Fucking Obsession [Th. K.]

3 : Impossible

Dire que tout se passait bien était un peu léger. Sa nouvelle vie l'amusait plus que la normale. Les cours étaient très intéressants, les gens sympathiques, et l'ambiance agréable. Faits qui n'englobaient pas Ludmila. En effet, depuis quelques jours, elle n'avait pas l'air très en forme et n'était pas souvent avec eux. Cependant, quand un de ses amies lui posait la question, elle répondait tout simplement qu'elle était fatiguée à cause de la rentrée - rentrée qui s'était tout de même déroulée depuis un mois.

À présent à la bibliothèque, comme tous les jours à un moment de la journée, tout le monde travaillait et discutait. Rosé était présente, une jeune femme avec qui Cayetana avait vraiment sympathisé.

"J'ai entendu dire qu'il y avait une fête qui se préparait la semaine prochaine", s'exprima Mattia, en semblant être enthousiaste à l'idée de sortir.

"Oui, en effet, c'est Kai qui l'organise et je lui ai déjà dit qu'on irait tous ensemble", nous informa Rosé.

"Vous êtes sûr que c'est raisonnable, avec les cours et tout...?, demandait l'étudiante, un peu perplexe.

C'est vrai, même si elle voulait en profiter un minimum, ce n'était peut-être pas le moment idéal pour y aller, non ? Les partiels de mi-semestre allaient bientôt se dérouler, et réviser était primordial.

"Cayetana ?", appela Alessandro.

"Oui ?"

"Ta gueule", dit-il sérieusement puis, quelques secondes plus tard, tout le monde rigola. L'homme l'avait modestement taquiné suite à la remarque qu'elle venait de faire par rapport à la fête.

Elle lui donna une petite tape sur le bras et tout le monde rigola, sauf Ludmila qui était sur son téléphone.

Avait-t-elle entendu la discussion ?

"Ludmila es-tu sûre que ça va ? J'ai l'impression que tu ne nous écoutes même pas", demanda-t-elle à Ludmila, en croisant ses deux bras, comme pour la défier.

"Écoutez, vous êtes bien gentil, mais là, il faut qui j'y aille", dit-elle d'un ton las, tout en se levant.

"Je peux savoir ton problème ?", lâcha Federico en la regardant méchamment. En réalité, ce n'était pas de la méchanceté, mais il savait juste que son amie lui mentait.

"Rien du tout", son était visage neutre. "Je dois y aller".

Et, sans les regarder ou encore répondre à Federico, elle se leva et partit sans aucune explication.

Ils se regardèrent sans comprendre, mais en ne cherchant pas plus non plus. Peut-être était-elle réellement fatiguée et chamboulée par ce changement de rythme et de vie ?

Cinq minutes après, Rosé demanda à Cayetana de l'accompagner chercher une boisson et c'est ce qu'elle fit. Elles arrivaient alors près du distributeur.

"Écoute, je ne sais pas si je devrais t'en parler, car je ne suis pas sur de ce que je m'apprête à te dire", s'exprima Rosé en faisant face à la jeune femme.

Ah...c'était donc pour ça. Rosé voulait discrètement s'éloigner pour pouvoir discuter.

"Oui, dis-moi, tu me fais peur là", dit-elle avec un rire neveux.

Qu'avait-elle à lui dire pour qu'elle soit aussi nerveuse ? Elle la regarda droit dans les yeux en attendant qu'elle parle.

"Je te le dis à toi, car Ludmila est ta meilleure amie. Je pense que tu viens de comprendre que je voulais juste m'éloigner des autres pour te parler...", dit-elle et elle hocha la tête.

Ok, elle avait peur de ce qu'elle s'apprêtait à lui dire. Elle espérait juste que ce ne soit pas grave.

"Dis-moi", communiqua-t-elle pour la pousser à continuer.

"Je ne pense pas qu'elle soit fatiguée ou une connerie dans le genre. Ça fait quelques jours que je la vois aller dans le couloir qui mène aux vestiaires et en ressortir dix voire quinze minutes plus tard », commença-t-elle.

Était-ce grave ? Elle ne savait pas ce que cela signifiait, mais si Rosé comptait lui faire savoir cette information, tout en discutant seule a seule, c'était peut-être sérieux.

« Au début, je pensais qu'elle fréquentait un sportif de l'université et c'est pour ça que je ne t'ai rien dit », continua-t-elle en jouant nerveusement avec ses doigts. « Sauf qu'un jour, elle est sortie en même temps qu'un garçon et pas n'importe quel garçon. Il n'était pas très doux et gentil quand ils sont sortis, elle avait l'air d'être en larmes", déclara Rosé, d'un ton inquiet.

Quel garçon ? De quoi Rosé parlait-elle ? Et pourquoi Ludmila était-elle en pleurs ? Avait-elle des soucis ? Si oui, pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé ?

"Emmène-moi au couloir qui mène vers les vestiaires", dit-elle en employant un ton neutre malgré la peur de ce qu'elle pourrait potentiellement voir.

Elle n'avait sans doute pas le droit de la suivre ou d'aller l'espionner, mais elle avait peur. Juste peur pour sa meilleure amie. Peur de la lourdeur de l'information. Elle devait juste aller voir. Ce n'était pas une trahison, non ?

"J-je ne sais pas si c'est une bonne idée et-"

"Emmène-moi", ordonna-t-elle d'un ton plus ferme. "S'il te plaît", ajouta-t-elle.

Elle prit son bras pour l'emmener vers ce fameux endroit qu'elle ne connaissait pas. Une minute plus tard, les deux étudiantes arrivèrent. C'était plutôt sombre et chaque bruit résonnait. Et, en arrivant, elle entendit des bruits qui ressemblaient plutôt à des gémissements. Elle regarda Rosé et prit son courage à deux mains pour ouvrir cette porte sans faire le moindre bruit possible. Quand elle réussit, elle manqua de s'étouffer en voyant la scène.

Non, c'était impossible...

Elle avait eu raison de s'inquiéter. Sa meilleure amie, sa précieuse meilleure amie, elle qui était si pétillante, et malgré son grain de folie, raisonnable. Oui, elle était raisonnable, elle savait ses limites et Cayetana n'avait jamais été déçu d'elle. Quoique un peu différente, elles se ressemblaient beaucoup, dans leur façon d'être, de penser, leur goût aussi était similaire.

Sa meilleure amie avait son ventre collé au mur, légèrement courbée, en sueur... Sa meilleure amie, sa chère meilleure amie, se faisait baiser par Taehyung, à la vue de tous, car oui, tout le monde pouvait les voir, et elle semblait apprécier ça.

Taehyung n'en avait jamais assez et ça ne lui aurait pas suffi de détruire Cayetana, non, il s'en était pris à sa meilleure amie. Elle était tellement naïve qu'il lui a juste fallu la regarder pour qu'elle se donne à lut. Il la salissait et la rendait tellement faible jusqu'à ce qu'elle le supplie, pour son plus grand plaisir, de recommencer à la salir.

Il jouait sur cette faiblesse pour la détruire, sans aucun scrupule, juste parce qu'il aimait ça. Oui, il aimait détruire les gens. Mais cette fois, il la détruisait dans un but bien précis, car il ne s'en rendait pas compte, mais depuis qu'il avait vu cette jeune femme, si jolie, si frêle, si innocente, une fascination avait vu le jour, elle lui fascinait tellement qu'il dessinait son visage et son corps qu'il a si bien observé, sur tous ses cahiers de dessins.

En effet, salir sa meilleure amie lui permettrait de se rapprocher d'elle. Parce que oui, Taehyung n'aurait jamais avoué quand si peu de temps et pour la première fois, il s'était épris d'une jeune femme.