Chapitre 2

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--Je n'arrive pas à bouger, je suis allongée en face d'elle, elle me tend sa main, dans un ultime effort.

- "Oh mon bébé, je t'aime tellement, ne l'oublie jamais." Me dit-elle.--

Je me réveille en sursaut, couverte de sueur.
Une nouvelle journée enfermée...
Je gratte une nouvelle barre à côté des autres, à l'aide de mon ongle. Cela fait maintenant 5 jours que je suis enfermée ici, et que je fais ce rêve chaque nuit, sans pouvoir identifier cette femme. Elle me parle avec tellement d'amour, tellement de tendresse, que j'ai supposé que c'était ma mère.
Quelle fille je fais ! Je ne me souviens même pas de ma mère !
Le problème c'est que dans ce rêve, je perçois aussi de la douleur et une profonde tristesse. Je sens que les larmes me montent aux yeux, j'enfonce alors profondément mes ongles dans la peau de ma main.
J'ai assez pleuré comme ça ! Il faut que j'arrête de m'apitoyer sur moi-même et que je trouve une façon de sortir d'ici.
Je m'approche alors de la fenêtre. Elle est extrêmement sale, je passe ma main dessus pour essuyer un minimum de crasse pour voir à l'extérieur. Le soleil est encore bas et laisse des traînées roses dans le ciel.
Il doit être encore tôt...
Dehors, je peux voir une forêt dense, aux arbres immenses, entourés de hauts buissons épineux.
Ah le con... Où m'a-t-il emmenée ?
En regardant mieux, je me rends compte que le grenier dans lequel je me trouve n'est pas si haut que ça du sol. Et là... Une idée folle me traverse l'esprit.
Et si...
Je balaye la pièce du regard à la recherche d'un objet susceptible de briser la vitre.
Mais oui ! Le seau !
Je me précipite vers celui-ci et verse l'eau qu'il contenait sur le sol poussiéreux. Je tends alors l'oreille, pour vérifier que le champ est libre. Aucun bruit.
Mon cœur bat à toute allure, je sens mon sang affluer dans mes veines plus rapidement que jamais, et là, à l'aide du seau, je frappe la vitre de toutes mes forces, en laissant échapper un cri. Elle se brise au bout de quelques secondes secondes seulement.
Yes !

- "Putain ! Qu'est-ce qu'elle fait encore cette salope !" Entendis-je Adrien crier.

Je grimpe sur le rebord de la fenêtre et regarde en bas.
Merde... Ça avait l'air moins haut tout à l'heure...
J'entends alors des pas pressés au sous-sol, et une clé tourner dans la serrure de la trappe.
C'est maintenant ou jamais.
Je saute à l'instant même où la trappe s'ouvre. Je m'écrase alors sur le sol, la tête la première. Je suis sonnée mais arrive tout de même, après deux tentatives, à me relever.
Je me retourne rapidement et jette un regard vers la fenêtre du grenier. Adrien me regarde en agitant les bras et semble crier, mais je n'entends rien, à part le bruit des battements sourds de mon cœur.
À partir de ce moment, je cours, je cours comme je n'avais jamais couru avant, l'adrénaline et l'espoir me donnant de la force.
La petite robe blanche que je porte ne m'aide pas, et se prend à plusieurs reprises dans des ronces.
Cours, cours ! Ne t'arrête surtout pas !
J'ai l'impression que cette forêt n'a pas de fin. Mes jambes me font extrêmement mal, et mes pieds nus me font terriblement souffrir.
Cinq minutes, cinq petites minutes de pause. Ça ne peut pas faire de mal.
Je m'arrête alors et m'assois contre un arbre, essouflée. Mes poumons me brûlent et j'ose à peine regarder l'état de mes pieds. Ma tête tourne, je suis obligée de prendre appui sur mes mains pour ne pas basculer d'un côté ou de l'autre.
Je vais mourrir. Je vais mourrir ici sans savoir vers qui diriger mes dernières pensées.
Je pense très fort à la femme de mes rêves, en laissant mes yeux se fermer, doucement.

Lorsque je me réveille, il fait pratiquement nuit. Je regarde autour de moi, désorientée.
Qu'est-ce que je dois faire ? Je ne sais même pas où je suis...

- "À l'aide ! Est-ce que quelqu'un m'entend ?" Criai-je, aussi fort que je le pouvais.

Aucune réponse.
Seule, voilà ce que je suis.
Je me relevai, et recommençai à marcher, je ne pouvais pas rester là indéfiniment.

- "Ah ! Te voilà enfin !"

Je me retournai et vis Adrien, le visage crispé par la peur et l'inquiétude.
Je me remis à courir, avec le peu de force qu'il me restait.
Non. Non. Je ne veux pas. Pas encore.

- "Reviens ! Je vais t'attraper de toutes manières !" Rit-il.

Cet homme est fou. Fuis-le !
Je me retournai, l'espace d'une minuscule seconde, pour voir où il était.
Le choc fut violent. Je me cognai contre ce que je supposais être un arbre et m'écroulai par terre.
Non...
Je le vis s'approcher de moi.

- "Je te l'avais dit." Me dit-il, moqueur.

Il me prit dans ses bras, comme on porte un jeune enfant. Mes bras et mes jambes se balancent dans le vide, au rythme de sa marche.
Je sens mes paupières se fermer.
Non ! Reste éveillée ! Enfuie toi !
Je suis trop fatiguée, trop épuisée, désespérée.

- "Non... S'il vous plait... Laissez-moi..." Parvins-je à dire, dans un souffle.

Il me regarda, un semblant de compassion dans le regard.

- "Je ne peux pas Gabriele, je ne peux pas. Maintenant, tiens toi tranquille." Me dit-il fermement.

Comment ça il ne peut pas ?
Mes yeux se refermèrent, puis, trou noir.

Mémoire KidnappéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant