La sorcière parmi les loups

Chapitre 32

-Outch!

Je lâchai la tasse qui vint se briser au sol.

-Non! Mon parquet en cerisier! m'exclamai-je.

Le thé se déversa sur le verre éclaté. Je soupirai, regardant le désastre. L'énième connerie depuis plusieurs semaines maintenant. Je me dirigeai vers la cuisine pour chercher une serpillière. Bon dieu, ça faisait la troisième tasse à se retrouver en éclat par terre. A ce train là, il faudrait que je retourne en acheter d'ici la fin de la semaine. J'allais tourner folle à rester ici. Mes blessures étaient quasiment remises désormais. Mon visage était comme avant, les médecins avaient fait un boulot fantastique. Mon ventre gardait encore des séquelles avec une fine cicatrice au-dessus de mon nombril. Une parmi les nombreuses infligées par mes consoeurs.

Je m'évertuais à essuyer le thé et à ramasser les bouts de porcelaine. Je soupirai. Cela faisait bientôt trois semaines que j'étais dans mon nouvel appartement. Ben et Anna m'avaient aidé à le trouver grâce à leurs relations. Dans une petite ville près d'Ashland, ce logement était un vrai petit bijoux. Il n'avait rien à voir avec mon ancien appartement. Mes amis m'avaient aidé à trouver des meubles bien qu'il me manquait encore beaucoup d'éléments pour me sentir enfin chez moi. Je balayais les lieux du regard. De gros tapis moelleux, des lampes aux lumières chaudes, des meubles en bois brut. J'avais tout fait pour me sentir dans un petit cocon. Mes journées me paraissaient à la fois vides et débordées. Je n'avais pas encore repris le travail, mes blessures ne me l'avaient pas encore permis. Je m'occupais l'esprit à arranger l'intérieur, à faire des papiers et à découvrir la petite ville de Roselawn. Mais c'était dur. Dur de tout recommencer, de faire semblant. Je secouai la tête pour chasser ces idées sombres. Un peu de nerf!

-Aller, ces achats ne vont pas se faire tout seuls!

Je manquais cruellement d'herbe et de plantes pour fabriquer des concoctions primaires. Ben était allé chercher mes affaires ainsi que mon pick-up chez les Negan alors que j'étais encore dans le coma. J'étais restée sept jours inconsciente. A mon réveil, j'avais ouvert les yeux sur une chambre médicale. Vide. Je n'avais pas eu la force de m'en émouvoir et étais replongée dans un sommeil lourd. La seconde fois, Ben était là, assis dans un fauteuil, un livre à la main. Il ne m'avait alors plus lâchée. Il fut là lorsque je posais mon premier pied par terre, tentais de reprendre le fil de ma vie, lorsque je dus trouver un appartement et y emménager. Il me fit la surprise d'inviter sa femme, Fred et Lili à ma première soirée dans mon nouveau chez moi. Ils avaient réussi à me changer les idées avec leur bonne humeur et la bouteille de rhum qu'ils amenèrent avec eux. Puis les choses avaient suivi leurs cours.

J'entendis alors toquer à ma porte. Tiens, Lili était en avance. Je jetai un regard à ma montre. Quinze heures. Ça ne pouvait pas être elle, il était bien trop tôt. Je m'avançais jusqu'à ma porte pour l'ouvrir et tomber sur... Mon dieu, lui ?

-Salut Elana, belle journée n'est ce pas?

Je retenais intérieurement la réplique cinglante que j'allais lui lancer.

-Bonjour Baptiste, qu'est ce que tu fais là?

-Oh et bien j'ai acheté une bouteille de vin et le vendeur m'en a offerte une en cadeau, dit-il en levant une bouteille de rouge dans sa main. Je me suis dis que ça serait bien qu'on la partage et qu'on puisse bavarder ensemble.

Ouaip c'est ça, on va gentiment bavarder autour d'un verre pendant que ta copine est ailleurs. Quel connard.

-Désolé mais je sors. Je suis sûr que Marie sera heureuse de la boire avec toi en rentrant, dis-je avec un grand sourire.

-Oh... et bien justement elle ne rentre pas aujourd'hui, elle est retenue à l'hôpital.

Ce gars ne lâchait rien bon sang. Il ne voyait pas que je m'en contrecarrais de sa bouteille et de sa tête de gland. Depuis le premier jour où j'avais posé mes cartons, ce voisin bien trop envahissant m'avait pris pour cible. Je lui avais pourtant dis être avec quelqu'un -pauvre Fred, désolé de t'avoir embarqué là-dedans- et pourtant il continuait à venir me draguer.