Ici, on ne pouvait pas savoir si c'était le jour ou la nuit ; si le soleil se levait ou se couchait ; si le ciel était couvert ou nuageux : tout ce qui nous rapportait au temps étaient les horloges à chaque coin de rue. Elles étaient partout, jusqu'à dans nos poches et sur nos poignets ; mais pourtant, malgré leurs tics tacs incessants, personne ne suivaient leurs indications, pauvres ignorées. Elles menaient leur vie d'une fausse autorité, et même toi, tu as cassé une aiguille de ta montre sans y faire attention . Elle ne donnait plus que l'heure sans se préoccuper des minutes.
Ton regard portait au point le plus loin visible de ta fenêtre, tu arrivais à voir quelque chose sur un toit, ses courbes étaient humaines, mais elle ne bougeait pas. Tes yeux changèrent alors de place ,sur une autre partie de cette chose : Elle avait des ailes ! Quelques secondes plus tard, tu te rendis compte que ce n'était en fait qu'une statue. Elle surplombait les rues, comme une déesse protectrice.
- " C'est marrant d'avoir des ailes alors qu'il n'y a pas de ciel. "
A ces mots, la porte s'ouvrit derrière toi et la gérante te dit que tu pouvais sortir si tu en avais envie.
Tu sortais sans faire de bruit jusqu'au hall de la veille, passant furtivement devant quelques enfants dans leur coin. Etrangement, aucun ne jouaient où ne daignaient parler, ils te regardaient tous presque avec envie, pour certains, et apitoiement pour d'autres.
En tournant la tête, du coin de l'œil, tu aperçus la gérante avec une pile de papier. Celle-ci remarqua vite ta présence et te lanca un adorable sourire. Sur-ce, tu t'élancas enfin dehors pour découvrir ta nouvelle ville.
A peine as-tu fais un pas dehors, que le monde te paraissait déjà hostile. Ton rictus naissant mourra en une fraction de seconde, sous les quelques lanternes déguisant les rues ; véritables guirlandes de cire.
Tu passas sous un pont où dormait un mendiant, à la surface peu de gens étaient obligés de vivre dehors, à Stohess tout du moins. Ici, les gens avaient, pour la plupart, tous le même visage; des traits monotones qui se répondaient comme des miroirs de chair. Des cernes profondes, rides naissantes, et douleurs apparentes sur chaque trait de leur corps. Le manque de luminosité jouaient aussi son rôle important, et tu pensas que tu succomberas bien vite ; apprenez à une fleur à s'ouvrir seulement la nuit et ses pétales perdront le goût du jour avant même de briller sous les étoiles. Tu risquais donc de finir comme ce gars, le teint pâle, les mouvements las et indécis et surtout...la solitude profonde encré dans le corps comme une épine.
Tu t'arrêtas un instant, et t'approchas de l'homme adossé à la pierre. Tu tentas de lui parler mais il ne répondit pas, peut-être qu'il dormait ou était déjà mort. Son air comateux ne donnait aucun indice pour savoir s'il vivait encore.
Alors qu'il était secoué par tes bras chétifs, une ombre te submergea et quelque chose te heurta violement. Tu n'eus même pas le temps de te retourner que quelqu'un te prit et te poussa sur les pavés au loin :
- " Reste pas là petite ! Argh...-L'inconnu s'attrapa l'épaule et se tourna vers un possible agresseur - Ca va pas de me balancer sur des innocents comme ça ?! Tout ça, ça part juste d'une chicane pour des clopes et tu m'obliges à sortir mes flingues ! Touches-moi encore une fois et j'te fends le crâne ! "
L'inconnu, portant un grand chapeau, te lança un regard réprobateur qui avait la signification de " dégage de là j'tai dit " mais tu étais tellement choquée que tes jambes ne bougèrent pas. L'homme murmura "Je t'avais prévenu " avant de sortir une arme de sa poche et de tirer dans un bruit strident.
A l'entente de ce boucan, tu sursautas de peur et filas dans le premier bâtiment venu. Quelques secondes plus tard, tu ouvrais les portes d'un bar presque vide avec seulement, au loin, un barman et deux clients jouant aux cartes.
Les trois hommes avaient la carrure de combattant et leurs regards brûlaient ton corps entier. L'un d'eux, après avoir déposé un roi de cœur, se lèva bruyamment pour te dire :
- " Eh ! Toi ! Tu viens nous voler c'est ça ? "
Tu déglutis de peur et n'arrivais pas à répondre quoi que ce soit face à l'autorité de cet homme. Le colosse s'approcha lourdement de toi en continuant à aboyer des reproches :
- " Morveuse ! C'est à toi que je parle ! Réponds ! "
A ce moment précis, alors qu'il tapait du poing sur une table bancale, un autre homme fit irruption dans le bar et déposa un corps sur une chaise juste à côté de toi.
- " Valentino...cette fille est apeurée, ça se voit pas ? Elle a dû se perdre et si ça se trouve ne sait même pas parler. - Il avanca sa main vers toi - Tu as un nom ? "
Heureuse d'enfin tomber sur quelqu'un de ton côté, tu lui serras la paume et dis tout bas :
" T/p t/n. Je viens de l'orphelinat. "
L'homme relèva le bord de son chapeau avant de poursuivre vers les deux clients :
- " D'accord t/p, moi c'est Kenny. Vous voyez, elle sait parler - Il se tourna vers le corps sur la chaise - Bon maintenant faut m'occuper de ça. Je cache le corps cette fois, les gars, ou j'assume totalement ? Après tout c'est lui qui m'a agressé le premier et de base le conflit était juste verbal. "
Un long frisson te parcouru, tes yeux chavirèrent jusqu'au visage du type sur la chaise. Il n'avait pas l'air de respirer et une coulée de sang lui couvrait la figure. Il...il était bien mort ! Sa tête éclose par une balle, par celle...de l'homme qui venait de t'accoster. Ce type était dangereux, il pourrait dégainer son pistolet à tout moment et...
Sans un mot de plus, tu crias par reflexe et t'enfuis jusqu'à l'orphelinat. La route te semble interminable jusqu'à ce que tu ouvris enfin les deux battants, remplie de peur. Le visage de cet homme inonda encore ton esprit et le fait d'avoir été en contact avec un tueur t'horripilait. Tu montas à ta chambre à la hâte, croisant de nouveau la gérante accompagnée d'enfant sur le chemin. Les mêmes papiers qu'à ton départ refessaient surface dans ses mains et tu eus le temps de lire le titre inscrit sur chacun d'eux.
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Tu arrivas sur ton lit et t'écrasas dessus, morte de trouille. Le visage de l'homme revenait dans ta mémoire, peut-être que l'on finissais tous comme ça dehors ? Mais ce n'était pas ça le problème actuel, maintenant ce qui te préoccupait, c'était la gérante.
En passant, tu avais vu que sur les papiers étaient inscrits ces mots " vendre ", " enfant ", et "esclave ".
Le dehors te faisais peur, certes, mais ça, c'était encore plus inquiétant.
Ps : Quelques légères ressemblances avec The Promised Neverland sont malencontreusement glissées dans ce chapitre; je tiens juste à signaler que j'ai juste lu le tome 1 et que cette fanfiction ne reprends en aucun cas les personnages et le thème de l'œuvre. Voilà :,)
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Livaï X Reader " Dans les ténèbres ".
FanfictionLes bas-fonds, cette prison souterraine qui sert de labyrinthe à la mort. C'est là qu'ils vivent depuis leur naissance, et comment ils le disent tous "certainement aussi là qu'ils mourront. " Les choses sont peu claires, dans ces cités obscures et l...