—Mia, Mico !
Ophélia nous appelait vivement, il était donc temps d'arrêter et de ranger nos affaires. Les révisions de la semaine avaient été les plus fructueuses de l'année, malgré quelques moments d'inattention. Mico n'y avait plus prêté un quelconque intérêt, poursuivant comme si tout était normal. Avait-il retenu la leçon du mercredi soir ?
Comme l'arrivée de la sœur annonçait le début de la préparation du repas, je me levai pour rejoindre la cuisine, juste en face. Je n'étais pas encore à la porte lorsqu'Ophélia bondit dans la pièce.
—T'es trop jolie, Mia !
Ce n'était pas les mots que j'attendais en premier, mais cela faisait plaisir. Mico n'avait pas sourcillé, lui, face à mes efforts. J'avais choisi ma jupe et mon t-shirt préférés et m'étais même maquillée ! Visiblement, c'était un élément sans importance pour mon professeur particulier.
—Tu es radieuse, Ophélia, commentai-je.
—Tu as eu de bonnes nouvelles ?
Je jetai un œil à Mico qui fronçait les sourcils, toujours assis.
—Non, je suis juste super excitée !
Ce qui était visible : elle trépignait presque.
—Mico, Mia, je vous présente Aron !
Le dit Aron s'avança dans la pièce en levant sa main en guise de salutation. Il ne paraissait pas mal à l'aise, ni anxieux. De mémoire, il suivait le même cursus que la sœur avec une avance de deux ans. Il devait donc être sur le point de finir son master. Connaissant l'étudiante, il ne pouvait y avoir qu'une seule raison à sa présence. Je ne fus donc pas surprise qu'elle glisse sa main dans la sienne en le désignant comme son petit-ami.
—Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas vu venir, soupira Mico en se levant enfin.
Que faisait-il encore à table d'ailleurs ?
—T'as préparé un plan pour éviter l'évanouissement des parents ?
—Ophélia prévoit toujours tout, c'est effrayant parfois, remarqua Aron.
—Tu m'aimes pour ça, non ? minauda-t-elle.
Le repas fut ensuite lancé. Fabienne et Nicolas furent invités à s'asseoir avant l'annonce et l'on évita ainsi la catastrophe. J'avais l'impression d'être à ma place, comme un membre à part entière de la famille. Aron aussi n'avait pas de soucis à s'intégrer. C'était le pouvoir de la famille Tessier !
Lorsque l'heure de débarrasser arriva, je souhaitai faire durer l'instant un peu plus longtemps. Mon père ne m'attendait pas, ni mon lit. J'étais bien mieux ici.
—Toi, tu ne fais rien, m'arrêta Ophélia.
Elle se saisit des couverts que je tenais pour les donner à son frère et m'emmena dans sa chambre.
—Il est important que la famille le mette un peu à l'épreuve, chuchota-t-elle une fois assise.
Je hochai la tête.
—Pourquoi tu m'as invitée ? l'interrogeai-je.
La question me préoccupait depuis le début. Qu'elle souhaite me le présenter, je le concevais, mais pourquoi avant ses parents ? Ou n'était-ce que les circonstances ?
Ophélia sourit en tapant dans ses mains.
—Tu sais que j'attends ce moment depuis le début de la semaine ? trépigna-t-elle.
Je ne comprenais toujours pas.
—Mico et toi, ça a changé, non ?
Son sourire espiègle provoqua le même sur mon visage.
—C'est vrai ? m'enthousiasmai-je.
Je n'étais pas loin non plus de frapper des mains.
—Je saurais pas te l'expliquer, mais l'atmosphère entre vous n'est plus la même. Vous êtes carrément trop craquants ensembles ! Mico t'a toujours adorée, mais j'ai l'impression que c'est devenu un « plus si affinité ».
Cela semblait la ravir au plus haut point !
—C'est vraiment une super nouvelle, m'extasiai-je.
Les deux ne se racontaient pas tout. Cependant, ils étaient suffisamment proches pour se connaitre et deviner certaines choses sur l'autre.
—J'étais sûre que tu te défilerais pas !
J'avais à présent une alliée.
#####
—Ça vous dit un ciné ?
Groupés devant les portes du lycée, notre quatuor rencontrait la bande d'amis de Thibault. Le week-end sonnait et j'avais bien travaillé la semaine qui venait de s'écouler. Même si je n'avais pas bénéficié de l'aide de Mico, j'avais réussi à être efficace. Je pouvais donc me permettre une soirée sans révision.
—Je suis. Je dois juste pas rater le dernier bus, prévins-je.
Ma mère habitait le village à côté, contrairement à mon paternel. J'étais donc moins indépendante. Enfin, par rapport aux transports. J'étais moins surveillée sur mes sorties par ma parente que par mon père. J'avais juste à la prévenir.
—Eva pourra toujours te ramener, me rassura Thibault.
—Qui a dit que je venais ? réagit la sœur.
C'était à prévoir, sans son presque petit-ami, elle ne viendrait pas. Les amis de son frère lui étaient quasiment insupportable avec leurs idées loufoques.
—Nathan ? tenta le cadet.
—Je suis pas très ciné.
—Ah, les mangas, c'est ça ?
Le concerné haussa innocemment les épaules.
Finalement, seuls Mico et moi se joignirent à la bande. Je prévins sur le trajet ma mère que je rentrerai tard, bien qu'elle serait certainement après moi à la maison, comme toujours.
A mes côtés, Mico semblait nerveux. Je ne comprenais pas vraiment, puisque personne ne nous était inconnus. Puis je me souvins qu'il détestait les films d'horreur et que la bande en était friande.
—S'ils choisissent un film qui ne te plait pas, on pourra toujours regarder autre chose, lançai-je.
Je feignais l'amitié sans faille tandis que dans mon esprit le mot « rendez-vous » résonnait. La soirée deviendrait réellement merveilleuse. J'étais même prête à dormir chez mon père pour ça !
—Je n'ai rien dit, se défendit mon voisin.
Il n'aimait pas qu'on lui rappelle sa crainte et je trouvais cela mignon en un certain sens.
—Hé, ne me sous-estime pas, ok ?
—Jamais.
Il se détendit enfin et sourit jusqu'au cinéma. Mon objectif tête à tête faillit se réaliser, mais Thibault détruisit hélas tous mes plans. Il convainquit tout le monde d'opter pour Les animaux fantastiques. Grosse déception pour ma part.
Grâce au hasard, Thibault fut à ma gauche et Mico à ma droite. Le premier était très loquace tandis que le second était plus effacé. Une fois le film terminé, la bande d'amis souhaita poursuivre l'aventure au Mcdo.
—Je dois y aller. Mon dernier bus va pas tarder.
—Tu veux que je t'y accompagne ? proposa Thibault.
—C'est bon, je vais rentrer.
Je faillis siffler du tacle qu'il venait de subir, mais puisque c'était Mico, je me contentais de le remercier. J'avais donc bien fait de ne pas préciser que j'avais une demi-heure avant le bus. Si on retirait le trajet, j'avais donc vingt minutes seul à seul avec mon ami. Bien joué, Mia !
VOUS LISEZ
Amitié ambigüe
Short StorySimple, naturelle, évidente. Notre amitié pouvait ainsi être qualifiée. Puis, parce que sinon ce n'est pas drôle, il a fallu que de mon côté ça change un petit peu. S'il s'approchait un peu trop près de moi, mon coeur se mettait à faire la course. Q...