Chapitre 11 : Tensions

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— Salut.

Dit Livaï en arrivant dans la salle à manger où je me suis installé pour finir un travail que je dois rendre pour aujourd'hui. Oui je sais, ce n'est pas très sérieux de faire ses devoirs le jour même, mais les mauvaises habitudes sont les plus persistantes.

— Salut. Je lui retourne sans décoller les yeux de mon ordinateur. Tu vas mieux ?

— Ouais.

Il va dans la cuisine pour se servir un thé — il aime vraiment le thé noir. Je lui lance un rapide regard puis replonge immédiatement dans ma rédaction qui commence à devenir bien barbante.

— T'as toujours l'air aussi crevé.

Je souffle en commençant mon dernier paragraphe.

— Ça ne change pas de d'habitude.

Il s'installe en face de moi. Adieu concentration...

— T'es sûr que ça va ?

Il glisse ses pupilles grises sur moi et me regarde ainsi un petit moment. Je me fais violence pour essayer de finir mon texte et ne pas rougir. Bordel, il vient de se réveiller. Comment fait-il pour être aussi sexy dès le matin ?

Il boit une gorgée de son thé. On peut dire qu'il a une façon bien à lui de tenir sa tasse. En effet, il ne l'agrippe pas par l'anse mais par le dessus. Si je me souviens bien il fait ça car, un jour, alors qu'il avait pris une tasse par l'anse, celle-ci s'est cassée renversant tout son contenu sur lui et par terre. À chacun ses traumatismes.

— Je ne bosse pas aujourd'hui, je vais donc rester me reposer à la maison. Souffle-t-il avec désinvolture. Content ?

J'opine du chef, cachant mon agacement. Il ne prend sa santé absolument pas au sérieux. Ça m'énerve. Mais bon, ça ne sert à rien de lui faire des remarques, je suis sûr et certain qu'il ne m'écouterait pas de toute façon.

Je me demande vraiment si c'est bien moi le plus jeune entre nous deux. Est-ce qu'il ne serait pas en pleine crise de la trentaine ? Il n'a pas encore trente ans, mais il s'en approche. Est-ce que c'est ça qui le fait agir de la sorte ?

Je finis rapidement la conclusion de mon devoir puis, après une rapide relecture, le transfert dans ma clé USB. Il faut vraiment que j'arrête d'attendre le dernier moment pour faire ce genre d'exercice...

— Pourquoi ne pas être rentré directement à la maison hier ? Je demande. Si tu étais si fatigué tu n'aurais pas dû proposer un bowling.

— Rentrer et puis quoi ? Tourner en rond dans ma chambre ? Non merci.

— Te reposer.

— Facile à dire.

Cette remarque me fait tilter.

— Tu as des problèmes pour dormir ? Il opine du chef. Tu pourrais en parler à mon père, il te prescrira des...

— Arrête ça Eren...

Il est sérieux ? Je ne fais que m'inquiéter pour lui. Pourquoi ne le comprend-il pas ?! C'en est trop, je tape du poing sur la table. Ce geste soudain le fait sursauter. Très bien, j'ai toute son attention au moins.

— Tu te fous de qui là ? Je demande sur un ton froid. C'est toi qui devrais arrêter tes conneries ! On dirait que tu te fous pas mal de ta santé ! Pourquoi ?!

— Je sais m'occuper de moi, c'est clair ?! Fin de la conversation.

Je me redresse brusquement et me rapproche de lui. Par réflexe il recule jusqu'à être bloqué par le plan de travail. Je m'appuie de part et d'autre du noiraud et me baisse. Nos visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, mais il soutient mon regard.

Tu es à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant