Chapitre 2

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Je mis plusieurs minutes à ouvrir les yeux et quelques-unes encore pour comprendre où je me trouvais. Ma tête tournait et me faisait tanguer. Je décidai de m'asseoir sur le tapis de fleurs qui m'entourait pour faire le point sur la situation. Je me repassais tous les évènements de la semaine, du début jusqu'à cette lumière qui m'avait éblouie. Et cette voix, au plus profond de moi-même qui s'était soudainement réveillée pour simplement me murmurer "enfin".

D'où venait-elle ?

*Il t'a vraiment fallu 15 ans pour te manifester !?*

Pourtant, sa présence, que je sentais à présent en moi, me rassurait. Il y avait comme quelque chose d'enchanté, presque même magique.

*C'est bon là May, concentre-toi. Regarde autour de toi. Réfléchis enfin !*

Je décidai de commencer par identifier ce que je voyais - ce qui était déjà compliqué puisque ma vision était floue - pour ensuite me consacrer à mes autres sens. Un épais brouillard ne me rendait pas la tâche plus facile et ne me permettait pas de voir à plus de 5 mètres aux alentours. Je parvenais tout de même à discerner autour de moi, l'herbe verte recouverte de perles de rosée. J'en déduis qu'il devait être aux alentours de 5 heures du matin, ce qui expliquait également l'obscurité qui régnait encore. Mélangée aux senteurs de fleurs fraiches, une odeur de cannelle dont la provenance m'était inconnue me procurait une étrange sensation de réconfort, comme si je n'étais pas loin de chez moi. Comme si je n'étais jamais parti... Je fus soudain traversée par l'idée de rester m'allonger là, au milieu de cette nature si calme.

*Non. Aller, on se bouge !*

Je me levai péniblement et me dirigeai vers un chemin recouvert de pavés irréguliers devant moi. Il n'y avait rien à regarder, pourtant, j'étais curieuse de savoir où il menait. Trop concentrée à percer la brume épaisse, je trébuchai sur un petit objet dur, caché par la verdure. Je m'accroupis pour le ramasser. La Coupe de Feu. J'avais dû le laisser tomber en arrivant. Je repris mon excursion, bien déterminée à comprendre où j'avais atterri. C'est alors que je découvris, au milieu de cette mystérieuse route, une grande valise sur laquelle reposait une longue robe noire. Ces affaires ne m'étaient pas inconnues. Je m'approchais. La valise était d'un brun clair et un P d'une teinte plus foncée était peint sur les côtés.

*Comment... ?*

J'entendis un bruissement de feuilles provenant d'un buisson à proximité. Les branches-lianes d'un beau saule pleureur se secouèrent soudainement, bientôt imitées par des centaines d'autres. Il n'y avait pourtant pas autant d'arbres aux alentours. Cet endroit qui m'avait paru si calme à l'arrivée semblait s'être réveillé. Le vent s'était manifesté et menaçait la valise de tomber. Puis, plus rien.

Un silence pesant régnait à présent.

Le saule pleureur se remit à secouer ses branches et j'aperçut un mouvement.

- Il y a quelqu'un ? Vous avez égaré vos affaires, vous devez sûrement...

Je fus interrompu par un hululement provenant de l'arbre. De petites ailes blanches se déployèrent et un oiseau, une chouette plus précisément, apparu et vola en ma direction. Elle fit quelques tours autour de moi avant de venir se poser sur mon épaule. Elle était d'une légèreté déconcertante. Ce ne devait être qu'un bébé. Je la pris délicatement au creux de mes mains.

- Salut toi.

Le petit oiseau se mit à me fixer timidement de ses extraordinaires yeux verts mouchetés d'or. La nature aux alentours semblait avoir repris de son habituel calme apaisant.

J'examinai la chouette. Elle avait, comme rappel de ses rares yeux, de fins filets dorés sur quelques-unes de ses ailes immaculées. Je m'aperçus alors que sur l'une de ses minuscules pattes était accroché un vieux parchemin. Je détachai délicatement le message et reposai l'oiseau sur mon épaule.

Chère Miss Dawson,

Quelle joie de pouvoir enfin vous écrire !

Je vous ai désespérément attendu de nombreuses années, convaincu que le moment venu, vous serez la pièce manquante de ce mystérieux et épuisant puzzle. J'ai espéré toutes ces nuits voir cette étoile briller, signe de votre arrivée. Mais vous devez avoir un nombre incalculable de questions et j'y répondrai en temps voulu, je vous en fait le serment.

Pour le moment, j'ai l'heureux plaisir de vous annoncer que vous êtes admise à la prestigieuse école de sorcellerie du pays, Poudlard. J'ai pris la liberté de vous acheter tout le matériel nécessaire pour le niveau des 4èmes années qui sera le vôtre. Lorsque vous passerez les portes du château, vous devrez participer à la cérémonie du Choixpeau qui vous répartira dans une des quatre maisons de l'école. Mais vous devez déjà savoir tout cela.

Je ne doute pas, Miss, de vos capacités en sorcellerie. Je suis convaincu que vous serez une excellente élève parmi nous et que vous saurez faire preuve d'une extrême sagesse, particulièrement à l'égard de vos camarades.

Il n'y a malheureusement pas de mots assez puissants pour vous décrire ma joie au moment de rédiger cette lettre.

Vous comprendrez tout bien assez tôt, ne vous inquiétez pas. Voici un petit cadeau de bienvenue qui sera, preuve, je l'espère de ma sincérité. J'ai choisi de ne pas donner de nom à cette adorable femelle, de peur que mes choix ne soient pas à la hauteur de vos goûts modernes. Mais peut-être aimeriez-vous Citronnelle ou encore Sorbet ? Mais je m'éloigne du sujet principal - et me rend compte au passage que je n'ai toujours pas pris ma tisane au citron ce matin.

Cette chouette - quelque peu hyperactive je dirai - vous permettra de m'envoyer des messages quand bon vous semblera. Elle vous communiquera également l'heure de notre entrevue qui me permettra de tout vous expliquer. Surtout, tenez-moi au courant lorsque vous lui aurez attribué un joli nom !

Je vous souhaite, Miss Dawson, de passer une excellente année en notre compagnie. Vous vous intégrerez à la perfection, parole de sorcier.

En espérant vous faire le plus magique des accueils,

Bien à vous,

Professeur Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore,

Directeur de l'école de sorcellerie de Poudlard.

PS : Voici un petit objet qui vous aidera à transporter Limonade ?

Je levais les yeux et une petite cage d'argent se matérialisa sur la valise. Ma valise. Le professeur Dumbledore m'avait écrit et j'étais acceptée à Poudlard ! J'y étais. Après tout ce temps...tout ce temps à rêver de ce monde extraordinaire. Comme poussée par une force magique, et c'était le cas de le dire, je me mis à marcher en direction de l'école. Je la voyais à présent. La lettre m'avait ouvert les yeux.

Sans plus me poser de questions, guidée par cette voix en moi qui prenait de l'ampleur, l'oiseau sur mon épaule et mes affaires à la main, je m'engageai sur le chemin de pavés, légère.

J'avais quitté le monde des Moldus. Dumbledore m'avait souhaité la bienvenue.

Bienvenue, dans le monde des sorciers.

𝐷𝑒𝑎𝑟 𝐷𝑖𝑎𝑟𝑦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant