Les protecteurs d'Ariman, tome 1 : Trahison pour l'amour

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Michaël se réveilla seul dans une cellule dont le standard avait tout de celles des loups-garous. Il serra les poings, apeuré par le sort de Aliyah. Peut-être aurait-il dû s'inquiéter de son propre sort... S'il était enfermé dans une cellule, cela signifiait qu'il avait les pires ennuis avec sa meute et qu'il avait, peut-être, entraîné son géniteur. Parce qu'il n'y avait que deux possibilités qui justifient son emprisonnement en ce lieu sordide : Soit son père était si furieux de son acte qu'il avait déshérité son fils et en venait à le traiter comme un ennemi, soit son père n'était plus chef de meute et n'avait plus aucun pouvoir. Michaël ignorait quel cas de figure était le pire.

Enfin, quelle que soit la situation actuelle, Michaël craignait qu'il lui soit difficile de quitter le village. C'était, très exactement, ce qui apeurait Michaël. Ça lui serait d'autant plus difficile de retourner auprès de Aliyah si la vampire n'était pas au village, un fait qui était quasiment impossible.

Michaël s'approchait des grilles de la cellule avec l'espoir impossible de les forcer ou d'y trouver un défaut lorsque des pas furieux se firent entendre. Michaël se recula, avec prudence, jusqu'au milieu de la cellule et y resta debout, immobile, même lorsque son père s'immobilisa à l'entrée de sa prison.

Michaël déglutit devant l'apparence négligée de son père. Il ne l'avait encore jamais vu ainsi ! Il sembla à Michaël que son père n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Ce qui était, certainement, le cas...

Bien qu'il ne puisse pas en être certain, Michaël se doutait que cela faisait déjà plusieurs jours que les loups connaissaient l'orientation que sa relation avait prise avec Aliyah.

La fatigue n'expliquait pas totalement l'apparence du chef de meute, toutefois. Bran avait toujours été soigné, aussi loin que s'en souvenait Mika. Quelques nuits blanches n'expliquaient pas sa tenue débraillée et ses cheveux décoiffés. Il était clair que l'une des craintes de Michaël s'avérait exacte. L'une des seules raisons qui pousserait Bran Frêne à se montrer si négligeant sur son apparence serait d'être destitué de son rôle de chef de meute.

Michaël se tendit alors que son père se contentait de l'observer depuis une longue minute. Michaël n'avait jamais aimé lorsqu'il faisait cela ! Et même maintenant, à son âge, il n'appréciait toujours pas. Il n'avait jamais aimé décevoir son père, non plus. Or, même s'il ne regrettait rien de sa relation avec Aliyah, Michaël était honteux de percevoir plus de déception chez Bran que de colère.

-Où avais-tu la tête, mon fils ? T'allier à une vampire pour une mission des meutes était déjà mettre un pied sur la ligne... Alors, avoir une relation charnelle !

Michaël ne répondit pas. Que pouvait-il répondre ? Une telle chose était impardonnable pour beaucoup de loups-garous. Même lorsqu'ils s'agissaient d'une relation entre destinées. Son père l'examina avec attention puis laissa échapper un soupir. Michaël réalisa que son père ne lui tenait pas rigueur. Pas énormément, du moins. Il sentit sa gorge se nouer lorsque Bran se pencha en avant pour poser son front sur les grilles de sa cellule. Pour la première fois de sa vie, Mika vit tous ces siècles que son père avait vécus se refléter sur son visage. Une certaine lassitude avait fait place à l'expérience dans les yeux du vénérable loup-garou et cela fit peur à Michaël. La lassitude était le pire sentiment que pouvait éprouver un immortel de Ariman.

-Pourquoi a-t-il fallu que tu tombes amoureux d'une vampire ? Est-ce ta Destinée ?

-Oui, j'en suis certain, père.

Bran soupira de nouveau, profondément, mais hocha la tête. Son père respectait les sentiments d'amour et de loyauté. Michaël pensait que son père l'aurait compris même si Aliyah n'avait pas été sa Destinée. Bran savait que l'on pouvait tout risquer même pour une personne qui n'était pas sa Destinée. La mère de Michaël n'était pas la Destinée de Bran, après tout, et, pourtant, le loup-garou l'aimait encore par-delà la mort.