Mémoire Kidnappée

Chapitre 7

Cela faisait maintenant une semaine qu'Adrien m'avait détachée du lit et que je pouvais me balader librement dans la pièce. Autant vous dire que je m'ennuyais à mourir...
J'étais pratiquement tout le temps seule.
Sauf le matin, lorsque Adrien m'apportait mon petit-déjeuner, toujours sur le même plateau rouge au logo Coca-Cola, avec deux tranches de pain et du beurre, de même longueur, et un verre d'eau. Puis, le midi et le soir lorsqu'il m'apportait mon repas.
Vers 17h, sa fille Léa venait aussi me voir en rentrant de l'école, pour discuter.
Au début, elle était très timide et se contentait de me présenter chacune de ses poupées Barbie en les faisant parler, puis, au bout de deux jours, a commencé à me laisser jouer avec elle.
Cette petite fille était vraiment adorable. Elle me tenait compagnie pendant des heures entières juste pour ne pas me laisser seule. Lorsque son père l'appelait à table, elle m'embrassait sur la joue et me souhaitait bonne nuit d'une voix timide.
Mais cette vie ne me convenait pas. J'appréciait sincèrement cette fille, et son père ne me posait plus aucun problème, mais j'en avais marre de rester enfermée ici.
J'entendais du bruit dans la pièce d'à côté, sûrement la télé, ce qui voulait dire qu'Adrien était là.
Maintenant ça suffit. Il va me dire ce qu'il attend de moi, qu'il le veuille ou non.

- "Adrien !" Criai-je.

Aucune réponse.

- "Adrien !"

J'entendis une chaise grincer sur le sol puis des bruits de pas jusqu'à ma porte. Lorsque celle-ci s'ouvrit, Adrien me lança un regard plein de reproches.

- "Arrête de crier comme ça ! J'ai super mal à la tête ! Qu'est-ce que tu veux ?" Me dit-il, énervé.

Je croisai mes bras, dans l'espoir de paraître plus impressionnante.

- "Je veux que tu me dises ce que tu attends de moi. Maintenant ça suffit. J'en ai marre d'attendre." Lui répondis-je fermement, déterminée à obtenir des réponses.

Il me regarda droit dans les yeux quelques secondes puis se mit à rire.

- "Arrête de rire ! Je suis très sérieuse ! Je veux des réponses !" M'excalmai-je, vexée.

Il haussa les sourcils, amusé, puis posa ses mains sur ses hanches.

- "Olala ! Mademoiselle veut des réponses ! Sinon tu vas bouder c'est ça ?" Dit-il d'une voix aiguë en voulant m'imiter.

- "Ta gueule Adrien." Grimaçai-je.

Il fronça les sourcils puis s'approcha de moi et me prit par le poignet violemment, l'air menaçant.

- "Eh ! Je suis sympa avec toi grâce à Léa mais n'oublie pas QUI est en position de force ici. Tu n'es pas en mesure de réclamer quoi que ce soit." Me dit-il froidement.

Lorsqu'il remarqua ma peur, il se détendit et me relâcha.

- "Ex... Excuse moi..." Marmona-t-il.

Surprise par ses excuses, je restai muette quelques instants.

- "Adrien, dis moi. S'il te plait." Lui réclamai-je à nouveau.

- "Ok..." Céda-t-il finalement.

Il s'assit sur le lit et tapota à côté de lui pour que je le rejoigne. Hésitante, j'allai m'asseoir un petit peu plus loin.

- "Enfaite, j'ai besoin de toi pour..." commença-t-il "La mère de Léa veut récupérer ma fille, et est donc allée voir un juge pour obtenir ce qu'elle veut. Pour paraître plus convainquante, elle est allée raconter que je vivais dans un environnement mauvais pour notre fille et sa santé. Le juge a alors demandé à une femme des services sociaux de venir me rendre visite et constater par elle-même dans quelles conditions je vivais. Lorsqu'elle est venue pour la première fois, elle n'a trouvé qu'un seul problème : je vis seul. Aucune femme n'est là pour Léa dans ma maison. Pour l'aider à faire ses devoirs ou répondre à ses questions pour des problèmes... De fille..."

Sa révélation me laissa perplexe. D'un côté, ce que vivait Adrien me faisait éprouver de la peine mais d'un autre côté, je ne voyais pas en quoi je lui serais utile.
En voyant mon incompréhension, Adrien m'expliqua.

- "Donc je me suis dit que... Qu'elle avait raison. Que Léa avait besoin d'une présence féminine. Un soir, alors que j'allai en ville pour faire quelques courses, j'ai vu une voiture sur le bas-côté de la route. À l'extérieure, il y avait deux personnes allongées sur le sol... C'était toi... Et ta mère... Tu étais inconsciente et ta mère était... Morte... J'ai alors pris mon portable pour appeler les secours mais il n'y avait pas de réseau. Je me suis dit que c'était le destin. Que la vie m'offrait une chance. Je t'ai donc amenée chez moi et soignée. Tu ne t'es réveillée que deux jours plus tard. Voilà, maintenant tu sais tout. J'ai besoin de toi pour ne pas perdre ma fille." M'avoua-t-il.

Il me regardait fixement, dans l'attente d'une réaction, d'une réponse de ma part.
Mais je ne savais pas quoi lui dire. Je ne savais pas comment interpréter tout ça.
Alors c'est vrai... Ma mère est morte...
Un tas de sentiments contradictoires me traversaient sans que je n'arrive à un discerner un seul d'entre eux. Je me sentais vide.

- "Gabriele... Dis moi que tu vas m'aider... Je t'en pris..." Me dit Adrien d'une voix suppliante.

Il posa ses mains sur les miennes et les serra.

- "Gabriele... Si la garde de ma fille venait à m'être retirée, je n'y survivrais pas."

La porte d'entrée claqua dans un bruit sourd, comme pour combler ce silence pesant.

- "Papa ! Je suis rentrée !" Cria Léa.

Adrien continuait de me fixer, en ignorant les appels de sa fille.

- "Papa ? T'es où ?"

La petite blonde aux yeux bleus apparue alors sur le pas de la porte et nous regarda.
Puis, elle se précipita sur moi et me caressa les joues.

- "Gabriele ? Pourquoi tu pleures ?" Me demanda-t-elle d'une petite voix.

Je pleure ? Ah oui.
Je passai une mains tremblante sur mes joues pour essuyer mes larmes, et lui fit un sourire.

- "Pour rien. Ne t'inquiète pas ma puce, tout va bien." La rassurai-je, en lui caressant les cheveux lentement.

Elle me fixa, l'air peu convaincu, puis se leva, me fit un câlin, et sortit de la pièce.

- "D'accord." Dis-je, au bout de quelques minutes. "D'accord. Je vais vous aider."

Adrien se leva brusquement et fit un magnifique sourire.

- "Oh merci. Merci, merci, merci. Vous êtes vraiment quelqu'un de bien Gabriele."

Je lui fis un léger sourire et Adrien sortit de la pièce en criant de joie.
J'ai fait le bon choix. Non ?

J'étais tellement loin de me douter de la vérité.