Let Me Out - The Call

Chapitre 8

Pendant le reste du trajet, Maïka resta silencieuse. A part les brèves réponses qu'elle donna à Kim quand celle-ci la regardait lui posait une question directe. Son amie ne sembla pas se rendre compte du trouble qui l'habitait. La jeune fille avait juste du mal à réaliser ce qu'elle venait d'entendre. Maya avait vraiment vécu quelque chose d'horrible, et Maïka ne pouvait même pas imaginer la peine qu'elle avait ressenti. Il y a certaines personnes à qui la vie n'avait pas souri. Des gens qui essayaient de remonter la pente et qui ne laissait rien transparaître du mal qui les habitait. Maïka, elle, n'avait jamais rien vécu de tout ça. Elle ne devait pas se forcer à rire en pensant que son frère ne le ferait plus jamais lui. Elle ne voulait plus ressentir de la jalousie pour Maya. Elle ne pouvait pas nourrir ce sentiment envers quelqu'un qui avait perdu un être cher. Quel genre de personne a envie d'être à la place d'une nana qui a vu la mort de près. Trop près. Et puis ce n'est pas un concours... La plus malheureuse, ou en nécessité, ne gagnerait pas le cœur de Paul. Non.

Ce n'est que quand Kim gara sa voiture sur le bas-côté que Maïka reprit pied dans la réalité.

« Tu es bien silencieuse aujourd'hui, » fit remarquer son amie. « Il y a quelque chose qui te trotte dans la tête ? »

« Non, je pensais juste à la nouvelle, je suis vraiment super contente pour Emily et Sam ! »

Et Kim reparti de plus belle sur toutes les idées qu'elle avait pour la décoration. Maïka savait quel levier déclencher pour détourner l'inspecteur Kim de son enquête... Elle aurait pu se confier à Kim, lui dire qu'elle pensait s'être imprégnée de Paul. Mais à quoi bon mettre dans l'histoire une tierce personne quand Paul ne voulait même pas en entendre parler. Elle se retrouvait comme qui dirait dos au mur.

Peu de temps après elles furent rejointes par le reste de la meute. Et la joyeuse petite bande se mit en route pour la falaise. Il faisait aussi noir que dans un four et Maïka sentit l'excitation précédant un saut flotter dans l'air. Ses doigts la picotaient et elle avait hâte de ressentir la sensation de liberté. Cela ne durerait que quelques secondes mais c'était toujours mieux que de ne rien ressentir du tout.

Pendant que chacun se mettait en sous-vêtements, il fut décidé que Jared ne sauterait pas et accompagnerait Kim sur la plage avec les vêtements. Quand celle-ci protesta en disant qu'elle pouvait très bien faire le chemin seule, qu'elle l'avait fait des milliers de fois, un malaise pesa sur le petit groupe. Tous jetèrent des coups d'œil inquiets à Maïka. La seule et unique fois où elle s'était rendue ici, une petite fille était morte. La jeune fille ne s'en était toujours pas tout à fait remise. Quand Kim comprit ce qui se passait elle laissa tomber et adressa un sourire contrit à son amie.

« Bon, » commença Jake pour détendre l'atmosphère. « Je me lance en premier. »

Joignant le geste à la parole, il effectua un bon en hurlant de plaisir tandis que le couple s'éloignait en chuchotant. Jake fut suivi des autres et rapidement, Maïka se retrouva seule avec Paul. Le vent avait forci. Mais la jeune fille ne le sentit pas. Ses cheveux lui tombaient sans cesse sur le visage.

Paul s'approcha d'elle doucement et la brune sentit les papillons décoller dans son estomac. Une onde de chaleur lui traversa le corps et Maïka se détesta instantanément pour ça.

Reprends-toi ma fille, n'oublie pas aussi vite tes bonnes résolutions !

« Je voulais te dire, » chuchota Paul, si bien que Maïka eut du mal à l'entendre. « Je suis désolé de la façon dont je t'ai accueilli. Je ne voulais pas être aussi brusque. »

La jeune fille retint son souffle. Allait-il lui dire qu'il la ressentait aussi ? Cette attraction qui les poussait l'un vers l'autre. Ce besoin permanent de se toucher, d'être proche. Toujours plus proche.