☆ Chapitre 6 ☆

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*Estella*

  ― Voilà, ma chérie, je dois y aller. Nous poursuivrons plus tard ! Ce fut un plaisir !

  Je remerciai Madame Selanne, et sortis de la pièce.

  Je n'étais pas sitôt dehors que Blanche arriva, l'air très excité.

  ― Stella!!!!! J'ai trouvé quelque chose !

  Puis, jetant un regard aux quelques domestiques qui s'activaient dans le couloir, elle chuchota:

  ― Suis-moi.

  Nous arrivâmes bientôt dans sa chambre. Un peu gênée, je regardai autour de moi. D'habitude, je ne venais ici que pour mon travail. Et à ce propos...

  ― Blanche, ne devrais-je pas être en train d'aider les autres domestiques ?

  ― Non. J'ai besoin de toi ici, et tu es supposé m'obéir, personne ne se posera de questions.

  ― Bien, mais que se passe-t-il donc de si important ?

  Blanche semblait avoir du mal à contrôler son exaltation.

  ― Je flânais dans les couloirs, et je suis passée devant le bureau de mon père. Je t'épargnerai les détails, mais toujours est-il que j'ai maintenant en ma possession...

  Elle marqua une pose.

  ― Le journal de mon père !

  Je manquai de m'étouffer.

  ― Tu as fouillé le bureau de ton père ?! m'étranglai-je. Et tu lui a volé un document ?!

  Blanche parut un peu embarrassée, mais rien ne semblait pouvoir porter atteinte à son excitation.
  Elle se leva, chercha un moment dans son armoire, et se releva en brandissant une liasse de papiers froissés au dessus de sa tête.

  ― Le voilà !

  Je restai interdite.

  ― Tu es sûre qu'il s'agit bien de ce que tu crois ?

  ― Oui, pratiquement ! J'ai reconnu son écriture, et le contenu ressemble vraiment à un journal !

  ― Tu l'a lu? interrogeai-je.

  ― Non, seulement vu un ou deux mots, vers la fin. Je t'attendais, répondit-elle avec un léger sourire. J'ai le pressentiment que cela te concerne principalement.

  Je devais avoir l'air très surprise, car Blanche éclata de rire.

  ― Allez, viens, j'ai vraiment hâte de connaître le contenu de ces pages ! s'exclama-t-elle.

  Je m'assis donc docilement à ses côtés, nous ouvrîmes le journal à la première page, et je commençai à lire.

Le jeudi 19 mai 1864

  Quelle affreuse journée ! Je devais me confier à quelqu'un, et étant donné l'absence d'une personne qui veuille bien m'écouter, je me vois dans l'obligation d'écrire mes maux sur un être fait de papier et relié de cuir.

  Aujourd'hui, ma mère a fait une de ses crises. Elle semblait comme folle, c'était terrifiant. Elles sont de plus en plus fréquentes et violentes depuis le départ de Père.

  Notre voisin, Monsieur Jean a dû intervenir. Il a tenté de calmer Mère et à fini par l'enfermer dans sa chambre. Puis, il est venu vers moi et m'a déclaré:

  ― Ma petite, je suis vraiment navré. C'est pour ton bien, tu sais... Il faut que tu partes. Elle est trop violente. Un jour où l'autre, elle te fera vraiment mal, ou peut-être même pire. Voici l'adresse d'amis à moi. Ils n'ont pas d'enfants, mais ils en ont toujours souhaité. Tu seras bien avec eux.

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