Boum. Ton talon repose lourdement sur le tabouret que Livaï t'a apporté. Ta cheville est totalement entaillée, la chair est nue, délicatement poudrée de rouge, vite écrasée par les bandages.
En face de toi, Livaï est accaparé à la tache, il serre le tissu vivement en mimant une expression de dégout...Il n'a pas changé lui...
Pendant qu'il s'occupe de ta blessure, tu regardes attentivement l'endroit où il a élu domicile :
Une tonne de meubles est entassés dans la même pièce, mais tous sont parfaitement bien époussetés. A ta gauche, un seau humide où trempe une serviette te prévient que Livaï est toujours un maniaque du ménage. Sur une étagère trône un paquet , certainement rempli d'économies, mais à vue d'œil il n'y a même pas de quoi payer la sortie de ce gouffre à un pauvre oisillon.
Le garçon serre à nouveau le bandage à ta cheville, encore plus fort que la première fois. La douleur te fait sursauter et tu entends quelque chose tomber de ta poche. Livaï l'intercepte au vol avant de relever lentement les yeux vers toi.
- " Cette chouette...Je ne m'attendais pas à ce que tu l'ai toujours. T'as pu retrouver la propriétaire ? Et au fait...il est devenu quoi l'orphelinat ? "
Tu souris malicieusement :
- " Tiens ? T'es devenu bavard tout d'un coup ? "
Il fronce les sourcil et serre l'objet dans sa main :
- " Non, si je dis ça c'est dans mon propre intérêt ; Un de mes clients cherche des bijoux très précieux, selon lui ils sont détenus par la fille d'une famille qui, jadis, était celle des plus grands orfèvres de ces murs. Mais ses parents morts, elle est devenue orpheline avec son frère et nous n'avons eu plus AUCUNE nouvelle d'elle. "
Tu tournes la tête, pleine de curiosité :
- " Un client tu dis ? - Tu lui attrapes la statuette des mains - T'as du travail ? "
Mais Livaï s'impatiente :
- " Non ! Laisse moi voir c'te chouette, y'a t'être un nom quelque part ! "
Il te l'arrache brusquement des mains en examinant le jouet minutieusement. Ca te retire un soupir et tu t'attables sur un canapé au bout de la pièce, claudiquant pour y arriver. Ca a valu un "tch" de la part de Livaï, peut-être croit-il que tu vas lui tâcher son tapis de tes bandages sanglants ?
Les coussins aussi débourrés que la pipe des mendiants sont d'un inconfort, mais tu supposes qu'il faudra t'y faire... Pareil pour la froideur de la pièce ; les murs sont si gelés qu'on se croirait en plein hiver ! Enfin, c'est bien possible, qui te dit qu'on est pas en plein mois de janvier à la surface ? Ici, tu sembles être plongé dans le froid et l'obscurité pour toujours...
Le bruit d'une cavalcade rugit derrière la porte, elle ne s'arrête pas, Livai à l'inverse ne bouge pas d'un pouce. Il continue d'examiner l'objet comme si les conflits étaient matière courante dans ce quartier. Même pas un soubresaut, ni un regard vers la fenêtre, il est habitué. Toi, à l'inverse, tu es déjà levé, sur ton pied souffrant, un vase à la main. Le garçon te lance un regard apitoyé :
- " Tu es vraiment trop sur tes gardes, tu ne me fais pas beaucoup confiance en réalité ? "
La porte grince un peu, les volets claquent, mais aucun de vous deux ne bouge. Tu détournes ton regard en pestant :
- " Pour un gars qui m'a promis de m'entraîner c'est plutôt toi qui devrais être sur tes gardes... Si quelqu'un entrerait tu ne serais même pas en mesure de me protéger. "
Livaï soupire et tu remarques quelque chose briller à côté de lui, une seconde après, un couteau se plante dans le bois de la porte. La lame transperce le battant avec une justesse inégalée. Pile en plein milieu.
- " Quand on vit ici, on doit certes avoir des réflexes, mais il faut aussi savoir bluffer ; on aura moins peur d'un Homme assit qu'un autre debout, prêt à te faire crever. Les regards se portent souvent en premier sur la personne qui bouge le plus. "
Tu es vraiment interloquée par ce qu'il raconte, tellement que tu manques de faire tomber ta statuette lorsque Livaï te la lance. Il te dit avec un ton bien trop sérieux selon toi :
- " Y a un nom dessus : Anehta. Et une adresse gravée tout autour de l'œil. Certainement celle de l'orphelinat, regarde. "
Tu scrutes avec attention le garçon qui commence à se servir du thé noir dans une tasse. Il a une gestuelle soudainement plus délicate et il croise les jambes en fermant les yeux. Mais ce qui te fait tilter, c'est la façon dont il la tient. Il t'avait raconté l'anecdote du jour où il avait cassé la hanche d'une de ses tasses et y a gagné ce tic. En y repensant c'est vraiment touchant...
- " Eh ! Arrête de me dévisager et regarde l'adresse ! "
Tu te redresses d'un coup :
- " Ah oui ! L'adresse ! "
Autour de l'œil en rubis, il y a effectivement une adresse, c'est bien celle de l'orphelinat ! Tu essayes de regarder s'il n'y a pas un autre indice à côté et soudain, l'œil tombe et tu découvres un petit papier derrière, roulé comme un parchemin. Livaï manque de renverser son thé :
- " C'est quoi ça ?! Un message ? "
Tu n'attends pas une seconde de plus et lis directement l'écriture minuscule.
- " Argent. Aile. Droite. Victoire. "
Tu regardes ton partenaire sans comprendre, lui aussi semble perdu. Il te prend la main pour lire le papier mais reste tout aussi dubitatif.
- " Ca n'a aucun sens - Tu lorgnes la feuille en plissant des yeux - Vraiment aucun sens... "
-" C'est peut-être un message codé. "
Livai emporte la feuille avec lui et s'attable un instant, avant d'aller chercher un vieux livre. Il te fait signe de courir te reposer et tu repars en claudiquant jusqu'au canapé en grimaçant.
- " Arrête de faire la moue, dès demain tu seras rétablie. "
Tu te moques un peu de lui en maugréant qu'il n'est pas médecin ; tes yeux fixés sur Livaï, cherchant un sens à tout ça. Le voir à l'œuvre te radoucit, il a l'air d'une délicatesse sans égal, lui qui pourrait tuer un homme sans soucis. Il vient même te poser une couverture sur ton dos pour t'aider à dormir. Et tu tombes finalement dans les bras de Morphée lorsque la caresse d'une griffe venait te resserrer tes bandages.
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Livaï X Reader " Dans les ténèbres ".
FanfictionLes bas-fonds, cette prison souterraine qui sert de labyrinthe à la mort. C'est là qu'ils vivent depuis leur naissance, et comment ils le disent tous "certainement aussi là qu'ils mourront. " Les choses sont peu claires, dans ces cités obscures et l...