Chapitre 13

42 5 5
                                    

Point de vue de Gabriele :

Nous marchions depuis maintenant 3 heures, cherchant désespérément une pharmacie. LE seul lieu qui pourrait répondre à nos questions. Étais-je enceinte, oui ou merde ?
Ah vrai dire, je préfèrerais merde, ça nous éviterait bien des problèmes.
Mais ça ne marche pas comme ça. Je ne peux pas choisir, malheureusement.
Léa me tenait par la main depuis le départ, me lançant régulièrement des regards complices et joyeux. Au début, elle sautait -littéralement- sur place, mais maintenant la fatigue s'est emparée d'elle et je vois bien à sa démarche qu'elle n'en peut plus. Mais elle ne dit rien, malgré tout.
Adrien, lui, évitait toujours de me regarder et se contentait de marcher droit devant lui, la tête rentrée dans les épaules. Il était crispé, et je n'aurais su en donner la raison.

- "Papaaaaa... On est bientôt arrivés ? J'ai soif..." Se mît à gémir Léa.

- "J'en sais rien Léa. J'en sais rien."

Sa voix était tendue et en même temps dépourvue de toute émotion.
Léa comprit que quelque chose n'allait pas et n'insista pas. Elle me regarda avec inquiétude sans rien dire et j'haussai les épaules.

- "Merci. Merci d'avoir accepté Adrien. Ça compte beaucoup pour moi."

Mes yeux cherchaient désespérément les siens mais ne les rencontrèrent pas. Il se contenta de marmonner un léger "De rien", et se tût.
Le silence était maintenant lourd et désagréable et fut bientôt remplacé par le doux bruit de la pluie. Le ciel était effectivement nuageux et déversait une pluie fine qui tombait sur les feuilles des arbres autour de nous dans un bruit apaisant.
Léa s'arrêta et leva la tête vers le ciel, la bouche grand ouverte. Elle avait l'air de savourer ce moment, ce qui me poussa à faire de même.
En se rendant compte que nous ne le suivions plus, Adrien s'arrêta et nous regarda avec amusement, les sourcils levés.

- "Vous avez l'air malignes toutes les deux comme ça. Dommage que je ne puisse pas vous prendre en photo !" S'exclama-t-il en faisant semblant de tenir un appareil.

Léa rigola et lui fit une grimace.

- "Tais-toi papa. T'es bête."

- "Moi, je suis bête ? Tu es sûre de toi ?"

Il s'approcha d'elle en lui lançant un regard joueur.

- "Ouais ! Trop bête même ! Le plus bête de la Terre !" Rigola la jeune fille en lui tirant la langue.

Adrien se jeta sur elle et l'attrapa par les jambes pour lui mettre la tête en bas.
Ils se mirent à rigoler à pleins poumons, et je ne pu m'empêcher d'être attendrie par cette scène. Je m'imaginais moi-même avec un enfant et me demandai si je ferai une aussi bonne mère que lui, lorsque j'entendis le ronronnement sourd d'un moteur.

- "Une voiture !" M'exclamai-je, stoppant leur moment père-fille.

Ils me regardèrent avec incompréhension.

- "Écoutez !"

Ils tendirent l'oreille quelques secondes et se concentrèrent sur les bruits alentours.

- "Oui ! Gabriele a raison ! Moi aussi j'entends une voiture !"

- "Donc nous ne sommes plus très loin d'une ville, et par conséquent d'une pharmacie."

Adrien acquiesça avec un splendide sourire. Notez bien l'ironie. Et se remit à marcher.
Au bout d'une quinzaine de minutes, nous arrivâmes dans une petite commune portant le long de Trentais.
Le village était quasiment désert et nous ne rencontrâmes que deux ou trois voitures.
Adrien en interpela une d'entre elles, dans l'espoir d'obtenir de l'aide.
C'est un vieux tacot des années 70 qui s'arrêta à côté de nous. Une femme d'une cinquantaine d'années aux cheveux grisonnants ouvrit sa fenêtre en nous lançant un regard mauvais.

- "Qu'est'ce vous voulez ?" Nous demanda-t-elle froidement en mastiquant un vieux cure-dent.

- "Euh... Bonjour madame, nous cherchons la pharmacie. Pourriez-vous nous indiquer le chemin s'il vous plait ?"

Elle parut étonnée mais se remit rapidement à mastiquer avec un air indifférent.

- "À gauche, puis à gauche et enfin à droite." Nous dit-elle avant de remonter sa fenêtre et de repartir brusquement.

Adrien grogna et cracha dans sa direction.

- "Quelle conne !"

- "Papa..."

- "Oui, pardon. Je voulais dire... Quelle idiote !"

On se remit donc en route en suivant le chemin que nous avait indiqué la vielle femme désagréable et trouvâmes la pharmacie. Ou plutôt la plus vielle pharmacie que je n'avais jamais vu. La peinture des murs était d'un jaune sale et s'effritait à plusieurs endroits. Les vitrines était vides et poussiéreuses.
En entrant, le bruit d'une clochette retentit et une femme, probablement aussi vielle que le bâtiment où elle travaillait, vint à notre rencontre.

- "Bonjour..." Marmonna-t-elle en souriant, nous laissant entre-apercevoir des dents noires et pourries.

- "Bonjour ! Nous... Enfin, je cherche un test de grossesse s'il vous plait."

- "Oh... Vous attendez un enfant ? Comme c'est adorable... Ça fait belle lurette que personne n'est entré ici pour me demander un de ces tests..."

Je me forçai à lui sourire aimablement et elle se retourna, saisit une boîte, et posa celle-ci sur le comptoir en face de moi.

- "Ça vous fera 7,50 s'il vous plait jeune demoiselle."

Adrien fouilla dans ses poches et sortit un billet de 50 devant la pharmacienne, qui le dévisagea avec un air choqué.

- "Oh... Vous n'avez pas de monnaie ?" Lui demanda-t-elle d'une petite voix.

- "Non."

- "Bien..."

Elle se mît à compter ce qu'elle lui devait et, après 5 bonnes minutes, lui tendit l'argent d'une main tremblante.

- "Merci madame. Bonne journée." Lui dis-je avant de partir.

En sortant, je me mis à rigoler devant l'absurdité de la situation. Adrien se tourna vers moi avec un air d'incompréhension.

- "C'est juste que..." Parvins-je à dire entre deux gloussements. "Elle a fait une tête super bizarre quand tu lui as tendu le billet de 50..."

- "Ouais, p't'être."

Il haussa les épaules d'un air indifférent et shoota dans une canette vide.

- "Bon... Bah, je vais faire le test..."

Je commençai à ouvrir ma boîte en allant vers les toilettes des femmes et sortis d'abord la notice -que je jetai aussitôt par terre- puis entrai dans une cabine, non sans une légère appréhension.

Point de vue de Adrien :

Je me tordais mes mains nerveusement en attendant dehors. Gabriele y était entrée il y a déjà une bonne quinzaine de minutes et je n'ai toujours pas de nouvelles.
J'espère sincèrement qu'elle n'est pas enceinte. Ça compliquerait les choses...
Léa est en train de manger un pain au chocolat en balançant ses pieds dans le vide, l'air ailleurs.
Elle est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivé. Je ne sais pas si je serais encore là s'il elle n'existait pas. Elle est tout mon monde. La prunelle de mes yeux.

- "Ce serait cool d'avoir un petit frère ou une petite sœur. J'espère que Gabriele est vraiment enceinte." M'avoua-t-elle entre deux bouchés.

Je excrément surpris et décontenancé par sa déclaration. Elle l'avait dit comme si... Comme si Gabriele et moi étions ensemble.
Je m'apprêtais à lui répondre lorsque la porte des toilettes s'ouvrit. Gabriele en sortit, l'air hagard et euphorique.

- "Alors.. ?

- "Je... Je suis enceinte."

En nous l'avouant, sa voix se brisa et une larme déborda de ses paupières.
Et je ne su quoi dire.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 23, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Mémoire KidnappéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant