Partie 2

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—Bon, alors, quépase ?

Thibault s'installa à côté de moi, enroulé dans sa serviette de bain.

—Me fais pas le coup de « il se passe rien », t'as le regard dans le vide depuis deux heures.

Trois, à dire vrai. Le temps passait étrangement vite d'ailleurs.

—J'ai du mal avec mon père.

Je ne pouvais pas lancer que le problème était Mico ! Et je ne mentais pas tout à fait.

—Avec ta belle-mère, rectifia Thibault. Tu dois y retourner demain soir, c'est ça ?

Une semaine sur deux, comme d'habitude depuis octobre. Le divorce avait été rapide, mes parents étant d'accord. Peut-être que le fait que ma mère soit avocate avait aidé.

—Bien résumé.

—Vide-toi la tête ! Techniquement, avec les cours et les devoirs, t'as quoi ? quarante-huit heures à tenir ?

—Quarante-huit heures à l'entendre me dire « fais pas ci, fais pas ça », « prends exemple sur Amandine ». Elle m'agace tellement !

Je revis son regard bleu et ses cheveux noirs bouclés. Son fond de teint et son rouge à lèvre vif. Son arrogance et son mépris. Elle me détestait et c'était partagé. Je continuais cependant d'y aller pour mon père. J'avais toujours été proche de mes parents et même si c'était mon paternel qui avait bouleversé leur relation, j'acceptais l'idée que tout n'était pas simple. C'était leur problème. Aucun ne m'en voulait d'ailleurs de ma décision.

—Dors ici alors, Eva serait ravie ! Elle pourrait te conter oh combien Nathan est merveilleux.

—C'est ton futur beau-frère, je te signale.

—Quelle plaie ! Je préférerais Corentin, tu vois. Lui, c'est un super pote ! Il a la super classe, non ? Intello, mais mates-moi ces abdos ! Même moi je suis fan !

Cet imbécile parvint à me faire dévisager cet excellent ami. J'approuvais ces dires, tout en le traitant d'idiot.

—Je t'arrange le coup si tu veux.

Il hocha la tête, enthousiasme à cette perspective. S'il savait !

—Pas besoin, merci.

Je préférais me prendre la tête à propos de mon ami Mico.

—Hé, drague pas trop, mec ! le héla l'un de ses amis.

Ils rirent ensuite, Thibault et moi aussi. Il s'y était déjà risqué deux mois auparavant. La gifle le dissuadait de recommencer depuis. Je n'avais rien dit à sa sœur, elle en aurait fait un drame sinon.

—Ga-Eul serait ravie que tu l'embrasses.

Je posai mon regard sur sa silhouette et me demandai si elle remarquait l'attention de Corentin sur elle.

—Parce que j'embrasse bien, hein ? s'avança Thibault.

—Arrête de faire l'andouille, le réprimandai-je. Mais même si t'es jeune, tu te débrouilles.

Thibault siffla, surpris de ma franchise. Il me fixait les yeux grands ouverts, l'air d'attendre quelque chose. Je n'avais aucune idée de quoi. Puis Mico vint me prévenir de la fin des révisions et le cadet reprit ses vieilles habitudes.

—On va se balader, tu viens ?

Même si mon ami n'avait aucune expression particulière, je m'imaginai que ses pensées tourbillonnaient, angoissé de ma future réponse.

—Je pense que Mia m'aime trop pour me quitter, s'avança Thibault.

Fort de son assurance, il osa passer un bras autour de mon cou. Je ris avant de repousser son contact.

Amitié ambigüeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant