Enfin, Eva et Nathan -les derniers invités- nous saluèrent. J'étais fatiguée, lui aussi. Il n'arrêtait pas de bailler à seulement dix-huit heures. J'étais déçue, malgré toute ma réflexion du parfait moment ! Bougonneuse, je me mis à ranger tandis qu'il préparait des pâtes carbonara. Il y avait énormément de papier cadeaux par terre et je souris du cadeau de Eva et Nathan. Un train électrique. Je pense que c'est celui qui lui avait fait le plus plaisir.
—Tu viens ? m'invita-t-il.
Il posa les deux assiettes sur la table basse et s'agaça que je fronce les sourcils.
—Fabienne ne sera pas contente qu'on mange dans le salon.
—Ma maman n'en saura rien, répliqua-t-il.
Je levais les yeux au ciel en laissant tomber le papier cadeau et le rejoignis devant la télé. Fièrement, il me montra son cadeau de ses parents : le DVD des Animaux fantastiques. Je vis les premières minutes du film, le temps que je mange, puis m'endormis rapidement. Je n'étais pas faite pour tant d'exercices ! Ce qui me ramena dans le monde vivant fut le générique de fin, Mico n'émergea pas et j'en profitai pour chercher mon paquet. C'était le bon moment ! Je le laissai sur la table basse et repris la mission rangement pour m'occuper. Je commençais à désespérer lorsqu'il se réveilla enfin. Je bondis vers la table basse en tendant les mains.
—J'ai connu mieux comme réveil, plaisanta Mico.
Il se saisit du cadeau, me jeta un œil incertain puis l'ouvrit. Pendant ce temps, je m'assis sur la petite table.
—Je n'avais pas le temps de faire plus réaliste.
—C'est très réussi.
Il fixait les feuilles l'air d'obtenir un accès illimité à Disneyland paris. Mes dessins le représentaient lui et sa famille en chibi, nécessitant moins de temps qu'un réel tracé, dans diverses situations. Je n'avais pas fait dans les détails par manque de temps, mais j'étais assez satisfaite du résultat.
—C'est quoi, ça ? rit-il en me désignant ma dernière œuvre.
—Moi en train de t'assommer, répliquai-je innocemment.
Je l'avais mise dans un cadre, pour qu'il puisse la conserver dans son futur studio. Il secoua la tête avant de me remercier. Et à cet instant, j'eus réellement l'impression d'être la plus merveilleuse des filles à ses yeux. Je n'avais donc pas envie de briser ce moment, ni en me mouvant, ni en prononçant quelques mots. Je voulais qu'il n'y ait que mon sourire et mon envie irrésistible de l'embrasser. Son anniversaire serait ainsi parfait. Malheureusement, son téléphone se mit à sonner et il se hâta de décrocher. L'effet était le même que d'être ignorée durant trois jours par son amoureux. Il aurait pu ignorer cet appel, me tirer le bras pour que je chute sur lui et créer ainsi un instant encore plus incroyable que la seconde précédente. Dire que je m'étais promis d'aller de l'avant et je n'avais même pas saisi l'occasion ! J'aurais dû feindre tomber maladroitement sur lui ou le retenir. Ah, quelle idiote.
Marchant tête basse, je me heurtai à Mico.
—Tu as l'air très pensive.
—Je vais rentrer, annonçai-je mollement.
—Qu'est-ce qu'il y a ? insista mon nouvel amoureux.
—Tu as bien aimé ton anniversaire ?
Plan « détournement de conversion » enclenché.
—Pourquoi ce ne serait pas le cas ?
—Peut-être que tes cadeaux t'ont déçu ? Ou que Nathan t'a cassé les pieds ? Tout aurait pu mal se passer, tu vois.
—On a tout préparé ensemble, je vois pas comment on aurait pu rater.
Je fronçai les sourcils, parce que son accentuation de « ensemble » était frappante.
—C'est vrai, on est les meilleurs, hein ?
Je tendis mon poing en avant et il le frappa en confirmant. Puis, par surprise, il emprisonna sa main dans la mienne.
—Tu veux vraiment partir ?
—Il faut bien que je rentre, non ?
—Pourquoi tu hésites ? me retourna-t-il.
Je lançai un regard sur sa main.
—Peut-être parce que tu donne l'impression de vouloir me retenir. Je dis ça, je dis rien.
—Si c'était le cas ?
J'abandonnai l'idée de contrôler les battements de mon cœur. S'il continuait de cette façon, je n'allais plus rien contrôler du tout.
—Eh bien, comme je suis exceptionnelle, je pourrais concéder te laisser cette petite victoire.
—Tellement généreuse, s'esclaffa-t-il.
Puis tandis que le silence s'installait, ne rendant que plus gênante la situation, je ne tins plus.
—Tu sais que tu me rends dingue ?
Il battit des paupières, se demandant ce que je pouvais bien lui reprocher de façon si brutale.
—Tu m'as toujours rendue dingue, parce que tu as le don de ne jamais réagir comme je l'imagine. Mais là, je vais vraiment finir folle. Ça fait des mois que je cherche la réponse sans que tu m'en apportes une ! Un coup oui, un coup non. Bon, alors dis-moi maintenant : on est amis ou pas ?
Il fronça d'autant plus les sourcils, totalement perdu.
—Pourquoi je t'aurais demandé de passer mon anniversaire avec moi sinon ?
—Justement ! m'exclamai-je. Hormis moi, est-ce que tu aurais demandé à quelqu'un d'autre ?
—Non.
—Purée, tu dis ça avec tellement d'aplomb... Bon, soit tu m'embrasses, soit je m'en vais.
Je n'avais de toute façon pas d'autres options s'il ne s'exécutait pas. Rester alors qu'il aurait tout compris sans partager mes sentiments ? Sûrement pas.
—Quoi ?
Campée sur mes pieds, le regard droit dans le sien, j'avais atteint le maximum de ma confiance en moi. S'il restait immobile durant les trois prochaines secondes, je ne garantissais pas rester aussi optimiste.
—Tu m'as très bien comprise. Si tu veux que je reste, tu m'embrasses. Sinon je pourrais partir pleurer dans mon coin.
Il se mit à rire. Moi, j'avais le temps de me flageller, de trembler et surtout de vouloir disparaître. Il finit par me tirer vers lui et de se pencher vers moi.
—Si c'est que ça, souffla-t-il ensuite.
Je n'allais pas avoir besoin de verser toutes les larmes de mon cœur, tout compte fait.
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Amitié ambigüe
Short StorySimple, naturelle, évidente. Notre amitié pouvait ainsi être qualifiée. Puis, parce que sinon ce n'est pas drôle, il a fallu que de mon côté ça change un petit peu. S'il s'approchait un peu trop près de moi, mon coeur se mettait à faire la course. Q...