Avec Mico, nous nous mîmes en route. Il faisait déjà nuit et l'air s'était rafraichi. Je n'avais pas froid et j'en étais déçue. Est-ce que mon nouvel amoureux m'aurait proposé sa veste ? Est-ce qu'il était du genre romantique, déjà ? Il ne s'était jamais étalé sur ses relations amoureuses, restant très évasive sur le contexte.
—Tu aurais pu manger avec eux.
Nous venions tout juste de nous asseoir sur le banc de l'arrêt, mais il me fallait chercher les signes.
—Je me serais senti trop seul sans toi, répliqua-t-il naturellement.
—Moi aussi sans toi, pour être honnête.
Je n'avais pas réfléchi à ma réponse, la lançant simplement. Je ne me rendis donc compte qu'après-coup de ce que sous-entendait mes propos. C'était lui qui devait me donnait des indices, pas l'inverse !
—Thibault est adorable, ses amis aussi, ajoutai-je. Ils leur manquent un peu de maturité, par contre.
C'était une tentative de noyer le poisson, cela fonctionna par ailleurs.
—Adorable, hein ?
Mico était mi-amusé, mi-sérieux. Je comprenais sa moquerie, pas son sérieux. C'était bas de me rappeler le baiser, même s'il avait des raisons.
—Qu'est-ce que c'est que ce sous-entendu ? souris-je. Tu ne serais pas bloqué sur un certain événement par hasard ?
—Peut-être ? répliqua-t-il.
Un instant, son regard sur ma personne me coupa la respiration. Puis il enchaîna et la magie se brisa.
—Je m'attendais presque à ce qu'il te redemande dans la salle. Le noir, l'absence de parole, l'ambiance, c'est inspirant, tu sais.
Comment aurait-il réagi ? Comment se serait-il senti ? Le souhaitait-il ?
—J'y penserai la prochaine fois, assurai-je.
—Ce n'était pas pour te donner des idées ! tenta-t-il de se rattraper.
Cela signifiait sans doute qu'un nouveau baiser avec Thibault lui déplaisait. Un signe, un !
—Je n'ai pas dit qui serait ma victime.
La surprise passa sur son visage, même s'il essaya de ne rien laisser paraître. Il m'avait laissé entendre qu'il avait quelqu'un en tête, à mon tour à présent.
—A qui tu penses ? s'enquit-il.
Ou comment me faire perdre tous mes moyens. J'étais joueuse, mais je n'étais pas prête au jeu ! En attendant, j'espérais que mes battements de cœur restaient inaudibles. Ils résonnaient trop forts à mes oreilles.
—Qui sait !
Mal à l'aise je me sentis obligée de m'avancer un peu, pour m'éviter son regard. C'était illusoire puisqu'assise à côté de lui, il m'était difficile de se soustraire à sa vue.
—Tant que ce n'est pas lui, tout me va.
Pas vraiment la réponse à laquelle je m'attendais.
—Ah oui ?
—Tu as posé un véto sur miss parfaite, je le fais sur miss parfait.
Je ris alors que mon esprit fulminait de suppositions. Et si Ophélia s'était fourvoyée ? Mico semblait toujours lui-même...
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—Mia, on peut parler ?
Je me stoppai devant le lycée et attendis Thibault.
—Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ? le questionnai-je.
Il me paraissait nerveux, à passer d'un pied à l'autre. Soudain, il arrêta et plongea son regard dans le mien. C'était si surprenant que je me sentis stressée à mon tour.
—Je n'ai jamais été intéressé par Ga-Eul.
Je hochai la tête, quoique que surprise. Ils ne se tournaient pas autour depuis un moment déjà ? Avais-je mal jugé la situation ? C'était peu probable. La lycéenne avait toujours été plus ou moins explicite à ce propos.
—Je pensais avoir un peu plus de réaction, rit nerveusement Thibault.
Sa déception était grande, comme si j'avais dû avoir une attitude particulière.
—Mia, c'est toi qui m'intéresses.
—Pardon ?
C'était sorti tout seul. Il me faisait une blague, n'est-ce pas ? Il avait à nouveau parié, ça ne pouvait être que ça.
—Tu devrais arrêter les défis stupides, Thibault.
—Je n'avais pas parié.
—Pardon ? répétai-je.
Je fronçai les sourcils. Le jeu allait trop loin. Je secouai la tête, incrédule.
—J'avais un peu bu, mais je me souviens parfaitement de ce que tu m'as dit, assurai-je.
Comme si c'était un argument suffisamment infaillible !
—Je connais mes mensonges. Je t'ai menti, il y a deux mois.
Mon cœur rata un battement, tandis que je me souvins des propos de Mico « Et s'il voulait plus ? ». Avait-il déjà compris, lui ? J'avais pensé que mon ami me parlait d'un désir charnel, pas d'une histoire d'amour. Cela concorderait avec son véto de la semaine passée.
—Je n'avais pas parié, j'en avais juste envie.
—Thibault...
Ma gorge se noua. Je n'avais que des excuses à lui proposer.
—Je suis trop jeune, hein ?
—Pas du tout. L'âge n'a aucune importance pour moi. Je...
Je perdais mes mots face à son regard embué. Il s'était déjà attendu à cette réaction de ma part. Peut-être en avait-il fait part à sa sœur ?
—J'ai jamais pensé à toi de cette façon.
—Je savais que j'étais juste le pote cool, murmura-t-il.
Je me mis à pleurer. J'étais tellement désolée d'être restée aveugle, à ne même pas l'envisager.
—Thibault, je...
Que pouvais-je lui dire à présent ? M'excuser indéfiniment ne mènerait à rien.
—Je le savais déjà, Mia. T'en fais pas. J'ai bien vu ton enthousiasme que ce soit Mico qui te raccompagne.
La flèche qui était censée me faire tomber pour lui se transforma en épines. Est-ce que je lui avais vraiment imposé ce spectacle ? Je culpabilisai d'autant plus.
—Je suis tellement désolée, sanglotai-je.
C'était sans doute encore plus affligeant pour lui de me voir dévastée à ce point, alors que c'était lui qui aurait dû pleurer jusqu'à n'en plus pouvoir.
—Tes amis arrivent, j'y vais. Salut.
Il se retourna vivement, puis prit la fuite à grandes enjambées.
—Thibault, attends !
Je n'avais même plus l'énergie de le rattraper. Je vis alors sa sœur passait en trombe à côté de moi.
—Laisse, Eva s'en occupe, me confia Nathan une main sur mon épaule.
Je le regardai effarée.
—J'étais la seule à ne pas savoir ?
—On avait promis de ne rien dire.
Je m'extirpai de son contact avant de m'en aller moi aussi. Je me sentais encore plus bête qu'avant. Si on m'avait prévenue, j'aurais agi différemment et il n'aurait pas pu développer davantage ses sentiments envers moi. Thibault, il était adorable et ne méritait pas d'avoir le cœur brisé comme ça.
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Amitié ambigüe
Short StorySimple, naturelle, évidente. Notre amitié pouvait ainsi être qualifiée. Puis, parce que sinon ce n'est pas drôle, il a fallu que de mon côté ça change un petit peu. S'il s'approchait un peu trop près de moi, mon coeur se mettait à faire la course. Q...