Prologue.

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Il fait noir. J'ai froid. J'ai cette sensation d'apesanteur, comme si plus rien n'a d'importance, comme si, plus rien ne me retenait, je n'ai plus de boulet accroché à ma cheville qui m'empêche d'avancer. Je suis libre. Libre de mes choix. Libre de mes décisions. Mais surtout, libre de mon avenir. Douce illusion. Mes choix. Mes décisions. Mon futur. Tout était déjà tracé depuis bien longtemps.

Je retiens ma respiration. Pourquoi? J'en sais rien. Mais ce dont je suis sûr, c'est ce poids dans ma tête, dans mon cœur. Tous deux vont imploser. Je vais imploser.
J'ai peur, je suis tétanisé. Je veux t'appeler, mais j'en suis totalement incapable. Oú es-tu? Tu me l'avais promis. J'ai besoin de toi! Pourquoi tu n'es pas là?

J'ai besoin de vous.

La panique a pris possession de mon corps. Je commence à m'agiter et à manquer d'air, je n'arrive plus à respirer. Ma tête me fait horriblement mal. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Mon corps entier va se briser dans ce silence effrayant.

J'étais seul. Je suis seul.

Quand soudain, je crois entendre un cri. Le son provenait de si loin, il est étouffé, à peine audible, qui pouvait bien crier comme ça? Qui était cette personne recherchée? Elle devait être vraiment importante pour qu'il se mette dans de tels états.

Le cri se rapprochait, je crois reconnaître cette voix. Mais ça ne peut pas être lui. Il ne peut pas être là.

Au moment où mon cœur a enfin reprit ses battements habituels, je me suis senti aspiré vers les profondeurs. Quelqu'un ou quelque chose a agrippé ma cheville et m'entraînait dans l'inconnu à nouveau. Pris par surprise, terrorisé et manquant d'air, j'ouvrais la bouche dans un cri de désespoir que personne n'entendrait. L'eau s'engouffra dans ma bouche et s'infiltra dans mes poumons.

Étrangement, à cet instant, tout s'est apaisé. Le brouhaha qui s'était créé dans ma tête se tu. Plus rien.
Une sensation de paix m'envahît instantanément. J'ai ouvert les yeux tout en continuant de m'enfoncer dans l'eau. Contrairement à il y a quelques minutes, elle était étrangement magnifique. La lumière que je commençais à percevoir de nouveau devenait de plus en plus flou. Je m'y sentais bien. Je pouvais à présent fermer les yeux et m'endormir pour la toute dernière fois.

La dernière vision qui s'offre à mes yeux c'est cette main, venant dans ma direction que je reconnaîtrais entre mille. Il me l'avait si souvent tendue. En remontant mes yeux le long de son bras, j'ai pu rencontrer ses yeux. Ils étaient si inquiets, si triste, si désemparés. NamJoon. Je suis désolé. Je suis tellement désolé. Ses lèvres me hurlaient de revenir et de prendre sa main.
Alors pour lui, pour eux, j'ai essayé. J'ai tenté d'attraper ses doigts. Mais, au moment où ils allaient se toucher.

J'ai ouvert les yeux.

Black SwanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant