Chapitre 28

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Bordel de merde. Je regarde mon vampire me regarder, un air amusé planté sur le visage. Non mais c'est une plaisanterie ? Je veux bien que ça te fasse rire, crétin, mais tu n'es pas obligé de t'en réjouir ! Sale con. Je dérape sur les graviers et me retiens de justesse au mur. Si je tombe, je meurs. Mais après tout, pourquoi pas envisager cette possibilité, histoire de faire retenir une bonne leçon à un certain Rukos prétentieux ?
Je jure et regarde par-dessus mon épaule. Mes poursuivants me suivent au pas près. Et ce qui me dérange, c'est que je commence à fatiguer alors qu'eux, ont à peine l'air d'haleter. En même temps si leur intelligent petit copain ne m'avait pas dragué, je ne l'aurai pas tué et on n'en serait pas là. Tout est sa faute.
Soudain, je repère une personne susceptible de m'aider.

-Alex ! Crié-je.

Son large dos identifiable parmi tous les corps, se retourne au son de ma voix. Il a une main dans la poche et l'autre tient une coupe de champagne.

-Rachelle ?! S'étonne-t-il.

Je prends ses épaules et m'appuie sur lui afin de m'aider à faire demi-tour, malgré mon élan.

-Ra...Mais tu fous qu...?!!

Lorsqu'il voit les vampires s'arrêter devant lui, il recule de stupeur.

-Mais...Qu'est-ce que tu as foutu, bordel ?

-J'ai l'impression d'avoir entendu cette phrase au moins dix fois dans la soirée, dis-je en roulant les yeux.

-Qu'est-ce que tu fous ici ? Et c'est qui eux ?

« Eux » sortent les griffes et feulent simultanément en se positionnant face à nous, prêts à attaquer.

-Je n'en sais rien, mais je t'assure qu'ils ne sont pas commodes.

Un premier vampire se jette sur moi et je l'évite de justesse. Mais il en cachait un deuxième et celui-ci m'égratigne toute la joue. Ma peau se déchire et certains ligaments lâchent également. Je plaque ma main sur la bouche pour éviter de hurler et ainsi d'attirer l'attention, et fais une roulade pour m'abriter derrière un coin de la bâtisse. Folle de rage, je relève les yeux sur les autres vampires. Je vais avoir leur peau, quitte à en mourir. Alex se lance sur celui qui m'a blessé et lui donne un si grand coup de pied dans les côtes, que celles-ci cèdent dans un bruit affreux. Pendant ce temps-là, je saute sur un qui s'est légèrement détaché du groupe afin de nous prendre par surprise. Je passe mon bras sous son cou, mets mes mains de chaque côté de sa tête et vois du coin de l'œil un autre arriver par derrière. Je tourne sèchement la tête du Rukos que je retiens et donne un coup de tête en arrière, assommant celui caché derrière moi. Lorsque j'en vois cinq arriver sur moi en même temps, je me mets à chercher frénétiquement mon pieu...avant de me rappeler que c'est Jack qui me l'a volé et que je me balade sans arme. Je tape du pied, furieuse. Mais quelle idiote ! Je reproche à tous les chasseurs de la Ligne de ne jamais avoir d'armes sur eux, et qu'est-ce que je fais ?
Je lève les yeux au ciel en faisant demi-tour, désespérant déjà en pensant à ce qui m'attends. Je me remets à courir et traverse les ruelles une par une, me retournant régulièrement. Alex n'a pas vu que je partais, mais il en a tué deux de plus. Il en reste une dizaine. Je pourrais essayer de les tuer, mais j'ai deux verres d'alcool et je me sens incapable de faire la maligne ce soir. Mon téléphone sonne dans mon corset. Il attendra. Je double la cadence et je sens mes poumons commencer à prendre feu. Mes jambes se transforment en coton et lorsque je grimace, un geyser de sang sort de ma blessure à la joue. Soudain, un cri de rage résonne dans la nuit  et une vague de chaleur me parcourt l'échine. Et ça a le don de me mettre en colère. Je lui ai déjà dit de ne pas me venir en aide. Je me mets également en colère contre moi-même. Cette vague de chaleur me dégoûte autant qu'elle m'apaise. Mon dieu, il est temps que je discute avec ce Rukos.
Mes réflexions sont interrompues par un bruit d'étranglement rauque. Je me retourne sans cesser de courir. Une ombre furtive ouvre la jugulaire de trois des vampires. Je ralentis et deux autres tombent sans que je ne sache pourquoi. Certaine que je suis en sécurité, je m'affale contre un mur en renversant la tête. Mes poumons brûlent, mes jambes tremblent et ma joue me fait tellement mal que j'en ai des nausées. J'entends deux autres corps s'affaler et je ferme les yeux en essayant de reprendre un rythme cardiaque normal. Ma tête résonne et j'entends de moins en moins les bruits autour de moi. Soudain, une présence écrasante s'arrête face à moi. Je redresse la tête et ouvre les yeux. À la pâle lumière du réverbère, je perçois deux yeux rouges. Mon cœur rate un battement et je me mets en position de combat. Le Rukos avance et je vois alors clairement son visage. J'en soupire de soulagement, même si au fond je lui en veux à mort.

Rachelle Delewis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant