Mémoire Kidnappée

Chapitre 1

C'est une douleur lancinante à la tête qui me réveilla en sursaut.
J'y portai ma main en grimaçant. Aïe, j'ai une sacré bosse...
La pièce dans laquelle je me trouvais était très sombre, la seule source de lumière provenait d'une petite fenêtre ronde, en face de là où j'étais assise.
Le sol était brisé à certains endroits et recouvert de poussière, ce qui me fit éternuer.
Quelques bouts de tissus étaient suspendus au plafond.
À côté de la fenêtre était un seau, rempli d'eau. Je me levai, d'une lenteur surmenante, et trempai ma main dedans. Elle était fraîche. Je me mouillai le visage et bus un peu en mettant mes mains en coupe.
Quel est cet endroit ? J'essaie de me souvenir comment je suis arrivée là mais aucun souvenir ne me revient. Aucun. La panique monta aussi vite que la peur et je me mis à crier.
Soudain, des bruits de pas se firent entendre dans un éventuel étage inférieur. Un homme ouvrit une trappe quelques secondes plus tard, y passa sa tête et me regarda avec un sourire étrange.

- "Alors comme ça, la belle au bois dormant est réveillée."

Il y glissa alors tout le reste de son corps et ferma la trappe à clé derrière lui. Il s'approcha de moi d'un air calme et froid, une main tendue vers mon visage, ce qui me fit instinctivement reculer.

- "À l'aiiiiiiiiiiiiiide ! Aidez-moi !"

Mon cri le fit aussitôt réagir et il me couvrit la bouche avec sa grande main rugueuse.

- "Calme toi, je ne te veux aucun mal." Me dit-il.

Je le regardai droit dans les yeux avec un air de méfiance. Il semblait seulement attendre que je me calme. Ses yeux d'un bleu profond n'étaient pas effrayants, non au contraire, ils se voulaient réconfortants.
Il retira sa main dès que je fus calmée. Il m'aida à me relever délicatement en passant ses mains sous mes aisselles, car je tenais à peine sur mes jambes. Il faisait au moins une tête de plus que moi. Il attendit que je trouve l'équilibre et me relâcha.
Il s'éloigna ensuite de moi, s'assit par terre et commença à me fixer d'une façon étrange. Plusieurs secondes s'écoulèrent avant qu'il ne reprenne la parole.

- "J'imagine que tu dois avoir un tas de questions."

Bizarre ce mec. Effectivement j'avais beaucoup de questions, comme : Au fait, comment je m'appelle ?, Qui êtes-vous et pourquoi m'avez-vous amenée ici ?, ou bien encore Pourquoi je ne me souviens plus de rien ? Mais aucun son ne sortit de ma bouche.

- "Eh bien ! Es-tu devenue muette ?" Rit-il.

Son rire me parut malveillant. Dans un dernier élan d'espoir, je couru vers la trappe et cognai dessus de toutes mes forces.
Malheureusement, l'homme m'attrapa par les hanches et m'envoya valser à l'autre bout de la pièce comme si je n'étais qu'un vulgaire oiseau sans défense. Comment un homme qui avait l'air si gentil pouvait être aussi violent ?
Je me cognai la tête contre le mur dans un bruit sourd, puis le regardai tapoter ses poches à la recherche de sa clé, ouvrir la trappe, et commencer à descendre.

- "C'est simple. Tant que tu voudras t'enfuir, je te laisserai enfermée ici." Me déclara-t-il froidement avant de refermer la trappe derrière lui.

Je l'ai observé partir sans pouvoir bouger, sans pouvoir dire quoi que ce soit. J'avais terriblement sommeil d'un seul coup, et mes yeux se fermèrent lentement, non sans avoir laisser échapper quelques larmes.

Lorsque je me réveillai, il faisait nuit. Seule la lune éclairait un minimum la pièce.
J'essayai de me lever mais trébuchai en retombant lourdement sur le sol. Je recommençai à pleurer lorsque mon ventre se fit soudain entendre.

- "Tu as faim, je me trompe ?"

L'homme sortit de la pénombre et vint s'accroupir à mes côtés.

- "Si tu me promet de ne plus essayer de t'enfuir, je te donnerai à manger. Le plat que tu préfères." Me dit-il en souriant.

Que je préfère ? L'image d'un steak juteux accompagné de pommes de terre, à la sauce au poivre me vint à l'esprit. Putain... Je me souviens de ça mais pas de mon prénom ?

- "Non." Lui répondis-je fermement, énervée.

Comme pour me contredire, mon ventre se remit à gargouiller, ce qui fit rire l'homme.

- "Je vois..." Commença-t-il "Et si j'accepte de répondre à certaines de tes questions, tu voudras bien manger ?"

Je le regardai, incrédule. La tentation était trop forte, j'acceptai en hochant vaguement la tête.
Il attendit mes questions, et comme je ne parlais pas, m'incita en me touchant l'épaule.

- "Comment je m'appelle ?" Lui demandai-je finalement.

- "Gabriele." Me dit-il.

Gabriele... J'aime bien.

- "Qui êtes-vous ?"

- "Je m'appelle Adrien."

Adrien me regardait en souriant. Malgré ses magnifiques yeux bleus, c'était un garçon assez banal, qu'on pouvait croiser dans la rue sans remarquer. Un formidable atout lorsqu'on enlève des gens.

- "Pourquoi m'avez-vous enlevée ? Et où sommes-nous ?"

Son sourire disparut et il se releva, l'air crsipé.

- "Assez de questions pour aujourd'hui, je vais t'amener quelque chose à manger." Me dit-il avant de partir rapidement.

Quelques minutes plus tard, il remonta avec un plateau sur lequel reposait un magnifique steak avec des pommes de terre et de la sauce, qu'il posa délicatement par terre.
Comment sait-il que c'est mon plat préféré ? Je ne lui ai rien dit !

- "Voilà, bon appétit !" Me dit-il en commençant à se retourner "Ah, j'allais oublier ! Je t'ai apporté un miroir, je me suis dit que ça pourrait t'intéresser..."

Il me tendit le minuscule miroir en question, que je posai sans y jeter un coup d'œil. Il me lança un regard étonné, attendit quelques secondes puis partit, sans rien dire.
Lorsqu'il referma la trappe, je saisis l'objet d'une main tremblante et me regardai.
Il me renvoya le reflet d'une femme d'environ 20 ans, aux yeux verts, et aux cheveux mi-longs, ondulés et très épais.
Alors c'est à ça que je ressemble ?
J'étais déçue. Non pas de mon apparence, mais j'avais nourri l'espoir fou de retrouver la mémoire en me regardant. Mais non, rien. Dans ma tête, c'est le néant.