Chapitre 16

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Ouiii, je suis à l'heure ! 😁 bonne lecture 😉

...

Sur le chemin du retour, on ne dit mot, Catra ne semble pas vouloir être plus bavarde. Je tourne le plus discrètement possible la tête vers elle et la regarde marcher un instant, ses chaussures à la main et le visage tourné vers l'immensité du ciel, mon imagination dévie alors et une image de mon amie me vient, se heurtant de plein fouet à un poteau à cause de son inattention, je pousse alors un petit rire devant cette pensée.

-Pourquoi tu ris ? Demande alors Catra en reportant son attention vers moi.

-Pour rien, déclare-je en essayant de cacher le mieux possible mon sourire afin de garder mon sérieux.

-Mais dis moi, j'ai envie de rire moi aussi ! Répond-elle de plus belle.

Elle a ses beaux yeux fixés vers moi, et arbore un air presque suppliant. Pourquoi suis-je si faible ? 

-Je me disais juste qu'il vaut mieux que tu regardes ou tu marches, avoue-je finalement.

-Il n'y a rien de drôle à ça, râle-t-elle. Je savais que tu n'avais pas d'humour mais à ce point, s'en est triste.

-Hé ! Je suis très drôle ! M'offusque-je.

-Mais bien-sûr, répond-elle avant de passer derrière moi et mettre ses mains sur mes épaules.

Je tourne donc la tête pour ne pas avoir ses chaussures dans la joue et je n'ai ensuite pas le temps de réaliser ce qu'il se passe que d'une impulsion, elle se hisse le long de mon dos et enroule agilement ses jambes autour de ma taille. 

-Qu'est-ce tu fais ? Demande-je en peinant pour maintenir mon équilibre. 

-Au moins je peux continuer à regarder le ciel comme ça, déclare-t-elle en passant ses bras de chaque côté de mon cou avant de caler sa tête contre celui-ci. 

Je ne peux m'empêcher de pousser un soupire... quelle casse pieds... mais qu'est-ce que je ferai sans elle ? Je me sens tellement moins seule maintenant que j'ai quelqu'un à qui parler, avec qui rire... pas juste un matou adorable, ce qu'elle est toujours sous cet aspect. Est-ce que j'ai vraiment envie que tout redevienne comme avant ? Sûrement pas... Je regarde tristement devant moi et penche instinctivement ma tête vers Catra pour la sentir le plus possible. Même si je n'en ai pas envie, je respecterai son choix... c'est sa vie après tout, et c'est son corps. Une fois devant la porte de l'appartement, je peine un peu pour récupérer mes clés dans la poche de ma veste, bloquée par ses jambes, ce qui semble l'amuser. Quand je parviens enfin à accomplir ma mission, je déverrouille l'entrée et passe l'embrasure avant de refermer la porte derrière nous.

-C'est bon, on est arrivées, tout le monde descend, déclare-je avant que Catra ne s'exécute d'un bond.

Je pousse alors un soupir de soulagement, volontairement exagéré, en m'étirant, les mains sur les hanches. 

-Oh ça va, je ne suis pas si lourde, râle-t-elle en rangeant ses crocs à leur place.

-Si, au moins, souffle-je avant de pouffer de rire en voyant sa tête. 

Elle tire alors la tête avant d'aller se jeter dans le canapé. Je range mon manteau et mes chaussures avant d'aller prendre une bonne douche chaude et de me changer. Quand je sors, je trouve Catra allongée au milieu du lit, endormie. Je m'avance vers le couchage, le plus silencieusement possible et je me penche au-dessus d'elle pour ôter une mèche qui entrave son front. Elle ouvre ensuite subitement ses yeux, me forçant à réprimer un sursaut.

-J'étais sûre que tu allais faire ça, déclare-t-elle en riant sans retenue. 

Un brin vexée et gênée d'avoir été prise la main dans le sac. Je la pousse brusquement hors de ma place et m'y allonge, dos à elle.

-Tu fais la tête ? S'étonne-t-elle, assise derrière moi.

-Je jette un rapide coup d'œil vers elle mais ne lui réponds pas. 

-Adora...? Dit-elle dans une plainte avant d'empoigner mon épaule et de la secouer dans tous les sens.

Je me force pour ne pas éclater de rire. Au bout d'un temps elle s'arrête d'un coup, étonnée je tourne la tête vers elle mais la remets à sa place lorsque je croise son beau regard, étonnamment calme. D'un coup, elle tire à nouveau sur mon épaule pour m'allonger sur le dos, sans que j'ai le temps de protester d'une quelconque façon, je me retrouve bloquée. Elle s'est assise sur le bas de mon ventre et maintient fermement mes épaules contre le matelas, ne sachant pas quoi faire de mes mains, je les pose nonchalamment sur ses cuisses. 

-Je ne suis pas désolée mais arrête de m'en vouloir, annonce-t-elle d'une traite.

-Même sans argument, tu es convaincante, ricane-je avant de venir saisir ses poignets pour qu'ils n'entravent plus mes mouvements.

Elle lâche prise sans vraiment broncher me permettant de me redresser. Elle se retrouve donc finalement assise sur mes genoux. 

-Je te pardonne, déclare-je sans lâcher ses poignets. 

-Mais je ne m'excuse pas ! Grogne-t-elle avec une moue boudeuse.

Je ricane un peu, la faisant tout de suite se décontracter avec même un petit sourire. Je calme rapidement mes rires et réalise seulement notre proximité. Son corps est collé au mien, nos visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, déclenchant un ouragan dans mon corps tout entier. Depuis quand je ressens ce besoin de plus ? Je veux toujours plus. La sentir plus contre moi. Passer plus de temps avec elle. Qu'elle soit plus mienne. Je ressens un besoin presque animal de lui consacrer chaque seconde de mon existence comme si c'était la dernière. Je libère ses poignets d'une de mes mains pour venir la poser doucement sur sa joue. J'ai alors bien l'intention de céder à cette tentation bien trop envahissante et de faire ses lèvres miennes. J'avance alors un peu mon visage du sien et ai le plaisir de la voir fermer les yeux, prête à recevoir mon affection. Me vient alors une pensée, est-ce de l'amour que je ressens ? Le fameux, dont les histoires parlent, auquel je n'avais jamais réellement goûté ? Ou est-ce que cette attraction entre nous est juste liée à ce que Ténébra nous a annoncé ? C'est possible que ça soit juste un lien créé quand je lui ai changé involontairement d'apparence. Je m'écarte à nouveau d'elle en repensant à la réelle situation. Ai-je vraiment envie de l'embrasser aujourd'hui pour lui donner des croquettes demain ? 

-Il faut qu'on parle, déclare-je solennellement en la regardant, la faisant rouvrir les paupières, étonnées. 

Ses yeux... croiser son beau regard me fait amèrement regretter ma décision... Non Adora ! Tu as fait le bon choix ! Il fallait qu'on ait cette discussion dans tous les cas, que ça soit maintenant ou plus tard, alors autant que ça soit avant qu'on ne fasse quelque chose d'irréparable et qui pourrait nous blesser toutes les deux.

-Oui, d'accord, de quoi ? Demande-t-elle un peu déstabilisée.

-De ce que nous a appris Ténébra, déclare-je simplement.

-Je vois... annonce-t-elle en baissant un peu la tête. Oui, je suppose qu'il le faut.

-Maintenant, je sais à peu près comment te rendre ton apparence, est-ce que tu en as envie ? 

-Oui.. je suppose... j'en ai assez de ce grand corps pataud et frileux, j'en ai assez de devoir me cacher... je veux une vie normale... et ne plus être un poids pour toi, finit-elle en se levant pour venir s'asseoir à côté de moi.

-D'accord, dis-je en baissant la tête, un peu déçue. Je vais faire de mon mieux alors...

-Tu veux faire ça maintenant ? 

-Si tu en as envie, oui, je vais essayer, plus vite c'est fait, mieux c'est, non ? Déclare-je en essayant plus de me convaincre moi, qu'elle. 

Elle se contente de hocher la tête avec un visage impassible. Je suppose que c'est le moment fatidique. Je ferme donc les yeux et répète au plus profond de moi : "je veux que Catra redevienne un chat". Je le répète, encore et encore, en y mettant le plus d'intensité et de conviction possible. Puis, au bout d'un moment que je ne saurais définir, je rouvre mes paupières et baisse mon attention pour croiser son regard hétérochrome.

Tes Yeux M'ont ChangéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant