Chapitre 28

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La traque avait été facile. Le plus dur restait à venir, de ça Maika en était persuadée. Une partie d'elle avait bien conscience qu'elle pourrait ne pas survivre à la confrontation et que ça tuerait sa mère si elle y restait. Mais la jeune femme n'en pouvait plus de respirer dans un monde où la meurtrière de son père en faisait autant. Alors elle avait fait un choix. Si elle devait mourir pour venger la mort de son père, elle le ferait.

Elle voulait se persuader que ça n'avait rien à voir avec la tournure que sa relation avec Paul avait pris. Mais quitte à être totalement honnête avec elle-même, elle espérait secrètement qu'elle réussirait à tuer la vampire et que cette dernière entraînerait sa propre chute. Maika n'était pas certaine de pouvoir vivre avec ce qu'il lui restait de cœur.

Il n'avait plus la force de se battre, alors celui de se battre ? Jour après jour ? En le voyant câliner une autre alors qu'ils s'étaient enfin laissés aller à accepter que ce qu'il y avait entre eux était plus fort que tout.

Paul avait tout balayé sur son passage. Il avait changé sa vie, sa perception du monde et maintenant Maika se sentait vide. Douloureusement vide.

Elle était postée devant le bar, tanière de la vampire depuis plus de six heures maintenant. Sans bouger, limitant sa respiration, ses yeux rivés sur le fenêtre. Elle attendait le bon moment, le moment de tuer pour la première fois de sa vie. Mais était-ce vraiment tuer si le cœur qu'elle arracherait avec plaisir ne battait plus depuis longtemps déjà ?

Toutes les parties de son corps la faisaient souffrir le martyr. L'immobilité, le silence assourdissant.

Mais Maika n'avait plus peur de souffrir maintenant. La souffrance ne vous tue pas. Elle vous anesthésie et vous rend insensible. Plus rien ne compte, pas même votre propre vie.

Elle se laissa rouler sur le dos et fit descendre la fermeture éclair de son sweat-shirt lentement, doucement, méticuleusement. Elle avait pris le soin de mettre le moins d'habits possible. Pour aller plus vite, éviter d'alerter sa proie par des mouvements non nécessaires. Une fois nue, elle se transforma, ses sens aiguisés.

Maika huma l'odeur du sang, le sien bouillant dans ses veines.

Cette salope est en train de dîner, pensa-t-elle.

Elle ressentit le besoin urgent de se précipiter pour sauver la victime, mais elle ne voulait pas gâcher son avantage de surprise. De plus, même avec ses capacités auditives décuplées, elle n'entendait que la fausse respiration de la vampire. Il n'y a déjà plus d'espoir.

Elle se dirigea à pas de loup vers l'ancien bar. Humant les différents parfums, s'assurant une dernière fois qu'elle n'aurait pas de surprise lorsqu'elle trouverait le moyen d'entrer dans la bâtisse. Une fois dedans, il faudra qu'elle réagisse vite, ne perde pas de temps à réfléchir, car son odeur la trahirait aussitôt. Elle repéra un trou dans la porte de derrière, juste assez grand pour qu'elle puisse s'y engouffrer. Elle respira une dernière fois. Repensa à toutes les choses que cette vampire lui a arraché pour se donner du courage avant de se faufiler à l'intérieur.

Maika ne commit pas d'erreur, ne fit pas un bruit, la vampire devait être complètement absorbée par le sang dans sa bouche car elle ne remarqua même pas la jeune louve. Elle continua de vider le pauvre adolescent étendu à même le sol.

Comme un animal.

Elle ne réfléchit pas plus que ça, elle se jeta sur sa proie et la mordit longuement à l'épaule. La vampire hurla de surprise et de douleur, essaya de se redresser. Maika eut vaguement l'impression d'être un roquet accroché fermement à une cheville lorsque la vampire tenta de lui faire lâcher prise en la rouant de coup à l'aveugle. Elle ne lâcha pas. La colère obscurcit son jugement et donna l'avantage à la meurtrière.

Elle attrapa une des pattes arrières de la jeune louve et tira dessus. Maika poussa un hurlement de douleur en sentant ses os craquer et se briser. Elle lâcha sa prise et ce fut sa première erreur, sa seule erreur.

La vampire se retourna d'un bond et se mit en position de combat. Maika fit de même mais elle fut déséquilibrée par sa patte cassée.

"Mais qui avons-nous là ?" Grinça lentement la voix métallique. Elle ne semblait même pas souffrir de sa blessure à l'épaule. "Ne serait-ce pas ma louvette préférée ? Comment va ton papa ?"

Maika rugit et fit claquer ses dents. Son jugement faussé par la colère, elle se rua sans réfléchir sur son adversaire. Celle-ci n'eut qu'un pas de côté à faire pour l'éviter et Maika se retrouva à butter contre une table délabrée. Sonnée, elle se redressa péniblement.

"Tu n'aurais pas dû venir," susurra la vampire. "Tu aurais dû abandonner la partie, reprendre le cours de ta misérable vie..."

Elle ricana.

"Maintenant, je vais être obligée de te tuer. Pas que ça me déplaise, franchement, tuer le père et la fille, je vais avoir droit à des points bonus."

Maika ne réitérera pas son erreur de foncer tête baissée, mais elle avait déjà perdu son avantage à ce stade. Son plan était simple : ne pas laisser le temps à l'adversaire de comprendre ce qui lui arrive. Or, elle savait qu'en combat singulier, elle était désavantagée par son manque d'expérience. Elle se résigna à ne pas ressortir vivante de cet affrontement mais elle était bien décidée à ce que la vampire y reste aussi.

Alors, prenant une dernière fois appui sur sa patte blessée, elle bondit et visa la gorge. Au moment où elle atteint sa cible, la voix de Paul résonna dans sa tête :

Je t'interdis de me quitter.

Simultanément, elle sentit le sang jaillir dans sa bouche alors qu'elle décapitait son adversaire et la main de cette dernière s'enfoncer profondément dans son ventre, fouillant dans ses tripes. Elle lâcha prise, le brouillard l'enveloppa et elle se métamorphosa, ne voulant pas mourir sous sa forme de loup. Elle contempla la vampire morte, regarda son propre ventre ouvert d'où le sang jaillissait en longs ruisseaux et sourit paisiblement. La boucle est bouclée.


**** Et voici l'avant dernier chapitre !
Qu'en avez-vous pensé ? Est-ce que Maika va survivre et Paul arrivera-t-il à la sauver ? La réponse d'ici une semaine !
A très vite, 
WSC.

Let Me Out - The CallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant