Petit ajout d'une phrase dans le premier paragraphe qui emmène quelques précisions pour Keyah.
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Et devinez la superbe idée de mon cher Yeti? Se perdre dans une zone désertée du quartier industriel, non loin d'un grand terrain vague. Heureusement pour moi, il m'emmena manger dans un petit restaurant avec une terrasse avant de rejoindre notre destination.
Cette interlude qui me ramena dans la banalité du quotidien me fit du bien. Je retrouvais la normalité de commander et manger autour d'un bon petit repas, entouré d'inconnus. Nous passions pour un jeune couple durant leurs premiers moments, car Jeb me posait des questions sur ma vie: sur mon emploi, où j'habite, qui sont mes amis. Je lui contais également mon accident de l'année passé suite à un incendie qui m'avait laissé un traumatisme crânien. C'était depuis ce moment que mes souvenirs d'avant étaient devenues confus…
Mais, maintenant, je commençais à douter de tout cela…Jeb se trouvait être quelqu'un de très sympathique dans ces circonstances. Il semblait réellement s'intéresser à qui j'étais. Il semblait que je n'étais plus cette parfaite inconnue retrouvée lors d'une soirée en boîte, ce boulet qu'il traitait d'une façon si impersonnelle. Je découvris en lui quelqu'un de marrant et chaleureux. Il possédait une aptitude d'observation de l'humain que je n'avais jamais vu auparavant. Il me démontra qu'en regardant une personne, on pouvait connaître bien des choses.
- Bien sûr, je perçois son énergie aussi. Et, tu le peux également.
J'ouvris grand les yeux, surpris par sa déclaration. Je me penchais vers lui, très intéressée par le sujet.
- Et comment ça fonctionne? Tu peux me l'apprendre, dis?
Il me fit un sourire amusé à travers sa barbe de quelques jours. Je pris le temps d'observer cette dernière, le trouvant plus beau comme cela. Pas forcément parce que ça le rendait plus séduisant, mais parce que cela lui correspondait.
- …- yah.. Keyah?
- Hein?Je sortis de ma fixette pour regarder les yeux bleus de Jeb. Ce dernier souriait encore tandis qu'il me rétorquait:
- Je m'apprêtais à t'expliquer, mais je n'avais plus ton attention. Donc, tu me trouves séduisant?
Je m'empourprais et m'exclamais-je:
- Ç-Ç'a aucun rapport! Explique-moi plutôt cette histoire d'énergie.
Ce dernier ricana, mais il accepta implicitement en débutant son explication. De ce que je comprenais, on pouvait l'associer à l'idée que nous avons de l'aura. Mais, il n'y avait pas de couleur visible comme le dit la croyance sur l'aura. C'était plutôt notre propre mental qu'il associait à des couleurs et à des impressions. Comme Jeb me l'expliquait, tout savoir avait sa part de réalité, dépendamment de notre angle de vue. L'idée des couleurs avec l'aura était métaphorique, même si le principe s'y approchait énormément. Physiquement parlant, cette énergie n'est pas perceptible par nos cinq sens habituels, mais elle existe sous une forme que tout être vivant peut percevoir. Un sens oublié de l'humain qui doit le redécouvrir.
En prenant conscience de ce dernier, nous pouvons nous protéger des créatures du bas-astral qui vampirisaient les humains, obligeant ces derniers à voler l'énergie des autres. Or, les humains ignorants de tout cela acquiesçaient inconsciemment à ce phénomène. Nos pensées n'étaient pas toujours les nôtres, et ces entités non-intelligentes passaient par les vivants pour reproduire ce qu'il connaissait. Les médiums les percevaient et parvenaient à aider des deux côtés : autant les humains incarnés que ceux dont l'esprit restait piégé. C'est un combat constant pour l'énergie.
En prenant conscience de cette énergie que chaque être vivant possède, tout devenait possible. Nous passons ainsi de l'énergie astrale à l'éthérique. C'était de là que venait la magie telle qu'elle était connue à des époques lointaines.
- C'est cette même énergie qui me permet de prendre ma forme canine telle que tu as aperçu l'autre fois: elle est liée à mon évolution spirituelle, conclut-il en se redressant après avoir laissé l'argent nécessaire à l'addition.
Je me redressais, pendue à ses mots. Je le suivis avec précipitation jusqu'à la voiture, lui demandant son avis sur diverses situations que je pouvais maintenant expliqué avec cette énergie éthérique. Or, il refusait de répondre, préférant contourner mes questionnements en me rétorquant : « Tu comprendras par toi-même… ».
C'est ainsi qu'avait fini notre interlude au restaurant. Nous retournâmes à la voiture pour nous conduire dans ce fameux parc qui séparait le secteur industriel du résidentiel. Un entrepôt désert se dressait en direction du sud-est du terrain.
Le soleil commençait sa descente dans le ciel, signifiant que la nuit s'approchait. Le ciel semblait s'embraser avant de s'éteindre. Et c'est à ce moment que des coups de fusil me firent pousser un cri strident. J'eus honte du son que j'avais produit en suivant Jeb qui m'avait ordonnée de courir vers l'entrepôt. Je me précipitais en faisant des zigzags, sans me retourner. J'entendais encore les coups de fusil, malgré que le son était différent.
Le fusil est équipé d'un silencieux.
Je trébuchais sur l'herbe, perturbée par la voix que j'avais perçue. Je cherchais l'origine de la voix, mais n'entendit que Jeb me vociférer:
- Merde, Keyah! Cours!
Il me prit violemment le bras pour me relever. Il m'entraina sur une zone protégée des balles de notre adversaire. Il défonça la porte d'un coup de pied. Une porte de métal, une porte qu'un humain ne peut pas défoncer avec un simple coup de pied.
Telle une automate, Jeb nous fit courir dans l'entrepôt pour trouver un endroit où se cacher. Il parvint à dénicher un lieu où s'entassait une pile de poutres de métal. Il me fit accroupir derrière et me demanda:
- Es-tu blessée?
- Euh… Non, je ne crois pas.Je me regardais, ne trouvant que mes paumes et mes genoux éraflés. Le déclic de la douleur se fit et je poussai un petit gémissement.
- C'est quand j'ai… entendue... une voix me parler.
- Une voix?Mon Yeti arqua un sourcil. Je pouvais remarquer que les arcanes de son cerveau se mettent en branle pour déterminer ce que je voulais dire par là.
- On m'a dit que le fusil avait un silencieux. C'est pour ça qu'on entendait pas les coups de feu sauf lorsqu'elle nous frôlait? Et tu veux mon avis, je ne crois pas qu'il soit un bon tireur notre ennemi.
L'homme en face de moi confirma en hochant simplement la tête, sans rien dire. Il semblait remettre en question ce que je lui disais. Même moi, je me remettais en question cette voix que j'avais perçu. Mais, cette dernière m'était venue en aide, me permettant de trouver une parade aux tirs.
J'étais certaine d'une chose: elle ne me voulait pas de mal.
Un bruit me fit sursauter: une lourde porte venait de s'ouvrir. Jeb avait les yeux clos et semblait très concentré. Il était encore accroupi et son corps semblait détendu. Non, prêt à agir. Son corps n'était pas tendu comme le mien, malgré qu'une partie de moi savait comment ne pas se laisser aller à la panique. Percevoir ces changements en moi qui me permettaient de trouver le juste équilibre entre la peur et l'insouciance me terrifiait. Il me semblait que je répétais une chorégraphie qui m'avait suivie toute ma vie. Ma respiration se fit lente et silencieuse, mes jambes campées étaient prêtes à bondir. Une infime partie de moi semblait hors propos: moi. Tout le reste paraissait prêt à faire face à ce danger.

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Cait Sidh 1: l'ignorance tue (PAUSE)
FantasiaEN COURS DE RÉÉCRITURE POUR REVENIR EN MIEUX ! Au crépuscule de mes 22 ans, je découvre que mon histoire et qui je suis, tout est faux. Que je n'appelle pas Kelly, mais Keyah. Et que je ne suis pas une simple humaine, mais quelque chose de bien plus...