La sorcière parmi les loups

Chapitre 29

Avec agilité et prudence, Marlon guidait notre groupe. Je me trouvais sur le dos d'Andrew sous sa forme de loup. Bien que plus petit que son alpha, il restait assez imposant et fort pour pouvoir porter un homme sous sa forme lupine. Ses gestes paraissaient tout aussi souples et légers qu'en temps normal. En silence, les loups se mouvaient dans la forêt. Le soleil sera bientôt à son zénith, cela marquera le début de notre infiltration en territoire ennemi. William, sous sa forme de rapace, nous survolait à une centaine de mètres au-dessus, traquant le moindre loup grâce à sa vision de prédateur. Je tentais de contrôler les pensées qui s'entremêlaient dans ma tête. Tout comme mon inquiétude pour Noa et Liam. Si notre plan fonctionnait, ce soir, nous serons tous réunis pour fêter la victoire du clan Negan et la libération du petit frère. Il fallait que ça fonctionne, martelais-je dans ma tête.

Le chasseur de la meute ralentit légèrement, poussant un léger grognement. C'était le signe que nous étions désormais à la limite du territoire ennemi. Nous nous arrêtâmes, attentifs au moins bruits ou mouvement trahissant la présence d'un loup Greson. Nous étions à l'est de leur territoire, à plusieurs kilomètres de la frontière séparant les deux meutes. Les Greson surveilleraient moins ces terres, renforçant la surveillance plus au sud. Cependant, des loups rôdaient forcément dans les parages, quadrillant leur secteur. La discrétion était de mise. Même incontournable, me dis-je en apercevant une empreinte d'animal sur le sol. Je vis les loups renifler l'air et balayer de leur regard les environs. Marlon sembla se tapir davantage contre le sol et continua à avancer. Nous le suivîmes, retenant tous notre souffle.

Le plan commençait. La forêt et la nature autour de nous nous empêchaient d'avoir un champ de vision dégagé. Si jamais un loup nous repérait, il préviendrait le reste de la meute et exfiltrer Noa serait alors impossible. J'aurai bien récité une petite prière mais Marlon me ferait sans doute taire d'un coup de pattes. Et bizarrement, je ne tenais pas à mettre ce loup en rogne, question de survie. Nous filâmes pendant des minutes qui me semblèrent des heures, les corps tendus et les sens à l'affût. Nous longions un bosquet de ronce lorsque le rapace poussa un cri strident. Marlon releva tout de suite la tête pour trouver l'oiseau. C'était le signal pour indiquer la présence d'un loup. Avec une fluidité impressionnante, l'oiseau plana vers notre droite, nous montrant d'où venait l'ennemi. Tout le monde se figea.

Malgré la boue et la sève odorante de pins dont nous étions recouverts, notre odeur restait perceptible si un loup s'approchait de trop près. Je fixai le regard agrandi par la tension, les fourrés dont pouvait à tout moment apparaître un loup ennemi. Marlon nous lança alors un rapide regard avant de bifurquer à notre gauche gauche en direction d'une butée recouverte de fougères. Nous filâmes dans son sillage et nous couchâmes contre le sol à l'abri derrière la végétation. Serrés les uns contre les autres, nous essayions de nous faire les plus petits possible. Si nous avions pu, nous nous serions terrés sous la mousse qui recouvrait le sol. Patients malgré l'agitation qui nous étreignait, nous attendions. Aucun bruit ne s'entendait. Seul le vent dans les feuilles retentissait. Le regard fixe, je comptais méticuleusement les secondes qui s'écoulaient dans ma tête. 1,2,3,4... Pas un bruit. 12,13,14... Des feuilles craquent. 21,22,23... Nous sommes tous immobiles. 27,28,29... Le bruit s'éloigne. Nous attendons 200 secondes avant que deux cris rapprochés retentissent. Le signal qu'il n'y a plus de dangers. Lentement, Molly se lève. Nous faisons de même. Marlon reprend la tête de notre groupe et nous repartons.

Le chasseur Negan poussa un bref grognement et se transforma. Je descends du dos d'Andrew afin de le laisser faire de même. J'en profite pour enlever le sac de mes épaules afin de saisir les vêtements pour mes trois partenaires de filature à présent nus. Tandis que Marlon enfilait un t-shirt il prit la parole, faisant attention à ne pas trop élever la voix.