Alors que tu entres dans la douche, une odeur de moisi t'assaille le nez et l'humidité de la pièce te prend les yeux et la gorge. Tu tires un rideau troué et tombes nez à nez avec une large bassine de bois, au dessus d'elle trône un tuyau de métal légèrement rouillé semblant très usé. Cette salle de bain pourrais vraiment paraître seulement sale, répugnante ; mais c'est pourtant un luxe d'en avoir une.
Comparé à la surface, les réseaux d'eau sont de meilleures qualité dans les bas-fonds, néanmoins, il semble que ce privilège n'est pas accessible à tous. Alors, tu fermes juste les yeux sur la "déco" et te fais couler de l'eau avant de rentrer dans le bain tiède.
Quelques temps plus tard, après t'être séchées et habillée avec tes nouveaux vêtements, quelque chose tombe de la poche de tes anciennes guenilles ; la statuette de chouette. Tu la scrutes un instant avant de la poser sur un meuble, à côté de trois couteaux et d'un bout de tissu. Livaï t'appelle de l'autre bout de la maison.
Tu traverses les pièces à toute vitesse pour déboucher dans une sorte de cour intérieure, tu es directement frappée par le nombre de bouteilles éparpillées sur le sol, puis littéralement par le garçon. Il t'a pris par surprise et se fait une joie de te mettre à terre. Quelques secondes plus tard, une douleur te déchire le dos et ta bouche s'ouvre dans un cri apitoyé. Mais l'autre n'a pas de pitié, tout comme le monde, et te prend par le col en meuglant :
" Eh ! Tu veux apprendre à te défendre oui ou non ?! "
Tu lui flanques un coup de poing en plein visage et lui sautes dessus avec rage, il bascule en arrière et retombe dans une pile de charbon. La pierre cendrée vous fait tousser et il profite de ton inattention pour se faire rouler sur le côté et enchainer les coups de pieds. Tu souffles, presque ensevelie sous le tas noir et te protège de tes avant-bras :
" T'as gagné, t'as ga- "
Mais il ne s'arrête pas et se met à te gueuler dessus, une vague de haine déferlant de son corps touchant presque à l'adolescence, s'il vivrait là où tu as vécu il serait pourtant si candide et innocent à cet âge. Et voilà qu'il te rejette tout ça en pleine figure, il crie :
" Non ! Tu ne peux pas abandonner ! Je te- "
D'une traite, tu te relèves et le balaye puis lui mords férocement le bras, quelque secondes plus tard il semble déclarer forfait. Sa main s'empare de son bras troué de petites marques baignant de sang. Il secoue la tête et te lances, d'un ton mitigé :
" Eh ben, quand on t'attaque tu te défends, mais bon heureusement je me suis retenu de t'achever. - Il reprend son ton sérieux - Bon, cette mise en bouche m'a permise de constater tes réflexes et techniques, Kenny m'avait fait la même. Franchement, tu peux faire mal, mais pour ce qui est de la technique tu te bat comme une sauvage. Faut être plus gracieuse, sérieux, et en plus mordre c'est pas très hygiénique !"
Tu hoches la tête docilement et époussète ta chemise déjà noircie, le garçon te prend le bras ( en serrant plutôt fort pour exprimer son amertume ) et te tire jusqu'à un placard où il en sort deux gros couteaux. Tu frémis :
" Hé ! On va quand même pas utiliser ça c'est dangeu- "
" Tais-toi - Te coupes-t-il - C'qui est dangereux c'est de se promener dehors sans rien comme tu l'a fait ! Allez maintenant - il te tend un couteau - attaque moi. "
Le manche t'appuie fortement sur ta plaie de votre premier combat mais la douleur reste supportable. Le garçon se met, pour sa part, en position de défense, et s'apprête à encaisser tes attaques.
La poussière se soulève sous vos pieds, le garçon garde le même regard taciturne aussi impressionnant et impassible que d'habitude. Il te fait signe d'approcher, et tu avances de quelques pas vers lui. Alors, tu serres l'arme dans tes mains et...
" Hé, les gosses ! J'avais dit pas de bagarre attardés ! - Vous vous tournez tout les deux vers Kenny, semblant assez en colère face à votre attitude. - Vous allez voir..."
Livai s'interpose entre vous deux et lui dit, droit dans les yeux :
" Je lui apprenais à se battre ! "
L'homme le dévisage :
" Toi ? A elle ? "
Il répond avec arrogance :
" Oui, moi ! A elle ! "
L'homme soutient son regard avant d'éclater de rire, frottant les cheveux de Livaï en te lançant :
" Eh beh T/p ! On est privilégié à ce que je vois ! "
Tu te sens rougir et Kenny semble vraiment ravi que son Livaï ait pu se lier d'amitié avec quelqu'un. Mais, son enthousiasme s'éteint légèrement lorsque la fatigue prend le dessus :
" Bon les gosses, il est tôt, je sais...mais allez vous coucher ! Demain, on a beaucoup à faire... "
VOUS LISEZ
Livaï X Reader " Dans les ténèbres ".
FanfictionLes bas-fonds, cette prison souterraine qui sert de labyrinthe à la mort. C'est là qu'ils vivent depuis leur naissance, et comment ils le disent tous "certainement aussi là qu'ils mourront. " Les choses sont peu claires, dans ces cités obscures et l...