CINQ - Tout le monde en voiture !

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Musique : Amber Run - I found


Cela faisait plusieurs minutes que les adolescents avançaient sans rien dire. Certes, le son de leur respiration rompait le silence. Mais aucun des trois n'avait ouvert la bouche. Aucun jusqu'à ce que le brun se décide à prendre parole :

— On doit contourner par la gauche, lança-t-il en voyant le passage face à eux, encombré par une multitude de ronces.

— Et se faire attraper par le taureau ? Hors de question. On fonce !

Maël regarda d'un air choqué leur amie. Il admirait son côté combatif, mais pour le coup, il trouvait que cela allait trop loin. Il n'avait pas envie de finir défiguré par des arbustes épineux.

— Il a la basket de Hugo, on est cuit peu importe le final ! s'écria Maël et son ami eut aussitôt envie de lui répondre que son nom n'était pas gravé sur sa chaussure.

Mais Zélie ne l'écoutait déjà plus et écrasait du mieux qu'elle pouvait leur ennemi actuel. Avec ses coups de pied, on aurait pu croire qu'elle combattait un ennemi géant et le brun comprit que c'était ainsi que la jeune fille vivait l'instant présent.

— Tu vois, ce n'est pas un mur à la Belle au bois dormant, alors ne fais pas ta chochotte !

Maël soupira et malgré les supplications de Hugo qui craignait que son pied déchaussé souffre de la traversée piquante, le garçon se dirigea vers les rubus. Le brun dû devenir ferme avec son ami pour qu'il se calme et arrête de gigoter sans quoi ils finiraient par chuter dans les épines et cette fois-ci, leur visage n'en ressortirait peut-être pas intact.

A priori, Hugo avait déjà abandonné son objectif : être plus que l'acteur récurrent qui se plaint tout le temps... Mais quitte à choisir, il préférait finir avec une journée de colle et une interdiction de sortie à vie, plutôt qu'à l'hôpital.

— Donne ta main ! ordonna la jeune fille à l'attention du maladroit.

Malgré sa peur, Hugo obéit sans broncher.

Après leur traversée, plus douce que les deux garçons s'étaient imaginée, ils reprirent leur course plus ou moins soutenue.

Il leur fallut huit bonnes minutes pour rejoindre le bord de route. Les yeux de Maël, peu habitués à la pénombre, peinaient à voir les obstacles qui se mettaient en travers de leur chemin désormais que Zélie avait pris son portable pour éclairer leur avancée. Il avait trébuché à maintes reprises dans les bois et renouvela l'expérience une fois sur le trottoir. Hugo se plaignit aussitôt car sa cheville, endolorie, l'abandonna en même temps que son ami. Pour être plus clair, les deux garçons manquèrent de jouer aux dominos, eux dans le rôle des dominos, bien évidemment.

D'ailleurs, seule Zélie resta stable.

— Allez les gars, on continue ! les encouragea-t-elle à sa manière.

Elle avait envie de leur communiquer sa force et son énergie mais sa voix ne suffisait malheureusement pas pour faire la transmission.

Au final, retourner sur le parking du lycée en empruntant la départementale fut tout de même moins sportif que s'enfuir du bahut par la forêt. Il fallait dire que la qualité du sol n'était pas la même...

— Grouille-toi Maël ! le pressa Zélie tandis que ce dernier ouvrait sa caisse. Tout le monde en voiture !

Elle balança son sac dans le véhicule puis ouvrit la portière pour que le blessé prenne place sur la banquette arrière et ce fut à ce moment-là que ses yeux se posèrent sur une silhouette à deux mètres du grand portail. Il ne s'agissait pas du gardien mais d'un lycéen vu la morphologie.

Intriguée, la jeune fille plissa les yeux pour mieux voir.

— Mais qu'est-ce que tu fabriques ? râla Maël en mettant le contact.

Leur amie se mordit les lèvres puis rentra à son tour dans la voiture. Elle accorda un coup d'œil à Hugo qui se bataillait désormais avec la ceinture qui refusait de se débloquer. Elle ne put s'empêcher de sourire en voyant ce dernier remuer comme un malade. Ses bouclettes, malmenées par sa précédente course, semblaient vouloir reprendre vie. Impatient, le garçon sautilla sur place et lorsque son adversaire du moment déposa enfin les armes, il se retrouva couché sur le dos en moins de deux.

La classe façon Hugo. La classe que Zélie avait appris à aimer. La classe qui lui donnait toujours le sourire désormais.

Maël passa la première vitesse et donna un bon coup d'accélération. Zélie, qui avait été distraite par le maladroit durant quelques secondes se retrouva à son tour plaquée contre son siège. Les roues de la petite Citroën de leur ami glissèrent sur le parking. Et alors que Hugo, à nouveau redressé, s'écriait qu'il ne voulait pas mourir dans un accident de voiture, la jeune fille leva les mains, emportée une fois de plus par l'adrénaline du moment.

C'était comme dans les films. Le sang pulsait contre ses tempes, son cœur battait à cent à l'heure, ses jambes étaient impatientes de montrer à nouveau leur talent en course et son esprit carburait pour trouver d'autres idées de choses cool à faire.

Ce fut d'ailleurs alors que Zélie s'inventait tout un parcours dans sa tête et que celle-ci transformait la route autour d'eux en une poudre de couleurs qu'ils passèrent devant la personne qu'elle avait aperçue au loin. Et tandis que ses amis laissaient exploser leur joie d'avoir échappé au gardien, elle cria soudainement un gros « stop » bien sonore qui amena Maël à écraser sans ménagement son pied sur la pédale de frein.

— Quoi ? demanda ce dernier, le visage figé à l'idée d'avoir écrasé quelque chose ou quelqu'un.

Ils s'étaient immobilisés avec tant de rapidité qu'il se doutait que tous les environs les avaient entendus.

— Mais quoi ? hurla à son tour Hugo en se penchant entre les deux sièges, désireux de savoir pourquoi Maël venait de faire un arrêt si brusque qu'il s'était cogné le coude contre la vitre sous le coup de la panique.

Le pauvre garçon sentait déjà la douleur se réveiller. Décidément, il prenait vraiment tarif ce soir...

— Il nous a vus, répondit leur amie en fixant droit devant elle.

— Hein ? fit le conducteur en grimaçant, complètement à la ramasse.

— Le mec devant le portail. Il a vu notre voiture et je suis certaine qu'il a aperçu nos visages.

La détermination recouvrait le visage de Zélie désormais.

— N'importe quoi, comment veux-tu qu'il nous reconnaisse ?

— Bah pour ma part, je l'ai bien reconnu ! répliqua la brune en jetant une œillade à ses amis.

— Sérieux ? s'étonna Hugo en se retournant pour essayer d'apercevoir le lycéen.

— Espèce d'idiot, c'est ton camarade de classe, Dax Coleman !

Le bouclé regarda son amie et ouvrit la bouche sans qu'aucun son ne sorte de cette dernière. Comment avait-elle fait pour le reconnaître alors que c'était lui qui partageait des cours avec lui ? Était-ce elle qui était trop physionomiste ou lui qui ne l'était pas du tout ? Peut-être un mélange des deux ?

Bref, ce n'était pas le sujet.

— Le gardien. Fais chier, il y a le gardien ! s'écria soudainement Maël en regardant dans son rétroviseur.

— OK, hum restons zen, souffla Hugo pour essayer de se calmer.

Mais il paniqua quelques secondes plus tard et commença à sauter sur la banquette arrière, près de l'hystérie :

— Oh non, non, non ! Il va nous dénoncer ! Putain les gars, je suis sûr qu'il va nous dénoncer, ce bâtard de mes deux !

- - -

NDA : Bon ! Ça y est, le trio est enfin sorti de la forêt, non sans mal, surtout pour Hugo. Et voilà désormais que Dax Coleman apparaît dans l'histoire...

On remarque la douceur dont fait preuve Hugo lorsqu'il est stressé, n'est-ce pas ? xD


Zélie (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant