pas comment débuter une discussion. C'est stressant de se retrouver devant la personne et de ne pas savoir quoi dire. Le silence devient gênant et...

Il soupira, incapable de finir sa phrase.

Zélie se redressa puis regarda le garçon. Certes, l'anglais n'était pas allé jusqu'au bout de son analyse, elle le sentait. En effet, malgré le chemin parcouru ce soir, il avait encore du boulot. Mais elle était tout de même fière de lui.

— Moi je ne te trouve pas bizarre Dax. Je suis vraiment désolée pour ce que te fait endurer ta famille que je n'ai absolument pas envie de rencontrer après ce discours. Non pas que j'avais envie de la rencontrer avant, hein ! Ne te fais pas d'idée. Je te rappelle juste au cas où que je n'ai pas de sentiment pour toi. Mais quoi qu'il en soit, je tiens à te féliciter. Car tu as parlé de toi à des quasi-inconnus. Et que tu es bien plus que le petit nouveau avec qui on s'invente des histoires. Tu as ton histoire. Une histoire qui mérite d'être connue ! Tout le monde mérite d'être connu !

Même si Dax ne répondit rien, car sa gorge était serrée par l'émotion (jamais on n'avait dit des choses aussi gentilles à son sujet), ses yeux humides le trahirent. Ceci dit, cela n'empêcha pas Zélie de continuer son discours :

— Bon, maintenant, laissez-moi vous donner mon avis les gars... En ce qui te concerne Maël, je n'ai qu'une seule chose à te dire : fonce en musicologie, décroche ton diplôme et fous-lui en plein la gueule à ton connard de père.

Le sourire du concerné fit plaisir à la brunette. Pour Maël, elle n'aurait pas de discours plus grand. Car malgré les chaînes qu'il traînait à ses pieds, elle savait qu'il se battrait. Il se battrait pour ce qui lui permettait quitter la terre : sa passion. Elle avait compris il y avait bien longtemps désormais que derrière son blouson de rockeur collectionneur de filles, se cachait un mec qui avait la hargne de réussir. Une hargne qui était venue suite à des événements plutôt sombres...

— Quant à toi Hugo, c'est en ne t'aimant pas que tu vas pousser les autres à te détester. God, tu es un mec génial alors arrête de te dénigrer !

En vrai, j'ai la vie la moins merdique des quatre, se dit-elle intérieurement. Premièrement car elle se foutait du regard des autres. Et deuxièmement, parce que cette recherche d'elle-même, Zélie l'avait déjà fait, depuis bien longtemps.

— C'est bien notre Zélie ça ! sourit Maël en se redressant à son tour.

Hugo et Dax hochèrent la tête. C'était peut-être la première fois qu'ils parlaient autant. Et jamais ils n'auraient pensé dire cela, mais ils comprenaient désormais pourquoi les adultes disaient que la communication était la clé pour tout.

Une fois de plus, Zélie était celle qui les avait menés sur le bon chemin...

- - -

NDA : C'est maintenant au tour de Dax de parler de lui. L'anglais a progressé en l'espace de quelques heures, n'est-ce pas ?

Certes, c'était un petit chapitre, mais je me devais de le séparer du précédent, car malgré l'intégration du jeune homme dans le groupe, il reste encore un peu l'intrus. Celui qui était là par hasard et qui n'était pas prévu au programme.

Zélie (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant