Chapitre 31

5.8K 398 34
                                    

Tout mon corps tremblait. Qu'est ce qui m'arrivait? Mon cœur qui s'était comme endormi venait de tressauter et battait maintenant comme un forcené. Une chaleur emplissait mon être. C'était comme si un éclair m'avait traversé et m'ouvrait les yeux sur le monde. J'étais immobile, les yeux grands ouverts sur mes mains. Je m'aperçus à peine de Marlon penché sur moi, inquiet et soulagé à la fois. J'étais ailleurs et pourtant j'avais l'impression de ne jamais avoir été aussi vivante et présente sur cette maudite terre. Mon souffle était court. Mon corps criait toujours de douleur, mais cela me paraissait plus supportable. Qu'est ce qu'il se passait?

-Elana, tout va bien, ça va aller, me dit Marlon rassurant en me soulevant légèrement dans ses bras et m'extirpant de ma prison végétale.

Son corps était aussi meurtri que le mien et pourtant il s'efforçait de prendre soin de moi. Son regard sur moi me paraissait différent.

-Qu'est ce qu'il se passe? murmurai-je.

Marlon sourit doucement en posant une main sur ma tête. Il ne répondit pas pour autant. Il releva la tête et jeta un regard à la forteresse de ronces, de branche et de plantes qui emprisonnait les deux loups que nous entendions gémir. Je serrai le bras de Marlon, me redressant légèrement. Le loup brun que j'avais atteint au cou était à quelques mètres de nous. Je voyais son corps vibrer, essayant de se régénérer.

-Il faut qu'on parte, d'autres vont arriver. Noa est libre mais il est resté aider les autres près de la maison Greson, dis-je inquiète, perdue, agitée.

-Ok, relève toi doucement, on va les trouver et dégager de là.

Marlon reprit sa forme lupine. Sa transformation était plus lente et paraissait douloureuse. Son corps lui faisait payer les coups reçus et la fatigue. Aussi rapidement que nous le pouvions, nous retournions près de nos amis. Je m'appuyais contre le loup, avançant avec difficulté, mes pieds ne cessant de buter contre la terre et les pierres. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait mais je n'avais pas le temps de penser à moi, il fallait penser aux autres.

-Quel merdier, grognais-je à la deuxième racine qui me fit trébucher.

Le loup me répondit par un petit grognement. Clopinant comme deux rescapés du désert, nous arrivâmes à la lisière des bois, apercevant au loin les premières habitations. Le loup noir accélera le pas, voyant les siens se battre ou reposés sur le sol. Il fallait qu'on se tire de là. Marchant derrière lui tandis qu'il s'élançait vers les autres, j'aperçus du coin de l'œil, un loup courir vers moi. Une louve d'après sa carrure. Crocs dehors et regard féroce, ses intentions à mon égard étaient très claires. Merde, merde, merde. Marlon était déjà dans la bataille, aux prises avec un un homme armé de couteaux. Il fallait que je me débrouille seule sur ce coup. La louve aux couleurs ambrées accéléra, s'approchant à grandes foulées de moi. Tenant à peine sur mes jambes, sans arme et mon pouvoir à sec, ça s'annonçait compliqué pour moi. Je me campais sur mes jambes, prête à l'impact, relevant ma garde comme me l'avait appris Jack.

Je plongeais sur le côté, évitant la louve qui lança ses griffes dans ma direction. Malgré son petit gabarit, son corps était vif et puissant. Je profitais de l'élan pour courir vers mes amis. Je n'avais que quelques mètres à franchir entre eux et moi. Cela me paraissait pourtant si loin alors que j'avançais à la vitesse d'une estropiée. La louve ne s'en priva pas et me sauta dessus. Je sentis ses griffes se planter dans mon dos et mon corps basculer vers l'avant.

-Merde! criais-je entre mes dents serrées.

J'étais foutue. Ma tête plaquée contre les feuilles mortes, mon corps se déchirant, je n'avais aucune chance contre elle. Elle me grogna dessus, me retournant d'un coup de patte pour voir la peur sur mon visage. Mon poing la cueillit au museau. Je pouvais sentir la dureté de sa peau contre ma main. J'avais la force d'un bambin, me battre contre elle était impensable. J'étais une proie facile en plus d'être immobile. Et cette louve semblait s'en repaître. Je la vis s'arrêter alors qu'elle s'apprêtait à plonger ses crocs dans ma gorge. Elle paraissait comme intriguée.

La sorcière parmi les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant