Chapitre 3

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La sensation d'une matière agréable contre ma peau me fit rouvrir les yeux.
Mais qu'est-ce...
J'étais allongée, couverte par une fine couverture en tissu rouge, dans un lit.
Non... C'est impossible...
Un sourire vint étirer mes lèvres et j'essayai de me redresser mais, comme pour me ramener à la réalité, mon bras droit était bloqué. Mon sourire disparut rapidement. Mon poignet droit était attaché aux barreaux du lit avec une épaisse corde de pêcheur.
Mon regard se promena dans la pièce où j'étais. C'était une petite chambre dans laquelle ne se trouvaient que le lit sur lequel j'étais attachée, et une petite commode en bois écaillé blanc où trônait un pot de fleurs, fanées par le manque de luminosité, à côté de la porte. En effet, la seule fenêtre présente était barricadée de planches en bois, qui ne laissaient passer que très peu de lumière.
La poignée de la porte bougea et quelqu'un entra. Lorsque mes yeux réussirent à s'habituer à l'obscurité et à identifier cette personne, j'avalai péniblement.
La voilà la dure réalité...
Adrien me regardait, les bras croisés contre son torse.

- "Gabriele, Gabriele, Gabriele... Pourquoi est-ce que tu as fait ça..." Marmona-t-il, sans vraiment attendre une réponse de ma part.

- "Comme tu as cassé la fenêtre du grenier, j'ai dû t'installer ailleurs... Donc à partir de maintenant tu dormiras dans ma chambre, et je dormirai sur le canapé." M'annonça-t-il.

Et alors quoi ? Il espère que je vais le remercier peut-être ?

- "C'est tellement gentil de la part d'un psychopathe comme vous... Mais je préfèrerais rentrer chez moi !" Lui dis-je, un brin d'insolence dans la voix.

Il serra les poings, et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, se retrouva au dessus de moi. Nos fronts étaient à 5 millimètres à peine l'un de l'autre. Je sentais son souffle sur mon visage et sa mauvaise haleine me fit grimacer.

- "Ne joue pas à ça avec moi. Ma patience a des limites." Me dit-il d'une voix venimeuse, en me lançant un regard si froid que je dû réprimer un frisson.

Il s'éloigna lentement, puis son visage se décrispa et il me fit un sourire malveillant.

- "Et puis... Même si je te relâchais, tu ne saurais pas où est ton 'chez toi'." Se moqua-t-il.

Sa réflexion me rappela ma perte de mémoire et des larmes brûlantes me montèrent aux yeux. J'en sentis une couler le long de ma joue, qui vint finalement s'échouer sur mes lèvres. Adrien l'avait regardée couler, faisant petit à petit disparaître son horrible sourire.

- "Bon... Tu... Enfin, je me suis dit que tu devais avoir soif alors je t'ai apporté un verre d'eau." Me dit-il, soudainement gêné, en déposant le fameux verre à ma gauche.

Les larmes d'une femme ont vraiment le pouvoir de déstabiliser n'importe quel homme.
Comme je ne disais rien, il me laissa seul, non sans avoir vérifié que j'étais toujours aussi bien attachée.
Lorsqu'il franchit le seuil de la porte, je saisis le verre et bu ce qu'il contenait d'une seule traite, puis me rallongeai, en fermant les yeux. Comme le sommeil ne venait pas, je laissai mon esprit vagabonder.
Ce type est vraiment bizarre, je ne sais pas comment me comporter avec lui... S'il voulait me tuer il l'aurait déjà fait, non ? Et s'il ne me veut aucun mal, comme il le prétend, combien de temps va-t-il me laisser enfermée ici ?
Cette corde me faisait vraiment mal, elle entaillait ma peau en la laissant à vif, et j'avais vraiment très faim.

- "Adrien ?" L'appelai-je.

Celui-ci rouvrit la porte quelques secondes après et me regarda, étonné que je l'appelle.

- "Euh... Ouais ?" Hésita-il.

- "J'ai trois choses à te demander."

Il fronça les sourcils et sembla réfléchir mais m'invita à continuer d'un mouvement de la tête.

- "D'abord... Pourrais-tu, s'il te plait, desserrer la corde, elle me fait vraiment mal." Commençai-je.

- "Et puis quoi encore ? Te détacher et te laisser partir en te souhaitant bonne route ?" Se moqua-t-il.

- "S'il te plait..." Insistai-je, en lui offrant mon plus beau sourire.

Il fronça de nouveau les sourcils mais souffla finalement et vint desserrer la corde.

- "Merci... Ensuite, est-ce que je pourrais avoir quelque chose à manger ?" Lui demandai-je, toujours avec le même sourire.

Il repartit en traînant des pieds et revint quelques minutes plus tard avec une poche de chips et un sandwich au beurre de cacahuètes. Il posa le tout sur le lit et s'écarta légèrement.

- "Voilà... Quelle est la dernière chose ?" Me demanda-t-il, sans me regarder.

Oh... J'ai blessé son amour propre en lui demandant service, quel dommage...

- "Dis moi... ce que tu comptes faire de moi." Parvins-je à dire entre deux bouchées.

Son regard revint se poser sur moi et je vis plusieurs sentiments traverser ses yeux : de la pitié, du regret et de la tristesse. Mais il se ressaisit rapidement et ses yeux redevinrent inexpressifs, sans vie.

- "Je ne sais pas. Mais je ne compte toujours pas te faire de mal si c'est ça qui t'effraie." M'annonça-t-il, indifférent.

- "Tu ne sais pas ? Mais alors pourquoi tu ne me laisses pas partir ? Et pourquoi je n'ai aucun souvenir de ma vie d'avant ?" Lui demandai-je, incrédule.

- "C'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air Gabriele." Me répondit-il dans un murmure.

- "Compliqué ? Non c'est tout simple, il suffit de me parler !"

Il serra les poings et je regrettai immédiatement ma question lorsqu'il saisit le pot de fleurs et l'envoya violemment s'écraser contre le mur au dessus de ma tête. Des bouts du pot en terre cuite me retombèrent dessus et m'entaillèrent le visage à plusieurs endroits, malgré le fait que je me sois protégée avec mon bras gauche.
Qu'est-ce que j'ai dit ?

- "Tu es tellement innocente ! Tu vas m'attirer des problèmes, j'en suis certain !" Cria-t-il, "J'aurais dû te laisser crever avec ta mère sur cette putain de route !"

Ma mâchoire se décrocha.
Qu... Quoi ?
Se rendant soudain compte de ce qu'il venait de dire, il écarquilla les yeux, ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais sortit de la chambre rapidement, en claquant la porte.
Mon cerveau patinait, sans doute refusait-il d'enregistrer l'information.

Attendez... Vient-il de dire que ma mère est morte ?
Ma mère, dont je n'ai toujours aucun souvenir ?

Mémoire KidnappéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant