Volonté d'Acier

Colère

Regulus sentait les fibres de ses muscles se rompre sous l'effort incommensurable qu'il était en train de fournir, mais la rage qu'il refoulait depuis Carcerem lui prêtait une vitalité qui le surprenait lui-même. Son corps entier tremblait, ses genoux menaçaient de fléchir à tout instant, mais il tenait. La tension exercée sur son corps lui donnait l'impression qu'il allait être broyé d'une seconde à l'autre, mais il tiendrait encore.

À peine le bruit avait t'il résonné dans toute la station, qu'un énorme Castellax s'était jeté sur lui avec ses énormes pinces de combat. Regulus avait eu juste le temps de saisir à une main chaque pince, maculées de sang et d'huile séchée, et de les bloquer à la seule force de ses bras tendus. La machine employait toute la force motrice de ses pistons et vérins pour broyer Regulus, mais ce dernier fixait la machine sans sourciller et maintenait ses bras hors de portée. Les frères de Regulus tentaient d'abattre le Castellax en tirant dessus via différents angles, mais sans succès. Le Paladin de Fer grogna de douleur et de rage, les traits de son visage déformés par l'effort et la rage sous son casque. Pourtant, Regulus sentait une sorte de sadisme dans le comportement de la machine, comme si elle se délectait de sa situation précaire et de la douleurs qu'elle lui infligeait. Malgré sa situation complexe, Regulus passa son regard rapidement sur toute la structure métallique du Castellax et nota chaque détail divergeant et étrange dans un recoin de sa mémoire eidétique.

Un des frères de bataille de Regulus sauta sur le dos voûté de la machine et posa sa dernière charge à fusion. Mais avant qu'il ne puisse l'activer, l'automate se cabra violemment, comme un grox sauvage cherchant à désarçonner son cavalier en ruant et bougeant ses bras aux multiples articulations en tous sens. Ce faisant, Regulus put se dégager tout en évitant le balancement des membres de l'automate. Le Paladin de Fer récupéra son marteau tonnerre et frappa de toutes ses forces et de toute sa rage accumulée dans le plastron du Castellax, qui s'enfonça sous l'impact en produisant un bruit strident de métal plié. Le coup fit chanceler l'automate, permettant au frère sur son dos d'activer la charge et de sauter au sol dans une chute lente par l'absence de gravité.

L'environnement s'illumina brusquement sous la soudaine chaleur dégagée par la bombe à fusion, qui creusa un trou béant à travers le dos du Castellax. Celui-ci hurla un cri strident de code qui satura brièvement les autos-sens de Regulus avant de s'immobiliser brusquement lorsque la bombe eut creusée jusqu'au travers de son torse. Du métal fondu dégoulinait à gros bouillons avant de cesser de s'écouler une fois refroidi suffisamment.

Pour faire bonne mesure, Regulus arma un nouveau coup et fit s'abattre son marteau ornementé sur le crâne bulbeux et blindé de la machine corrompue, car il ne faisait aucun doute pour le Paladin de Fer qu'il avait face à lui un esprit de la machine rendu fou par quelconques malices de l'Éther. L'éclatement de la tête de l'automate projeta aux alentour de la matière cérébrale et du sang poisseux, ainsi qu'une mixture noircie d'une nature indéterminable.

- Paladin, tout va bien ? S'enquit un des frères de Regulus.

- Oui. Poursuivez. Répliqua sèchement le Paladin de Fer.

Regulus passa en revu rapidement les données que son armure avait enregistrées du combat et un frisson désagréable lui parcouru l'échine. L'esprit de la machine de son harnois semblait confus suite au cri de l'automate, et des parcelles de code altéré défilaient devant les pupilles du Paladin de Fer, qui amorça des processus de purge des moteurs de données embarqués de son armure.

- Purifiez l'esprit de la machine de vos armures, mes frères !

Les Iron Purity s'exécutèrent dans l'instant et tous firent état du même phénomène à leur Paladin.

- Paladin, je lance une routine d'examen sur la nature de ce code incomplet qui a cherché à pénétrer nos armures. Annonça un des vétérans.

- Fais vite, nous devons trouver une position plus avantageuse. D'autres arrivent.