Chapitre 10

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-Où ? Demande-je en fronçant les sourcils.

-Derrière toi, à côté de la porte, répond-elle.

Je me retourne donc, faisant mine que c'est pour parler à mon amie et jette un coup d'oeil vers la direction qu'elle m'a indiquée. Je remarque alors une femme, assise seule à une table. Elle a de longs cheveux noirs et de grandes lunettes de soleil, par-dessus desquelles, elle a en effet son attention portée vers nous. Elle semble avoir la quarantaine, peut-être même cinquante, c'est difficile à dire, entre ses lunettes et le peu de visage qui n'est pas camouflée par sont foulard soubre, semble abîmé, recouvert de brûlures. Malgré mon regard persistant sur elle, elle ne détourne pas les yeux, ce qu'aurait fait quelqu'un de normal.

-Alors ? S'inquiète Catra.

Je ne veux pas l'inquiéter.

-Elle est sans aucun doute simplement entrain de te mater, déclare-je sans détourner les yeux.

-Quoi ? Mais pourquoi ? S'étonne-t-elle.

-C'est ce qui arrive quand on est aussi jolie que toi, ricane-je en lui portant enfin mon attention.

-Mais je fais comment moi ? S'inquiète-t-elle.

-Ça dépend si tu l'aimes bien aussi.

-Non ! Les humains sont répugnants, annonce-t-elle en fronçant son nez de dégoût.

-Alors ignore la, fais comme si elle n'existait pas et surtout, n'entre pas en contact avec elle, dis-je, plus solennellement que je ne l'aurais voulu.

-Je n'avais pas l'intention de l'inviter à danser, répond-elle avant d'aller s'assoir, non loin de moi, mais tout de même à l'exact opposé de l'étrangère.

Je jette alors un nouveau coup d'oeil vers la femme qui la regarde toujours fixement, elle ne m'inspire définitivement pas confiance. J'essaye pourtant de faire abstraction de cette individue et reprends ma partie. Ayant perdue ma concentration, je me fais bien évidement battre par mon amie, au moins ça aura eu le mérite de lui redonner le sourire. Je jette un coup d'oeil vers Catra, qui regarde distraitement Flèchdor et Scintilla danser. Je me retourne donc et remarque que la vieille femme a disparue. Bon débarras. J'avance vers mon amie qui commence à s'endormir sur sa chaise.

-Ça fait un moment qu'on est là, tu veux rentrer ? Demande-je en réajustant un peu son bonnet.

-Je veux bien, annonce-t-elle en se redressant péniblement.

Je hoche simplement la tête et salue mes amis avant te remettre ma veste, que j'avais posé sur une des chaises de bar, c'est vous dire la chaleur ambiante, sans aucun doute dû à l'activité sur la piste de dance. Le bar de Faucon ressemble plus à un foyer étudiant qu'à un bar. J'enfile rapidement mon vêtement et je sors du bâtiment accompagnée de Catra. On arrive en un rien de temps chez nous. Je commence par enlever mes chaussures puis à nouveau ma veste et l'accroche sur le porte manteau.

-T'as fait tomber un truc, annonce Catra en rangeant les claquettes qu'elle avait dans les pieds.

-Ah bon ? M'étonne-je en regardant le sol.

J'y remarque en effet quelque chose de blanc, ressemblant à un bout de papier plié. Je me baisse et lui fais reprendre sa forme initiale.

-C'est quoi ? S'intéresse-t-elle en s'approchant de moi.

Je ne réponds pas, trop absorbée par ma curiosité. Une fois le papier à nouveau plat, j'y découvre quelque chose de griffonner à la va vite à l'encre noir. Je lis comme instinctivement ce qu'il y est écrit : "Son bonnet n'a pas suffit à me cacher sa nature. Je sais comment lui rendre son aspect. Si tu veux savoir ce que je sais, rendez-vous demain à la tombée de la nuit, dans l'ancienne bibliothèque à l'extérieur de la ville".
Une fois ma lecture finit, je reprends ma respiration, que j'avais coupé sans même m'en rendre. Quelqu'un sait pour Catra, c'est une certitude. Mais qui est-ce ? Pourquoi me donne-t-il rendez-vous là-bas ? Dans ce lieu présumé hanté. Je lève des yeux paniqués vers Catra même si je fais de mon mieux pour le cacher.

-Ça dit quoi ? Demande-t-elle en penchant un peu la tête. Je ne sais pas lire.

-Hum.... hésite-je.

Je ne veux pas l'inquiéter pour rien, je veux déjà savoir de qui ça vient, si ça se trouve c'est juste une blague d'un de mes amis.

-C'est rien de spécial, excuse moi, j'ai un appel à passer, déclare-je avec un sourire crispé avant de partir vers ma chambre en serrant mon téléphone.

Je ferme la porte derrière moi et déverrouille mon téléphone afin d'appeler Scintilla. Elle est une des seuls, avec Flèchdor, à savoir qui est Catra, si quelqu'un a écrit ça, je ne vois pas qui ça peut être d'autre à part eux. J'entends la tonalité puis la voix de mon amie apparaît après quelques secondes, au cours desquelles, j'ai eu le temps de commencer à me ronger les ongles. J'espère sincèrement que c'est eux.

-///Oui, Adora ?

-Hum... Scintilla, c'est toi qui as mis un papier dans ma poche ? Demande-je un peu gênée.

-///Un papier ? S'étonne-t-elle. Non, pourquoi ?

-Tu peux demander à Flèchdor si ce n'est pas lui non plus s'il te plaît ?

-///D'accord.

S'en suit de nombreux bruissements et chuchotements avant que mon amie revienne vers moi.

-///Non, c'est pas lui non plus, tu compte enfin m'expliquer maintenant ? Râle-t-elle.

Je pousse donc un soupir en passant ma main sur mon visage, ce n'est donc pas eux.

-En rentrant, j'ai trouvé un message dans la poche de ma veste, avoue-je la tête basse.

-///Et il dit quoi ?

Je reprends alors le dit message et le relis mais cette fois à voix haute pour qu'elle puisse l'entendre.

-"Son bonnet n'a pas suffit à me cacher sa nature. Je sais comment lui rendre son aspect. Si tu veux savoir ce que je sais, rendez-vous demain à la tombée de la nuit, dans l'ancienne bibliothèque à l'extérieur de la ville".

À la suite de ma lecture, mon amie se fait bien silencieuse, c'est à se demander si elle m'écoute toujours.

-Scintilla ? Appelle-je.

-///Oui oui, je suis là, déclare-t-elle. Je suis désolée, je ne sais pas de qui il s'agit. Mais rassure moi, tu ne comptes pas y aller, n'est-ce pas ?

-Si, j'y pense sérieusement, déclare-je.

-Quoi ?! Crie la voix de Catra.

Je lève donc la tête vers sa provenance et découvre mon amie, debout dans l'embrasure de la porte, les poings serrés. Elle m'a sans aucun doute entendu.

-Catra, souffle-je.

-C'est sûrement juste un grand malade ! C'est du suicide d'y aller ! S'exclame-t-elle en envoyant un violent coup de poing dans la porte.

-Je t'en pris, calme toi et parlons-en calmement, dis-je en me levant.

-Non, tu ne vas pas y aller. Tu ne sais même pas de qui ça vient ! C'est sans doute dangereux ! Décrète-t-elle, les sourcils froncés.

-Mais qui que se soit, il a deviné ce que tu es, tu ne veux pas retrouver ton corps ? Retrouver ta vie ? Demande-je en avançant vers elle. On n'a pour l'instant aucune piste, à part ce message, donc oui, je vais y aller.

-Alors moi aussi, puisque ton choix est fait je t'y accompagne, annonce-t-elle.

Tes Yeux M'ont ChangéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant