Chapitre 6

80 8 0
                                    

Retour au point de vue d'Adrien :

- "Papaaaaaaaaaaaa !"

Ce cri strident me réveilla en sursaut. J'envoyai la couverture à l'autre bout du matelas et essayai de me lever, avant de retomber lourdement sur le sol poussiéreux dans un grand bruit.
Merde.

- "Papaaaaaaaaaaaa !" Cria à nouveau Léa.

J'ouvris la porte brusquement, en la faisant cogner violemment contre le mur, puis descendis les escaliers précipitamment, en loupant quelques marches au passage. Arrivé en bas, je vis ma fille, devant ma chambre, dont la porte était restée grande ouverte. Elle était debout, immobile, pétrifiée.

- "Putain Léa ! Je t'avais pourtant dis de ne pas aller dans cette chambre !" Lui hurlai-je.

La colère que j'éprouvais à cet instant me donnait envie de frapper quelque chose. Je levai la main vers Léa et lui envoyai une claque tellement puissante qu'elle l'envoya au sol. La fillette, d'abord choquée, me regarda, les yeux écarquillés, puis, je vis de grosses larmes perler aux coins de ses yeux.

- "Mais... Je... J'avais entendu... Du bruit... Alors..." Tenta-t-elle de s'excuser.

Adrien. Mais qu'est-ce que tu as fait bon dieu ?
Je venais de frapper ma fille. Ma chère petite fille. Soit, la seule personne au monde à laquelle je tenais vraiment. Le remord me submergea, et je m'approchai de Léa pour la prendre dans mes bras mais celle-ci recula.
Elle a peur. Elle a peur de moi à présent.
La colère me regagna, car, je ne voyais qu'une seule coupable ici. J'entrai alors dans ma chambre, en claquant la porte derrière moi. Je fis face à Gabriele en serrant les poings tellement fort que mes jointures devinrent blanches. Celle-ci me lança un regard apeuré. Je m'approchai d'elle et lui arrachai le ruban adhésif de la bouche en lui laissant sur le visage des traces de griffures.

- "Adrien arrête s'il te plait, ne me fais pas de mal..." Me supplia-t-elle, les larmes aux yeux.

- "Je t'avais pourtant prévenue... Je t'avais dit à quel point je tiens à ma fille... À cause de toi maintenant, elle a peur de moi..." Lui répondis-je.

Mon poing me démangeait affreusement. J'avais tellement envie de lui envoyer en pleine figure. Mais je ne pouvais pas...
N'oublie pas que tu as besoin d'elle Adrien.
Mon subconscient me soufflait cette vérité, que je voulais maintenant oublier. Je levai ma main, lentement vers elle. Les yeux de Gabriele me montraient à quel point elle était désespérée et effrayée.
Ne fais pas ça Adrien.
Ta gueule. Ta gueule sale conscience. Ma main tremblait, comme impatiente.

- "Papa... Ne lui fais pas de mal..."

Je me retournai, et vis Léa, sur le pas de la porte, la joue encore rouge après ma claque.

- "Ma puce... Laisse nous..." L'intimai-je, d'une voix tremblante.

Elle ne m'obéit pas, au contraire, et vint se poster entre moi et Gabriele.

- "Papa... Ne lui fais pas de mal... Je sais que tu n'es pas méchant, arrête." Me supplia-t-elle, d'une petite voix tremblotante.

Gabriele ricana, nerveusement bien sûr, mais elle ricana. Je lui lançai un regard froid, qui la fit instantanément taire.
Ma fille glissa sa petite main dans la mienne et la serra de toutes ses forces. Son geste, si attendrissant, eut le pouvoir de me calmer petit à petit. Elle me regardait avec ses grands yeux bleus pétillants, et me fit un léger sourire auquel je répondis.
Elle ne m'en veut pas. Je l'ai frappée mais elle ne m'en veut pas. J'ai vraiment de la chance de l'avoir.

- "Papa... Tu dois libérer cette femme... Je t'en supplie..." M'intima-t-elle, pleine d'espoir.

Mon cœur se serra.

Point de vue de Gabriele :

Je vis un vague sentiment de regret passer sur le visage d'Adrien. Sa fille venait de lui demander de me libérer.
Oui. Libère moi. Je t'en prie.
Il regarda sa fille d'un air désolé, puis me regarda, avec le même air.

- "Je ne peux pas ma chérie... Je ne peux pas..." Répondit-il finalement.

La déception me fit gémir doucement.
Quelle grande naïve je suis...

- "Mais papa... Tu ne peux pas la garder  enfermée ici pour toujours... Si un jour quelqu'un la retrouve ici et t'emmène en prison, je serais seule... Et on ne se verrait probablement plus jamais...."

Décidément, cette petite m'étonnait. Elle essayait de le persuader avec le seul argument qui pourrait le faire changer d'avis. Elle n'était pas bien vielle mais déjà intelligente.

- "Ma puce... C'est justement pour toi que je la garde ici. Tu verras, je promet qu'on ne nous séparera jamais. Jamais."

Léa me regarda d'un air triste. Elle avait compris. Elle avait compris que son père ne changerait pas d'avis.

- "Alors, promet moi quelque chose papa." Dit-elle à son père, d'une voix sans hésitation, sûre d'elle même.

- "Tout ce que tu veux mon trésor."

- "Ne lui fais aucun mal."

Il me regarda quelques secondes, puis se retourna vers sa fille.

- "Je te le promet."

C'est ça...
Ils se regardèrent intansément, comme pour vérifier l'honnêteté de ses paroles, puis Léa sortit de la pièce.
Non ne pars pas...
Même après sa promesse, je ne voulais pas rester seule avec lui. Je n'avais absolument pas confiance. Adrien s'approcha de moi, ce qui me fit instinctivement reculer contre le mur. Contre toute attente, il détacha mes liens. Je lui lançai un regard plein d'interrogations.
Qu'est-ce que ça veut dire ?

- "Ne te fais pas d'idée. Je ne te libère pas. Comme je l'ai dit à ma fille, j'ai encore besoin de toi, mais je ne te ferai plus aucun mal. Et... Vu les traces que t'ont laissé la corde, tu devais avoir mal..." M'annonça-t-il, légèrement gêné.

Je le regardai, toujours incrédule devant cette soudaine marque de gentillesse.
Sans me regarder, il posa un verre d'eau sur la table de nuit et commença à partir, lorsque je l'interpelai.

- "Euh... Puis-je savoir en quoi tu as besoin de moi exactement ?" Lui demandai-je, hésitante.

Il sourit légèrement puis me répondit.

- "Tu le sauras bien assez tôt."

Mémoire KidnappéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant