Soupçons

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Après la découverte du corps, toutes les petites durent aller se mettre au lit, bien que le soleil fut encore bien haut.

Dans la cave, les petites s'agitaient dans tout les sens et Jaith courrait après chacune, tentant de les calmer, les rassurer. Jo semblait calme, mais elle ne l'était aucunement. Ses yeux verts fixaient un point invisible et toutes les autres l'évitaient comme la peste. Des chuchotements circulaient sur elle, les plus jeunes la pointaient du doigt et murmuraient que c'était elle, Josephine Snow, la sauvage meurtrière. Jo revoyait le corps de son ennemie, ensanglanté et mutilé. Bizarrement, elle se délectait de cette vision. Elle cligna des yeux pour chasser cette douce vision et frissonna. Qui suis-je devenue. De nombreux jours s'étaient écoulés depuis la mort de ses parents, et disparition de ses sentiments. Mais jamais elle s'était sentie aussi vivante et que tant d'émotions avaient circulé en elle.
La police arriva en fin d'après-midi, et posa de multiples questions au personnel. Jo entendit même son propre nom alors qu'elle écoutait aux portes. Tout le monde savait que Jo et Blender se détestaient depuis qu'elles s'étaient vues. Un officier en arriva même à poser une question à Jo.
-Est-ce-que tu sais qui aurait pu faire ça?
Jo se contenta de le regarder de ses grands yeux verts. La directrice soupira et expliqua à l'agent.
-Vous ne tirerez rien d'elle, on ne l'a jamais entendue. C'est peine perdue.
L'officier continua de regarder l'enfant de ses yeux bruns foncés, presque noirs.
-Bien. Que âge a t-elle? demanda t-il en désespoir de cause.
-Huit ans. Du moins elle va les avoir, répondit Crobbs, ses lunettes en forme de demies-lunes lui glissant sur son nez sec.
-Elle se nomme Jospehine, Josephine Snow, n'est-ce pas?
Angel parut surprise.
-Comment...Qui, qui êtes vous ? bégaya t-elle, ses yeux gris écarquillés.
-Christian Golden, ma femme est venue vous voir il y a deux jours afin d'adopter une de vos pensionnaires.
Comment? Cet homme serait mon futur père? Ou du moins celui qui était censé m'adopter...
-Mais bien sûr...Monsieur Golden, je ne savais pas que vous travailliez dans la police...bafouilla Crobbs, légèrement inquiète.
Christian rigola doucement.
-Ne vous inquiétez pas Miss Crobbs. Vous ne pouvez pas tout savoir sur moi.
-Non, non bien sûr, murmura la directrice, les yeux dans le vague, avant de reprendre d'une voix dure. Je comprendrai que vous ne voudriez plus prendre Miss Snow sous votre toit. Laissez moi vous montrer mes autres pensionnaires...
L'agent secoua la tête.
-Je vous remercie Miss Crobbs, mais je ne retire pas mon choix. Josephine sera toujours la bienvenue dans notre famille.
Jo le dévisagea. Quel homme étrange...
-Bien...c'est votre choix, vous pouvez même la prendre ce soir, avec tout ce qui s'est passé, je doute que Miss Snow veuille rester une heure de plus dans notre établissement.
Golden modifia.
-Je l'emmène maintenant, si tu es prête ma petite, murmura t-il en regardant Jo.
Cette dernière hocha la tête et Golden parut content.
-Bien. Ce qui est dit est dit. Va prendre tes affaires Snow, ordonna la directrice.
Jo ne se fit pas prier. Elle descendit en courant les escaliers qui menait au sous-sol et poussa toutes les filles sur son passage qui poussèrent des cris aigus. La rouquine prit sa petite valise et rejoignit Golden qui l'attendait devant la porte de l'orphelinat. Il lui adressa un beau sourire à son arrivée.
-Eh bien, s'exclama t'il. Tu as fait vite Jospehine. Tu dois avoir envie de quitter cet orphelinat le plus vite possible...
Jo ne répondit rien à cela et accourut devant la porte, souhaitant revoir la lumière du soleil au plus vite.
-C'est vrai que cet endroit me fiche des frissons, avoua l'officier, amusé de la voir si pressée. Je ne te fais pas attendre plus. Partons.
Golden ouvrit la porte en bois de chêne et Jo se précipita dehors.
Au début, l'air vivifiant et froid glaça la rouquine mais elle oublia vite cette terrible sensation et exprima un sourire. A l'orphelinat, elle ne sortait qu'une fois tous les deux mois, le personnel voulant minimiser les maladies. Tout était recouvert d'un beau manteau blanc, le ciel était gris et de légers flocons tombaient délicatement sur le sol. Un énorme corbeau se posa sur la neige à deux mètres de Jo qui le regarda avec de grands yeux étonnés. Il croassa et s'approcha en sautillant de la rouquine, les yeux brillants La jeune fille retint son souffle et se pencha doucement vers le volatile qui eut un moment de recul. Jo tendit sa main vers lui et lui effleura les plumes. Quelques secondes après, l'énorme corbeau s'était envolé. Christian s'approcha de Jo.
-Il n'était pas très farouche celui-là...tu devrais t'en méfier, ils sont fourbes et malsains. Viens Josephine.
Golden lui prit la main et Jo le suivit, sans même adresser un seul regard à la sombre bâtisse derrière elle.

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