QUATRE - La course dans la forêt

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Musique : Zayde Wolf - Heroes


Une fois à deux pas du grillage, Zélie lâcha la main de Hugo et lui asséna une tape dans le dos pour lui faire comprendre de passer en premier. Seulement ce dernier refusa.

— Non, toi d'abord !

Cette preuve de courage soudain la laissa interdite durant deux petites secondes. Son ami n'avait jamais été du genre à prendre de risque. L'âme innocente avait toujours été un suiveur qui râlait et aimait déballer ses connaissances pour compenser avec son manque de caractère. Mais cette fois-ci, il semblait vouloir flirter avec le danger. Zélie espérait juste qu'il soit de taille pour affronter tout cela car elle n'avait pas envie de devoir revenir dans le lycée pour libérer la jouvencelle en détresse des gros bras du gardien.

Sans plus attendre, Zélie se baissa. Elle fit glisser son sac en premier puis se servit de ses coudes pour ramper sous la clôture qui agrippa ses vêtements comme un monstre voulant la garder dans son monde sombre. Une fois de plus, l'inspiration la gagna et cette fois-ci, il ne s'agissait plus de tableau ou graffiti mais d'une BD avec des aventuriers qui lui venait en tête. Elle imaginait déjà les nombreux plans, en particulier sur leur ennemi personnifié. Cela aurait été génial !

Après un large soupir, la jeune fille grimaça et poussa avec ses pieds. Si elle perdait trop de temps, Hugo serait bloqué de l'autre côté et elle serait responsable du destin tragique de leur ami. Ce fut pile à cet instant de réflexion que deux mains puissantes se refermèrent sur ses poignets et la tirèrent avec empressement en avant.

Maël avait dû avoir la même pensée qu'elle puisqu'après avoir libéré la jeune fille, il se rua sur le grillage pour attraper le bagage de leur ami. Une fois ceci fait, il agrippa les doigts du maladroit qui commençait à débiter des choses pas très gracieuses. Il faut dire que le gardien venait de s'engager dans le jardin et n'était désormais plus très loin. La tension était à son comble, du moins pour Hugo.

— Ce que tu es lourd mon vieux, s'écria Maël en tirant de toutes ses forces.

En vérité Hugo était aussi léger qu'une plume avec ses cinquante-huit kilos pour son mètre quatre-vingt passé. Il avait toujours détesté sa maigreur parce qu'en plus de lui compliquer la tâche pour trouver un pantalon à sa taille, elle lui donnait des complexes à ne plus en finir. Maël lui, était légèrement plus petit que lui mais était bien plus musclé.

Ce dernier manqua de tomber en arrière lorsque son ami eut passé le trou. Mais aucun des trois adolescents n'eut le temps de souffler de soulagement car le gardien, bien décidé à rattraper les trois insurgés, s'empressa de suivre la clôture.

— Fais chier le portail, réalisa Maël en écarquillant les yeux.

Il y en avait un à une cinquantaine de mètres d'eux et il se doutait que l'homme avait les clés. Ils n'avaient que très peu d'avance. Ils n'avaient pas de temps à perdre s'ils ne voulaient pas se faire attraper.

Les vêtements tachés par l'herbe mouillée et la terre, ils s'élancèrent sur leur droite pour s'enfoncer dans la forêt. Ni Maël, ni Hugo ne connaissaient le chemin, mais Zélie semblait savoir où ils se dirigeaient alors ils la suivirent sans broncher.

Ceci dit, deux minutes plus tard, le bouclé ne put garder silencieuse plus longtemps son interrogation :

— Est-ce que l'on devrait se séparer ? demanda-t-il en ramenant non sans difficulté sa capuche sur la tête.

Son sac, qu'il avait balancé n'importe comment dans son dos, ne cessait de remuer dans tous les sens et le ralentissait un peu. Sa démarche déjà initialement peu gracieuse aurait pu faire rire n'importe qui se serait retrouvé derrière lui. Mais justement, comme il était le plus lent, il était le dernier et par conséquent, personne ne le voyait de dos.

Zélie (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant