08 - Les cerveaux bouillonnants

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     — Je te retiens Keiji Akaashi ! Me faire poireauter tout le temps du midi pour ne jamais arriver, et sans même me prévenir ou répondre à mes messages !

La voix mi-colérique, mi-peinée de Kyōko résonnait dans le téléphone, s'envolant vers des sons forts et grésillant. Grimaçant, le volleyeur éloigna l'appareil de son oreille avant de s'excuser une nouvelle fois.

— Bref, raconte-moi ce qu'il s'est passé, car j'ose espérer qu'il y avait une bonne raison à ce lapin que tu m'as posée.

Une nouvelle grimace déforma le visage du passeur. Son aînée n'était pas prête d'oublier le mauvais plan qu'il lui avait mis. Poussant son vélo d'une main, tenant le téléphone dans l'autre, Akaashi avançait dans les petites rues qui le menaient jusqu'à chez lui.

— J'ai parlé avec Maeko Minari, lâcha le passeur.

Le vélo tangua légèrement, l'obligeant à renforcer sa poigne sur le guidon et à glisser sa hanche le long de la selle pour le stabiliser.

— Maeko Minari... commença Kyōko avant d'ajouter, c'est qui ?

Akaashi manqua de s'étouffer avant de se rappeler que la violoniste ne connaissait pas l'identité de l'artiste.

— La fille dont tu m'avais parlé, celle du gymnase deux, précisa-t-il.

Un son d'approbation résonna de l'autre côté du téléphone suivi d'un claquement sourd, comme si la musicienne s'était frappée le crâne.

— Kyōko-san ?

— Tout va bien, s'empressa d'annoncer la musicienne, et du coup, ça s'est passé comment ?

Quelques secondes de silences suivirent, bercées par la respiration lente de la troisième année. Pendant ce temps, Akaashi remettait en ordre ses pensées qu'il avait eues le temps de tourner et de retourner dans tous les sens depuis le départ de Maeko Minari.

— Catastrophique.

— Rien que ça, répondit son aînée après un instant de blanc.

Akaashi ne répondit pas, continuant de pousser son vélo avec dextérité, contrôlant l'équilibre du véhicule d'une seule main. Il bifurqua dans la rue à sa gauche qui accueillait de nombreuses bâtisses, toute similaire les unes aux autres.

— Elle ne connaissait pas le propriétaire du carnet ? renchaîna Kyōko.

— Je suis sûr que si, affirma le passeur tout en s'arrêtant devant un portail.

Un cri strident déchira les tympans du passeur qui grimaça une énième fois. Il tenta d'éloigner le téléphone de son oreille, mais c'était trop tard, il avait déjà perdu plusieurs points d'audition à cause de l'excitation de la musicienne.

— Bah qu'est-ce que tu me chantes alors ? C'est une superbe nouvelle !

Akaashi soupira tandis qu'il déposait son vélo contre le muret et fouillait de sa main gauche ses clés dans son sac. Il parvint à les attraper et s'empressa de déverrouiller le portillon, puis pénétra dans le jardin avec son vélo.

— Je doute qu'elle souhaite me reparler, et en plus, elle m'a soutenu qu'elle ne savait pas à qui il appartenait, soupira le volleyeur. Et quand tu as dit qu'elle n'était pas très sociable, c'était pire qu'un euphémisme Kyōko-san.

La dernière phrase frôlait le reproche et Kyōko se rembrunit de l'autre côté du téléphone. Assise sur le tabouret du piano, la musicienne observait ses jambes qui se balançaient de haut en bas. Remontant les souvenirs de sa mémoire pour retrouver celui de sa rencontre avec Maeko, Kyōko creusa les joues de consternation.

QUELQUES COUPS DE CRAYON ¦ k. akaashiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant