Jake la conduisit à la plage. Il y avait un feu de camp et tout le monde était présent. Maika aurait dû se sentir réconfortée mais ce n'était pas le cas.
"Je n'ai pas envie de ça," dit-elle à son cousin.
"Oui, mais c'est ce dont tu as besoin."
Il la tira par la main vers le feu et ses amis.
Kim se jeta dans ses bras et la serra fort, lui murmurant qu'elle était là pour elle. Jared l'étreignit lui aussi, tout comme Emily. Même Leah se rapprocha d'elle, lui offrant un sourire réconfortant. Comme si elle la comprenait mieux que quiconque.
Et puis il y eut Paul.
Il grimaça en se relevant du rondin de bois et s'approcha.
"Tu devrais te reposer," fut tout ce qu'elle trouva à lui dire. "Je suis désolée pour ce qui t'est arrivé à cause de moi."
Il se rapprocha un peu d'elle. Pas beaucoup mais suffisamment.
"Ce n'était pas de ta faute," gronda-t-il. "Je t'interdis de penser ça. Et si c'était à refaire je le referais mille fois."
Il posa une main sur sa joue.
"Je suis désolé pour ton père."
Elle sentit les larmes inonder ses yeux, obscurcissant son champ de vision. Elle hocha la tête et alla s'asseoir avec Jared et Kim.
Il y avait de l'alcool. En quantité astronomique. Comme si tout le monde avait envie de s'évader pour quelques heures. Oublier l'espace d'un instant la tragédie qui avait frappé la réserve.
Personne ne dit rien quand Maika finit son premier verre et enchaîne directement avec le suivant. Personne ne fit de commentaires pour ceux qui suivirent.
La tête lui tournait, le sol tanguait sous ses pieds et elle avait besoin d'air. Elle s'éloigna du feu de quelques pas. A cet instant elle se sentait la femme la plus malheureuse du monde. L'alcool, dans les mauvais moments de la vie, a cet effet sur pas mal de gens. Personne ne pouvait en vouloir à Maika de faire de l'alcool triste après ce qu'elle avait traversé.
Paul la rejoint et ne dit rien pendant un moment. Elle non plus.
"Je ne peux pas avoir une discussion avec toi maintenant," souffla-t-elle.
"Je veux être là pour toi."
Elle frissonna quand il la prit dans ses bras. Elle se sentait mieux, ainsi blottie dans ses bras. Mais elle ne pouvait pas, ne méritait pas ce genre de réconfort.
Ses pensées étaient embrouillées. Elle le repoussa doucement.
"Tu ne comprends pas," murmura-t-elle dans un sanglot. "Il y a cette noirceur en moi depuis que je suis arrivée ici. Elle s'est intensifiée avec la mort de mon pè..."
Sa voix se brisa. Elle respira un grand coup. Sa tête lui tournait.
"Mais une grande partie de toute la noirceur qui entoure mon cœur et me rend plus désespérée que jamais, c'est toi qui la cause."
Paul se rapprocha d'elle et elle le ressenti jusque dans ses tripes.
"J'aime les mariages, les belles robes et quand les films finissent bien ! Qu'est ce que ça dit sur moi ? Que je suis quelqu'un d'insouciant ! Pourtant pour la première fois de ma vie j'ai été confronté à un choix qui m'a demandé de faire appel à tout ce qu'il y a de bon en moi pour prendre la bonne décision."
Une petite lumière s'alluma dans les pensées embrouillées de la jeune fille. Elle savait qu'elle n'était pas censée dire ça, mais c'était plus fort qu'elle. L'alcool était plus fort qu'elle.
"Parce que j'ai pris la bonne décision en cédant aux supplications de Maya. Parce que choisir le bonheur de quelqu'un plutôt que le mien fait de moi tout ce que j'ai toujours voulu être," continua-t-elle.
Les vannes étaient ouvertes. Les mots sortaient de sa bouche sans même qu'elle ne puisse les arrêter.
"Alors, d'une façon un peu glauque, je crois que je devrais te remercier. Parce qu'au-delà du foutoir que tu mets dans ma tête, de la tristesse et du vide que tu laisses en moi, tu me rends meilleure."
"Maika," murmura-t-il.
"Mais si je sais que ce que je fais est bien Paul, que je suis celle qui a le moins besoin de toi, parce qu'un jour, pas demain, pas dans une semaine, mais un jour je me relèverais toute seule, dis-moi pourquoi je me sens si mal."
Elle pleurait à présent. Sa voix tremblait et elle sentait les larmes chaudes couler sur son visage. Elle savait que le discours décousu qu'elle lui tenait, n'avait pas beaucoup de sens. Mais elle en avait besoin.
"Il y a qu'une seule chose dans ma vie que je désire réellement, toi. Et pourtant tu es la seule personne que je ne peux pas avoir dans ma vie comme je le voudrais. Dieu, le cosmos, le karma, appelle le comme tu veux, me nargue. Il te place juste sous mon nez pour que tous les jours je puisse me rendre compte à quel point c'est dur sans toi."
Elle se détourna et sentit la chaleur de sa présence irradier derrière elle. Il la retourna doucement vers elle.
"Alors je t'en prie," supplia-t-elle. "Rend moi ma liberté."
Elle le frappa sur le torse. Il sursauta de douleur mais pour une fois elle s'en fichait. Qu'il souffre autant qu'elle lui remontait le moral.
"Fais quelque chose, hurle moi que jamais tu ne m'aimeras, dis moi que je ne suis pas assez bien pour toi. Fais-moi mal une bonne fois pour toute, mais arrête de déchiqueter mon cœur morceau par morceau."
Elle ne comprenait pas pourquoi les mots sortaient de sa bouche. Elle ne savait même pas s'ils avaient un sens mis bout à bout. Mais elle savait qu'elle disait la vérité. Et ça faisait du bien. Il s'approcha un peu plus et caressa sa joue.
"Je ne peux pas faire ça."
Elle releva les yeux vers lui.
"Alors tu es un idiot Paul Lahote."
"Et toi une alcoolique."
Elle ne rit pas. Elle n'en avait plus la force.
***
Bonjour à tous,J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à appuyer sur la petite étoile en bas du chapitre, ça fait toujours plaisir et ça boost la motivation quand on sait que son histoire plait :)
A très vite,
WSC.
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Let Me Out - The Call
Fanfiction"Et Paul et Maya ?" Demanda-t-elle. "Elle avait un frère, le meilleur ami de Paul, il s'est tué en voiture. Paul a pris soin de Maya surtout après qu'elle ait essayé de se foutre en l'air. Je crois qu'elle a toujours rêvé d'être avec lui et qu'il ép...