Partie 8

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La semaine des épreuves était enfin terminée. Pour l'occasion, mon père s'était libéré la journée du lundi et j'avais bien profiter de lui, ainsi que des vacances ! Cela ne s'était pas si mal passé que ça, même si je n'allais pas non plus décrocher la mention très bien. Tout le contraire de Amandine qui clamait haut et fort depuis une heure qu'elle avait tout déchiré. Sa tentative envers Mico était retombée comme un soufflet, puisqu'il n'avait pas hésité à affirmer que c'était elle qui lui avait sauté dessus. L'histoire s'arrêtait donc ainsi pour eux, et un peu pour nous. J'avais passé moins de temps chez mon paternel, je l'avais donc aussi moins vu. Avec l'été et nos parcours différents à la rentrée, je ne savais plus trop s'il était pertinent de tout avouer à présent. Comment ferions-nous pour nous voir ? Il allait s'installer dans un studio loin d'ici. J'avais obtenu une place à la fac, mais sans intention de m'y rendre. J'allais profiter de l'année pour trouver ma voie, même si j'avais déjà une petite idée. Cet été était donc primordial : il marquait le début d'une nouvelle vie.

Une étrange effervescence sembla saisir la maison. Qui pouvait donc avoir frappé à la porte ? Je secouai la tête et décidai que ça n'en valait pas la peine. Mon mot croisé en ligne m'intéressait bien plus.

—Mia, tu descends ?

L'interruption de mon paternel me fit froncer les sourcils. Quelle arnaque allais-je subir en ce premier jour de vacances ?

Je fis la moue, parce que j'étais à deux doigts de le finir ce mot croisé ! Je comptais enchaîner par un sudoku puis terminer par la lecture d'un nouveau chapitre de mon Webtoon préféré. Le repas s'intercalerait entre l'un de mes objectifs.

—Est-ce que ça vaut le coup ?

Mon paternel hocha la tête.

—Plus que mon super jeu ?

Nouvel hochement de tête.

—Bon ok, je laisse tomber ma super soirée rien que pour toi, papa.

Il eut un sourire mystérieux avant de me laisser. Je glissai mon téléphone dans la poche de mon jogging, au cas où, avant de rejoindre le salon. Je n'étais pas bien sûre de comprendre ce qui se passait, mais ce n'était pas une personne qui s'était invitée.

—Mia ! s'exclama Fabienne en m'apercevant. Mico nous a dit que tu avais assuré, bravo.

Elle accompagna ses paroles d'un clin d'œil. En vérité, toute la famille Hwang se trouvait dans le salon de la maison. Tous avaient fait des efforts vestimentaires, malgré la pluie qui tombait depuis le matin. Il n'y avait que moi en survêtement.

—Papa ! m'agaçai-je en le fusillant du regard.

Il haussa innocemment les épaules, puis m'ignora. Même si j'étais proche de la famille, jamais, oh grand jamais, je n'étais apparue dans un tel accoutrement devant eux. J'avais envie de disparaître. Comment pouvait-il me faire ce coup-là ?

—Je vais me changer, annonçai-je.

—Je t'accompagne ! s'enthousiasma Ophélia.

Elle déboula sur moi et posa ses mains sur mes épaules tout en me faisant avancer. Nous étions aux escaliers lorsqu'elle rit de moi. C'était trop gênant, vraiment.

—Pas mal la tache de ketchup et le trou dans le t-shirt.

Je faillis rater la marche tandis qu'elle était toujours hilare.

—J'ai suffisamment envie de m'enterrer comme ça... grinçai-je.

Nous parvînmes à ma chambre et la sœur n'hésita pas à commenter mon choix, clamant qu'il fallait un habit à la hauteur de la robe orange pastel de Amandine. Las de l'écouter râler, je la laissai choisir.

—L'invité qui choisit pour l'hôte, ça doit être une première, non ? commenta-t-elle.

Plus elle en rajoutait, plus je me sentais mal. Cette situation était absurde. Par conséquent, je fis la tête durant bien une heure. Surtout à Mico. Je lui avais dit que je l'étriperais s'il osait accepter la proposition ! Lorsque chacun prit place à table, il essaya de m'amadouer avec un sourire.

—Techniquement, c'est ton père qui a demandé mes parents et ce sont eux qui ont accepté, pas moi, chuchota-t-il discrètement.

—C'est bon, j'ai compris : tu es innocent, soupirai-je.

Face à moi Ophélia reprit de plus belle son fou rire, tandis que Amandine serrait les dents de me voir assise à côté de lui. Elle avait déjà été recalée, mais s'accrochait. C'était exaspérant, tout autant que son attitude lors du repas. Elle ne se privait pas de lorgner mon voisin, ni de me lancer quelques coups de pied sous la table. Je ne sais pas ce qui me retenait de la gifler. Pour ne rien arranger, Mico s'évertuait à l'ignorer. Ce fut donc le pire dîner de ma vie, il me suivrait d'ailleurs longtemps. Personne n'allait pouvoir oublier mon accoutrement. Je maudis mon père d'avoir gardé le silence.

—Si tu n'avais pas été rancunière, tu aurais passé un meilleur moment, remarqua Mico.

J'avais accepté de l'accueillir dans ma chambre entre le plat et le dessert, parce que j'avais besoin de son avis.

—Reste concentré sur les dessins. T'en penses quoi ?

—Tu peux les envoyer, t'en fais pas.

—Super !

Je le poussai de mon fauteuil et pris sa place. Je comptais bien les envoyer tout de suite. J'avais accepté de dessiner l'histoire d'une étudiante pour qu'elle puisse en faire un manga. Elle avait tout le scénario, pas le coup de crayon. Je m'étais proposée sur un coup de tête en voyant sa publication Wattpad et je ne regrettais pas pour le moment.

—Tu vas m'ignorer tout l'été ? soupira Mico.

J'appuyai sur « envoyer » puis pivotai vers lui.

—J'y réfléchis encore.

—Bouder ne te rend pas crédible, au contraire. Tu sais que je m'en fiche que tu sois en mode sport ou soirée.

—Ça sortira jamais de ta tête, je te connais.

—J'ai pas prétendu le contraire, reconnut Mico.

—Alors je vais continuer à faire la tête.

Je m'y tins jusqu'à leur départ. Là, je ne parvins pas à m'éclipser dans ma chambre sur un simple au revoir. J'accompagnai donc la famille jusqu'au trottoir, réel effort de ma part.

—Je suis certain qu'avec ton jogging et ton t-shirt troué, tu aurais eu moins froid, commenta Mico.

Il me cherchait vraiment ! Sa famille ne l'attendit et poursuivit sa route tandis qu'il s'arrêtait devant moi.

—Tu es parfois tellement enfantine, Mia.

Les bras croisés, je fixai le sol. J'étais au courant de ne pas toujours être mâture et de faire parfois des caprices. C'était cependant plus fort que moi, voilà tout.

—Je demanderai à tout le monde de s'habiller comme ça pour mon anniversaire, si tu veux.

Je relevai la tête vers lui et le dévisageai. Était-il sérieux ?

—Arrête de plaisanter.

—J'ai gagné, me sourit-il.

—Qui est le plus enfantin de nous deux, hein ? le narguai-je. User de tels moyens pour me faire lever la tête, on aura tout vu !

Il rit avant de partir. Il était parvenu à me dérider, mais je n'allais pas oublier si facilement.

Amitié ambigüeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant