Les tics et tacs de l'horloge te rappelaient à l'ordre à chaque fois que tu commencais à t'endormir. Cela faisait quatre heures que tu essayais de ne pas tomber de fatigue, et que tu t'étais adossée à la pendule pour te tenir éveillée. Derrière toi, la grande boîte battait comme un cœur d'acier alors que la pendule résonnait en son sein ; impossible de s'endormir avec ça.
Il était presque vingt heures, et dans deux heures, tu sortiras par la fenêtre et gagneras les rues à la recherche du bar de la dernière fois. Peut-être que le barman, dans une extrême bonté, voudra bien t'engager comme serveuse ou ménagère. Tout du moins, si le système est le même qu'à la surface. Ton père t'avait dit qu'une de ses amies d'enfance, Leana, avait été embauchée assez jeune dans un restaurant après avoir fuguée de chez elle. Alors peut-être que tu pourras faire exactement comme elle et te tirer de là sans problème.
Tu fixas le cadran rond, sa face lunaire ressemblait à celle d'un gros bonhomme qui engloutissait les minutes pour les convertir en heure. Dans ton agacement, tu lui donnas un coup de pied, même si ça ne lui fera pas manger les secondes plus vite. Tout ce que tu en obtins, c'était un doing profond et la chute d'un objet du haut du bloc de bois. Sur la moquette tomba une petite statuette de chouette. Ca ressemblait à un jouet oublié, et la poussière accumulée sur son plumage de fer laissait à penser qu'il était là depuis longtemps. Tu l'examinas en détail, mais un craquement dans l'escalier te poussas à le faire glisser sous ton lit ; la Gérante arrivait, certainement à cause du bruit.
Ses boucles châtains dépassaient de l'encadrement de la porte et elle te toisa sévèrement, heureusement tu arrivas à t'expliquer, ou du moins à lui mentir :
" Désolé, j'ai trébuché contre l'horloge, Madame...euh...madame... "
C'est vrai, tu ne connaissais même pas son nom ! La femme ne semble pas trop s'attarder sur ce détail et ouvrit entièrement la porte pour déposer sur un bureau une tisane.
" Tiens, il va se faire tard. Bois ça et vas dormir, ça te fera du bien ! "
Sur-ce, elle referma la porte et te salua de sa main... grande main. Plus tu regardais sa paume et ses doigts, plus tu les trouvaient griffues et bestiaux. Comme celles d'un renard, ou bien alors les serres de ce qu'on appelle, vers les montagnes, aigles.
Tu lui fis un sourire hypocrite en signe d'au revoir et te lancas sur la tisane qu'elle t'avait proposée. Tu la reniflas, la fis tourbillonner, et même si elle semblait plutôt normale, tu gardais encore le doute qu'elle fut piégée ou empoisonnée. Alors, furtivement, tu vidas son contenu sur les toits et fit semblant d'aller te coucher. La chouette était encore sous ton lit, l'entendant presque hululer, elle se fit vite rapatrier dans ta poche et gardée comme un trésor.
Deux heures plus tard, ton regard se tourna une nouvelle fois vers le cadran, mais cette fois, il était temps de se lever ! Tu déposas délicatement tes pieds par terre et essayas de faire le moins de bruit que possible. Tes mains venaient tâter le bord semi-visible de la fenêtre et soulèvèrent la vitre qui monta, te donnant l'espace requis pour pouvoir passer. Tu attrapas tes chaussures par leurs lacets et les rapprochas pour les enfiler mais, quelque chose vint arrêter ton mouvement. Une nouvelle fois, tu entendis une voix venant de l'extérieur de ta chambre.
" Elle vous conviendra parfaitement je vous assure ! En plus, je l'ai totalement endormie donc pas besoin de la violenter comme la dernière. "
Tu étais arrêtée dans ta lancée, lorsque la porte s'ouvrit pour la énième fois, et que tu vis son visage se froisser de colère lorsqu'il rencontra ta silhouette, tu étais comme un lapin pourchassant les heures, fuyant lui-même une bête prête à lui bondir dessus à tout instant. La loi du plus fort dominait à elle seule la partie et tant que le sang de l'autre n'était pas versé, celle-ci n'est pas terminée.
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Livaï X Reader " Dans les ténèbres ".
FanfictionLes bas-fonds, cette prison souterraine qui sert de labyrinthe à la mort. C'est là qu'ils vivent depuis leur naissance, et comment ils le disent tous "certainement aussi là qu'ils mourront. " Les choses sont peu claires, dans ces cités obscures et l...