Chapitre 6

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Je m'attendais à ce qu'il fasse une connerie, mais il a simplement expliqué ce que je venais de lui proposer, et posé ses propres conditions pour le suivre ;
-Si vous restez avec Ethan et...
-Jana, ai-je dit.
-Jana, ils voudront probablement monter une démocratie ou ce genre de conneries, et honnêtement, chacun ses goûts. Si vous me suivez, vous vous éclaterez, mais vous êtes sous mon autorité. Vous vivrez sous mes règles. Et on ne déconne pas avec mes règles.
Quand il a terminé sa tirade, Ethan a frappé dans ses mains, réveillant tout le monde.
-Vous l'avez entendu ! Et chipotez pas vingt minutes, dans cinq minutes on s'en va.
Esther est venue à ma rencontre.
-Hey, ça te dirait de couper par le champ de fleurs ? m'a-t-elle proposé.
-Ouais, pourquoi pas.
-Super ! Par contre comme ça nous fait un détour, on ferait mieux de partir maintenant.
-D'accord. Pas de problème.
Elle est allée récupérer une carte, laissant la seconde à Ethan, et la troisième à Graham. Il faudrait qu'on trouve plus de cartes, si possible.
Esther et moi nous sommes engagées à l'oblique dans la forêt. Au bout de cinq minutes de marche, elle a commencé à tripoter ses cheveux.
-T'aurais pas un élastique, s'il te plaît ?
Mes propres cheveux n'arrêtaient pas de m'arriver dans les yeux et de trancher ma vue de mèches brunes donc non, je n'avais pas d'élastique.
-Non, désolée. Au fait, pourquoi tu voulais passer par là ? ai-je demandé en enjambant une racine.
-Bah, c'était intriguant. Toute la carte était légendée en anglais, et imprimée à l'ordi bien sûr, à part cet endroit-là. Quelqu'un a mis une annotation là, sans savoir si quelqu'un pouvait la comprendre ensuite, donc ça doit être important. Heureusement qu'on t'a eue, sur ce coup-là.
-Que sur ce coup-là ?
-Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.
On est parvenues jusqu'au champ en bavardant tranquillement, tout en gardant un rythme correct. C'était un champ de fleurs normal, ce qui semblait décevoir Esther, qui s'est tue. Je me suis demandée à quoi elle s'attendait d'un champ de fleurs, mais n'ai pas posé la question, présumant qu'elle même ne savait pas vraiment ce qu'elle en voulait.
Désirant dissiper la gêne, je me suis baissé et ai cueilli une poignée de fleurs de ma main valide, me suis assise et ai commencé à les tripoter. Si j'avais mes deux mains, j'aurais commencé à trouer les tiges pour faire une couronne, mais je ne pouvais pas, alors je les ai triés par type.
-Tu sais les reconnaître ? Ai-je demandé à Esther. Je veux dire, à part les pâquerettes, quand même.
-Prends-les, si tu veux. On devrait y aller.
-OK.
En défaisant mon classement, j'ai pris les fleurs dans mon poing et l'ai suivie.
Ca nous a pris quasiment une heure pour rejoindre le village du lac, qui était déjà pris d'assaut de toutes les façons possibles. Les gens couraient dans les rues, soit en se partageant différentes denrées alimentaires (j'ai notamment remarqué un groupe de trois garçons en train de se partager une conserve de lentilles...pourquoi pas?), soit en se disputant pour savoir qui allait vivre avec qui, ou en discutant/se battant. C'était un vrai champ de bataille.
-On devrait prendre une maison avant qu'il n'y aie plus de place, a suggéré Esther. Même sans Graham et Compagnie, je ne suis pas sûre que tout le monde rentre.
-T'as raison, ai-je approuvé. Préférence en matière d'emplacement ?
Elle a secoué la tête et poussé la porte de la première maison qui semblait encore inoccupée, et elle l'était effectivement. J'ai sorti un verre pour y mettre mes fleurs.
-Faudrait qu'on retourne à l'hôtel de ville, à l'occasion, a dit Esther en s'asseyant sur une chaise.
J'en ai déduit qu'elle parlait du bâtiment plus haut.
-Comment tu sais que c'est l'hôtel de ville ? Ai-je demandé. A part ça, on n'a qu'à y aller maintenant, on n'a rien de mieux à faire.
-Je sais pas, ça me paraît évident. Et à mon avis on ne devrait pas bouger avant que ça se calme un peu dehors. Sauf si tu trouves des clés pour fermer derrière nous.
Je n'ai pas trouvé de clés. Quand j'ai terminé de mettre les fleurs dans un vase (vase qui s'est avéré être un verre), j'ai tendu ma main pour attraper une chaise. Mon bras droit a réagi. Etonnée, je l'ai retirée de mon écharpe et tenté de le tendre, ce qu'il a fait. Il bougeait à nouveau normalement.
-C'est bizarre, a fait Esther en se retournant vers moi. Il était cassé, non ?
-Aucune idée, lui ai-je répondu. C'est le genre de choses qu'on aurait pu savoir si on avait eu des adultes.
J'ai dû me faire un traumatisme ou quelque chose comme ça. L'important, c'était que ca aille mieux non ?
N'empêche, c'était bizarre.

Échoués (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant