6 - Jungkook

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Je continue de fixer le sang et les restes peu ragoûtants des zombies sur la moquette, hypnotisé, quand des sanglots venus de la salle de bain me sortent de ma torpeur. Je réalise que Jimin est en train de pleurer, après avoir vomi. Nous n'avons pas la même sensibilité. À moins que plus rien ne m'affecte depuis que j'ai planté ce couteau dans le ventre de mon père.

Mon coeur a fermé la porte.

Je me dirige vers la salle de bain et ouvre doucement le battant.

"Jimin-ah ? soufflé-je. Je peux rentrer ?"

Il ne répond rien. Il continue de renifler. Je prends ça pour un oui et finis d'ouvrir la porte. Je tombe sur un Jimin dévasté, les genoux ramenés sous sa poitrine et la tête enfouie dans ses bras croisés. Ses épaules sont secouées de sanglots.

Je m'assois à côté de lui. Cela me fait mal de le voir comme ça. Je réalise que ce que nous avons fait n'est pas si honorable. Mais nous n'allions pas laisser ces choses nous dévorer, sous prétexte qu'elles étaient humaines et que tuer est un crime ! C'est ce que je m'emploie à expliquer à Jimin. Je pèse mes mots.

Il relève la tête et son regard me fend le coeur. J'y lis une détresse profonde, de la tristesse, des remords. Un peu de peur et de dégoût vis-à-vis des monstres. C'est là qu'il déclare :

"J'ai reconnu ma prof de danse parmi ceux que tu as tabassé."

Je déglutis.

"J'ai voulu viser son crâne avec un couteau et... et je n'ai pas pu, rajoute-t-il, hoquetant. Mais tu t'en es chargé."

Je me sens coupable. Si j'avais su... mais en même temps, qu'est-ce que ça aurait changé ? J'aurais dû l'abattre quand même.

"Je suis désolé, murmuré-je en baissant la tête."

J'ai de plus en plus de mal à retenir mes larmes.

"J'avoue que j'ai été un peu violent... je ne me reconnais plus. J'avais tellement la haine contre ces créatures... j'ai cru que... j'ai cru..., bredouillé-je."

Je ne finis pas ma phrase. J'ai un frisson. Jimin pose alors sa main sur la mienne. Je me tourne vers lui. Il me lance un regard compatissant lorsqu'il déclare :

"Moi aussi je ne me reconnais plus. Nous ne serons plus jamais comme avant. Pas après ça... mais est-ce que c'est si grave ? Le monde d'avant n'existe plus, nous devons nous adapter et survivre dans celui-là."

J'admire sa sagesse. Les larmes brillent dans ses yeux. Sa main est tiède sur la mienne, elle tremble un peu. Le jeune homme baisse la tête pour regarder nos doigts entrelacés, puis il retire sa main et la lève devant son visage. Sa mine est à nouveau décomposée. Il regarde sa main comme si elle lui paraissait étrangère.

"C'est avec cette main là que j'ai lancé les couteaux, lâche-t-il, la voix basse et chevrotante. C'est avec cette main que j'ai tué des gens..."

Il étouffe un nouveau sanglot et je le prends par les épaules :

"Ces individus n'étaient plus des humains, appuyé-je."

Les yeux de Jimin sont plein d'espoir, il voudrait bien me croire, mais sa conscience le torture.

"Je vais aller nettoyer la moquette ok ? Il n'y aura plus rien, le rassuré-je encore."

Jimin me regarde puis ses yeux s'écarquillent quand il se rend compte qu'il y a plein de tâches de sang sur ma chemise. Qui est la sienne, en fait. Merde... ces saloperies m'ont complètement aspergé... je vois que la lèvre inférieure de Jimin tremble et qu'il paraît à deux doigts de la crise d'angoisse. Alors je me précipite pour ôter cette chemise sanglante. Je la balance dans un coin.

Seuls contre tous (JIKOOK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant