Même s'il le faisait régulièrement, quitter le village n'était jamais facile pour Michaël. Michaël était, peut-être, un mâle adulte mais il était, surtout, un loup-garou. Comme la majorité des métamorphes, il n'était à l'aise et bien dans sa peau qu'en compagnie des siens. Seul, un loup-garou ne se sentait jamais entier. Plus il était en compagnie des siens, plus il se sentait comblé, entier. C'était difficile à expliquer aux races qui ne se rassemblaient pas à la manière des loups-garous (c'est-à-dire la plupart des races de Ariman). Seules quelques autres espèces de métamorphes ne pouvaient pas se passer de ce rassemblement sans mettre leur santé en danger. Un métamorphe solitaire de ces quelques espèces pouvait, en effet, devenir fou s'il n'appartenait pas à un groupe. Et, un métamorphe fou n'était jamais une bonne chose ! C'était même très dangereux. Michaël ne s'était jamais vraiment intéressé à ce besoin des métamorphes. Le pourquoi était encore un mystère.

Ce qui n'était pas une surprise ! On ne comprenait toujours pas grand-chose à la magie du monde. Elle était souvent imprévisible ! Certains mystères concernant la magie ne seraient jamais résolus, c'était certain... Comme le besoin de certaines espèces de métamorphes d'appartenir à un groupe.

De fait, Michaël le sentit dès qu'il franchit le portail de la bulle dimensionnelle. Il sentit un manque qui le poussa presque à rebrousser chemin. Il s'était aventuré plus qu'aucun autre hors du village mais il n'avait jamais été seul. Il avait toujours été accompagné par un membre de la meute. Apparemment, c'était suffisant pour faire la différence ! Il détesta, aussitôt, cette sensation de vide ! Il ne voulait qu'une chose à cet instant : retourner au village ou, au moins, se faire accompagner. Seulement, cette mission devait être réalisée en toute discrétion. Alors, il prit sur lui et s'éloigna d'un pas déterminé, prêt à tout pour ne pas décevoir son père et faire honneur à sa meute.

Michaël voyageait léger avec seulement un sac à dos avec le dossier qu'on lui avait remis et quelques vêtements. C'était tout ce qu'il lui fallait. Il ne partait pas à l'autre bout du monde, tout de même !

Il se rendit, d'abord, à l'entrepôt de la meute pour récupérer sa moto. Il prendrait, ensuite, directement la direction de l'immeuble de la meute Shein ! Michaël tenait à attendre le compte-rendu des événements de la bouche même de leur Alpha-Prime mais, surtout, il voulait lui assurer, en personne, qu'il ferait tout pour découvrir ce qui était arrivé, exactement, à son fils.

Le trajet jusqu'à l'entrepôt dura, à pied, vingt minutes. On avait jugé préférable de construire l'entrepôt un peu à l'écart du village. En cas de visiteurs inattendus, ils avaient le temps de se préparer. Une caméra à proximité de l'entrepôt les prévenait de cette possibilité. Pourquoi avait-on désiré qu'aucun véhicule ne franchirait jamais les portes de leur bulle dimensionnelle, voilà un autre mystère... Même les simples vélos étaient interdits ! Bref, les véhicules en tous genres étaient relégués dans cet hangar. Y compris la moto de Michaël.

L'héritier de la meute avait longtemps économisé pour s'acheter cette beauté et, à ses vingt-deux ans, il avait gagné un peu plus d'indépendance. La moto était une de ses plus grandes réussites. C'était toujours un plaisir de la retrouver en dépit des sentiments des aînés du village sur le sujet. Selon eux, ce type de véhicule ne convenait pas au chef de meute ou à leur héritier. C'était une Ducati rouge, beaucoup trop ostentatoire selon les anciens. Michaël faisait la sourde oreille à leurs commentaires. La V2 était une merveille de technologies avec sa centrale électronique inertielle. Elle était confortable et conservait, malgré tout, les performances sportives que Michaël avait recherchées en l'achetant.

Arrivé à destination, Michaël ouvrit, distraitement, la porte et une lumière crue des locaux lui agressa les yeux. Des modèles variés de voitures et de deux roues s'offrirent à sa vue, ainsi qu'une fourgonnette appartenant à la meute. La vue était toujours surprenante ! Le hangar ne semblait pas pouvoir contenir autant de véhicules... et pourtant ! Michaël n'excluait pas qu'un peu de magie soit à l'œuvre ici. Il y avait tous les modèles, correspondant aux goûts variés de la meute. Certains de ces modèles étaient voyants, d'autres moins. Cependant, tous les véhicules étaient récents.

Les protecteurs d'Ariman, tome 1 : Trahison pour l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant