Chapitre 7 : Conseil

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Je rentre une énième fois de l'université en n'ayant rien suivi. Je n'y arrive plus, c'est trop dur. Et ce n'est pas en écoutant ces profs qui viennent en étant lassés de répéter la même chose, que je vais changer. Je suis un connard, égoïste et toxique.

J'ai fait souffrir la personne que j'aime le plus. C'est un fait. C'est arrivé, pas dans un cauchemar, mais dans la réalité. Je ne peux pas revenir en arrière. Livaï m'évite : mange à l'extérieur ou dans sa chambre, fait des heures supplémentaires et détourne le regard s'il me croise en rentrant à la maison. Alors comment pourrais-je rattraper ça ?

Ça fait combien de temps déjà ? Presque un mois si je ne dis pas de connerie. Un mois depuis le jour où j'ai tenté de le... Le... Que je l'ai fait souffrir.

— T'es triste monsieur ?

La voix d'une gamine me ramène sur terre. Elle est assise sur le siège voisin au mien et me regarde avec de grands yeux pleins de curiosités. Je lève une main jusqu'à ma joue. Elle à raison, je pleure. Des perles d'eau salées coulent de mes yeux pour venir mouiller mon pantalon. Depuis combien de temps suis-je comme ça ?

— Quand je suis triste ma maman elle me dit que ça sert à rien de pleurer dans mon coin.

Suis-je vraiment en train de me faire réconforter par une enfant de huit ans ou peut-être sept ? Je dois vraiment être tombé bien bas. J'excise un sourire, trouvant ma situation complètement risible.

— Et ta maman, elle ne t'a jamais dit de ne pas parler aux inconnus ?

— Oui, mais t'étais triste...

Cette gamine me fait penser à moi au même âge. Moi aussi je n'aimais pas voir les autres pleurer, alors j'allais les voir. Sauf que mes méthodes étaient plus brutales.

~~~

Je tenais la main de ma mère. Elle était venue me chercher à l'école pour me faire une surprise. J'étais vraiment content quand je la vis au loin. Je m'étais jeté dans ses bras et l'avais serré de toutes mes forces. C'était le jour où elle avait démissionné.

Nous passâmes devant une boulangerie. L'odeur était agréable au point de faire gargouiller mon petit estomac.

Tu veux quelque chose ?

Me demanda ma mère le visage rayonnant, même si je pouvais y déceler une certaine fatigue.

J'opinai du chef en montrant du doigt un petit pain au chocolat qui me faisait de l'œil. Ma mère s'accroupit devant moi en me tenant les épaules. Elle me demanda de l'attendre ici, de ne pas bouger, qu'elle revenait, puis elle entra dans le petit magasin. De l'extérieur on pouvait bien voir qu'il y avait beaucoup de monde et que l'attente allait être assez longue.

Je m'assis sur le trottoir, les coudes sur les cuisses et ma tête entre mes mains. Pour un gamin même une minute lui paraissait être une éternité, alors je m'ennuyai. Mon attention fut attirée par une silhouette, assise à même le sol, appuyée contre un muret qui entourait le parc à chien de l'autre côté de la route.

Ma mère m'avait toujours interdit de traverser seul la route, mais je n'étais pas le gamin le plus obéissant du monde. Je me redressai, regardai à gauche puis à droite et traversai la rue. Heureusement pour moi il n'y avait pas beaucoup de passage.

J'arrivai aux côtés de la personne qui était en fait une femme en pleure. Elle n'avait même pas remarqué ma présence. Je tapotai sur sa tête, la faisant sursauter. Quand elle leva ses yeux bouffis vers moi, j'ouvris la bouche.

Tu es à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant